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" La momie à mi-mots": Un essai cinématographique. 

Genèse d’un film.

 

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0.1. La momie à mi-mots, une expérience

Ce matin, j’avise autour de la fontaine Carpeaux, une grande quantité de camions. Je m’approche: ce sont des camions servant à un tournage. Je me renseigne: une publicité pour Citroën. Le réalisateur est américain. Il dispose d’une équipe nombreuse et de moyens importants: travelling, grues, vérification vidéo du tournage en cours.

Depuis la fin du tournage de La momie à mi-mots, c’est la deuxième fois que je vois que ce lieu, que j’ai choisi parmi les décors de mon film, sert aussi pour d’autres films. La fontaine Carpeaux, de toute évidence, inspire de nombreux réalisateurs. Comment ne pas se souvenir, bien sûr, du film Liberté, Egalité, Fraternité de Jean Rouch, dont une scène est également tournée dans la fontaine?

Aujourd’hui, le cinéma est à nouveau présent sur l’un des lieux de mon tournage. C’est un signe qui m’incite à commencer mon travail d’écriture: un approfondissement de ma réflexion sur la réalisation de La momie à mi-mots, film qui m’occupe depuis plusieurs années.

Ce film constitue une expérience, au sens étymologique du terme: "expérience" vient du latin "experiri" c’est à dire éprouver. La racine indo-européenne est "per", à laquelle se rattache l'idée de traversée et d'épreuves. Le radical est "periri", que l'on retrouve dans "periculum", péril, donc dans l’idée de danger. La notion d'expérience est donc liée à celle de péril, d'épreuve 3.

La momie à mi-mots, expérience de film, a pour sujet une expérience: une femme danse et subit l’épreuve du désespoir, le péril de l’agonie, la coupure de la mort, la traversée de l’au delà, avant de connaître l’épreuve de la résurrection. Se risquer à vivre avec la blessure, la déchirure intérieure née de la coupure, engendrée par la vie elle-même, est peut-être le message que l’héroïne du film tente d’exprimer à la fin. C’est l’une des idées de La momie à mi-mots, née de blessures personnelles. (Je ne résumerai pas ici le sujet du film. J’ai préféré placer ce résumé en annexes).

Je ne savais pas, en entreprenant la réalisation de La momie à mi-mots que cela constituerait un véritable risque (mot issu du latin "resecare" qui désigne une "coupure").

Je pense à Michel Leiris. Pour lui aussi, une oeuvre d’art n’a d’intérêt que si celui qui la crée se risque dans son oeuvre comme le torero qui affronte le taureau:

"Donc, je rêvais corne de taureau. Je me résignais mal à n’être qu’un littérateur. Le matador qui tire du danger couru occasion d’être plus brillant que jamais et montre toute la qualité de son style à l’instant qu’il est le plus menacé: voilà ce qui m’émerveillait, voilà ce que je voulais être"04(...)

Il s’agit d’introduire " ne fut-ce que l’ombre d’une corne de taureau dans une oeuvre littéraire " 

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03 cf: P. Lacoue-Labarthe, La poésie comme expérience, Bourgois, 1986, p. 30

04: Michel Leiris, "De la littérature considérée comme une tauromachie", préface de L’âge d’Homme, Folio-Gallimard, 1979, p. 12.

 

 



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Révision : 11 avril 2003