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Auteur du projet : Laury Granier est metteur en scène et cinéaste : son dernier film La momie à mi-mots (35 mm), avec Carolyn Carlson (premier rôle), Jean Rouch, Philippe Léotard et Anne-Laure Meury, a obtenu le premier prix Andreï Tarkovski pour la création artistique et le langage cinématographique et est sorti en salles en France pendant 5 mois en 1999 et à l’étranger (cf dossier de presse ci-joint). Laury Granier est aussi docteur en Art et Sciences de l’art (cinéma-télévision-audiovisuel) de l’université de Paris I-Sorbonne où il enseigne la pratique du cinéma. Il est également peintre sous le nom de Laury Aime (différentes expositions en Europe).

 

Projet de film : Création d’un dialogue neuf entre les arts (peinture, musique, poésie, vidéo, danse, cinéma) à partir de " tableaux d’une exposition " autour d’un piano peint.

 

  1. Rôle fondamental du décor centré autour d’un piano peint.

 

  1. Présentation du décor

a) Au centre : un piano droit peint par Laury Aime enluminé à la façon des miniaturistes (travail de deux ans). Tout l’itinéraire gravite autour de ce piano central.

  1. 40 pianos droits (non peints) disposés autour du piano central.
  2. Une série de quarante tableaux dits " tableaux-partitions " (80x100 cm) peints par Laury
  3. Aime et destinés à être posés sur les lutrins des 40 pianos droits. Les tableaux sont appelés " partitions " parce qu’ils sont un travail pictural sur la musique (en particulier la notion de rythme).

  4. Sur plusieurs pupitres, un livre d’artiste (déjà imprimé et entièrement plastifié) à tirage

limité, Le piano à quatre mains, ouvrage comportant 45 photos couleurs (21x29,7 cm) du piano peint par Laury Aime et 24 poèmes de Michèle Finck (poète, professeur de littérature comparée à l’université de Strasbourg, spécialiste des rapports entre la poésie et les arts). Le livre est préfacé par Jean Rouch et Maria-Luisa Spaziani (édition Udnie-Lorimage, 2000). Il est traduit en plusieurs langues (anglais, allemand, italien…). Le livre est conçu lui aussi comme un parcours initiatique, image par image, grâce à une sorte d’avancée en travelling arrière : il ne découvre d’abord que les détails peints du piano (qui n’est identifiable que petit à petit) pour révéler finalement la vision totale de l’instrument. Vers la fin du parcours, le couvercle du piano s’ouvre, découvrant l’intérieur peint de l’instrument et l’un des " tableaux-partitions " posé sur le lutrin.

Sur les murs sont disposés des agrandissements des poèmes traduits en plusieurs langues et des photos, détails du livre d’artiste… D’autres photos, (diapositives 6x6 cm) de détails du piano peint sont projetés sur certains pans de murs.

e) Dans la salle, plusieurs ordinateurs grâce auxquels l’on peut activer et lire sur les écrans un cd rom. Il s’agit d’un cd rom qui présente le livre d’artiste de façon interactive : à la fois les poèmes et 476 photographies (le livre n’en a que 45). Si on le souhaite, tout en visualisant les textes et les photos, on peut entendre la voix de l’auteur récitant ses poèmes. On peut aussi cliquer sur les traductions de ces poèmes en italien, anglais et allemand. On peut également assister à une animation des 476 photographies en écoutant l’allegro maestoso du concerto pour piano n°21 K. 467 de Mozart interprété par Murray Perahia dirigeant the Chamber Orchestra of Europe.

f) Dans la salle, des postes de télévisions (une télé pour chaque tableau-partition) sur lesquelles défilent les films réalisés avec les compositeurs (voir ci-dessous).

 

2) Un décor qui constitue une exposition itinérante.

Ce décor constitue aussi la matière d’une exposition itinérante en Europe, aux Etats-Unis et peut-être ailleurs (au Japon par exemple).

D’ores et déjà en France, l’exposition aura lieu à Paris et à Strasbourg.

A l’étranger, l’exposition aura lieu en particulier à New York dans l’entrée principale de l’ONU (accord déjà pris avec l’Association Culturelle Francophone, l’ambassadeur de France à l’ONU et le Représentant Permanent de la Francophonie, lors de la projection de mon film La momie à mi-mots à l’ONU le 18 juin 2001). En Suisse à Genève (possibilité à l’ONU). A Rome, au Palais des Expositions, Via Nazionale (où a eu lieu la Première italienne de mon film La momie à mi-mots, présenté par M. Renato Nicolini).

 

Il va de soi que le décor se modifiera chaque fois en fonction des espaces et que le film jouera sur ces modifications. La mouvance du décor contribuera à la dynamique du film.

 

 

 

 

 

  1. Sujet du film : libres interprétations musicales des " tableaux-partitions " et inventions d’histoires chorégraphiques à partir du décor.

 

  1. Interprétation des " tableaux-partitions " par des musiciens (en association avec France musique)

Plusieurs des " tableaux-partitions " sont destinés à être interprétés par des musiciens (compositeurs-interprètes) L’interprétation prend la forme soit de l’improvisation soit de la composition (au choix des musiciens). Chaque interprétation sera filmée et/ou enregistrée sur bande audio. Il s’agit en quelque sorte de tableaux d’une exposition dans la lignée du titre de Moussorgski. C'est dans le cadre de l'émission "A l'improviste" d'Anne Montaron sur France Musique que les improvisations seront enregistrées à partir de septembre 2001, tout au long de l'année 2002. Radio France, en la personne de Pierre Bouteiller, directeur des programmes, est partenaire du projet. Il s’agit de dépasser le rapport analogique entre peinture et musique dans le souci d’une correspondance plus profonde et sous le signe d’une citation de Prokofiev: " La musique n’exprime jamais le phénomène, mais uniquement l’essence intime, l’en soi de tout phénomène, en un mot la volonté même. "

 

Ces films, sur les musiciens-compositeurs créant une œuvre à partir des " tableaux-partitions " posés devant eux, seront tournés en vidéo. Ce ne seront pas seulement des interprétations ou des improvisations au piano mais aussi avec d’autres instruments. Tous ces films, une fois réalisés, seront eux-mêmes des éléments du décor. Comme dit plus haut, (I.1. f.) on pourra voir ces films sur les télévisions disposées près des " tableaux-partitions ".

 

2) Libres inventions d’histoires par des chorégraphes à partir du décor et des musiques (en association avec différentes troupes).

Il y va d’une libre interprétation chorégraphique du décor et des musiques (inventions et improvisations d’histoires).

Les chorégraphes pourront également s’inspirer des poèmes.

Appel à une vingtaine de grands chorégraphes, plusieurs troupes : Carolyn Carlson (premier rôle de mon dernier film) mais aussi Decoufflé, Odile Duboc…

 

3) Interprétations et inventions par les spectateurs devenus eux-mêmes personnages

Les spectateurs sont invités eux aussi à devenir de véritables personnages du décor dans lequel ils évoluent.

 

Certains des pianos servant de support aux tableaux-partitions seront des " pianos à mémoire " (par exemple système Yamaha) : c’est à dire qu’ils pourront enregistrer les musiques jouées spontanément par les spectateurs. Ces pianos seront à la disposition du public qui pourra interpréter, s’il le souhaite, les tableaux ou les poèmes.

 

Surtout, seront mis à la disposition des personnages-spectateurs des casques à infra-rouge : ces casques permettront aux spectateurs d’écouter face à chaque tableau-partition, l’interprétation musicale composée pour ce tableau (et visible sur la télé).

Les casques à infra-rouge donneront aussi à entendre les poèmes.

 

4) Présence de personnages-récitants : acteurs récitant les poèmes et évoluant au milieu du décor.

Contribution, par exemple, de Michael Lonsdale (qui a lu mes textes lors d’une de mes mises en scène).

Certains poèmes feront l’objet de vidéopoèmes qui, dans le film, seront donnés à voir lorsqu’on entendra la voix des acteurs : ces vidéopoèmes introduiront des trouées dans le film, un peu à la manière de flash-back des acteurs-récitants.

 

  1. Piliers de la mise en scène du film

1) Rôle primordial de l’improvisation

Le film reposera d’abord sur la captation des différentes improvisations-inventions des musiciens, des chorégraphes, des spectateurs et des récitants dans les différents espaces qui accueilleront l’exposition itinérante.

 

  1. Travail à la fois en vidéo (les interprètes-musiciens, les vidéopoèmes) et en cinéma
  2. (les chorégraphies).

     

  3. Travail sur un rapport nouveau entre les arts (peinture, musique, poésie, vidéo,

danse) qui ne peut exister que par le cinéma. Kandinski avait déjà eu, à sa manière, l’idée de " tableaux d’une exposition " mais à l’époque il n’y avait pas encore l’élément fédérateur entre les arts qu’est l’alliance du cinéma et de la vidéo en couleur.

 

4) " Œuvre ouverte " 

La notion d’"œuvre ouverte " (au sens où la définit Eco) est fondamentale dans ce film : musiciens, chorégraphes, spectateurs, récitants sont invités à faire l’œuvre avec le cinéaste – œuvre en devenir . Le changement de décor de l’exposition (en fonction des espaces) participe de cette notion d’ "œuvre ouverte". La notion de surprise (introduite par la libre initiative de chacun) est déterminante et elle aussi constitutive du concept d’"œuvre ouverte ".

 

5) Rôle primordial du montage final.

Il y va in fine d’une composition, à partir des différents éléments et des différentes histoires chorégraphiées, d’un film dont l’architecture reposera sur le montage final.

Ce montage final se devra de choisir parmi les histoires chorégraphiées, les interprétations musicales, les initiatives des spectateurs et les évolutions des acteurs-récitants : de ne retenir parfois peut-être qu’une petite séquence de chaque intervention; de créer de toute pièce un sens global à partir des " micro-histoires " introduites par les différents partenaires, tout en préservant les notions d’" œuvre ouverte ", de dynamique mouvante, de surprise et de mystère consubstantielles à ce film.

L’accent de ce montage final sera sur la dimension narrative introduite par les chorégraphes et surtout sur la dimension rythmique et plastique, dans le but de créer de nouveaux ponts entre les arts. Le montage final sera ainsi conçu de manière quasi symphonique : il s’agit, à partir des différents éléments et thèmes visuels et sonores, de créer par le cinéma une symphonie plastique et rythmique inouïe.