" La momie à mi-mots": Un essai cinématographique.
Genèse d’un film.
VI. 3. b. Le double mouvement - oscillations entre poétique du hasard et pratique de la rigueur
Il me semble que se dégagent, schématiquement, deux mouvements très différents, dans ma façon de concevoir ce film.
Le premier mouvement (le scénario, la préparation du tournage, le tournage et les premiers montages), quoique très réfléchi, m’a imposé de rester toujours ouvert aux hasards, et a été mené à l’intuition, parfois à l’improvisation: moments euphoriques d’exaltation où je veillais à garder une ouverture, la plus grande possible, au dehors, toujours prêt que j’étais à remettre en cause le scénario, et le story-board.
Au contraire, le second mouvement (le montage dans sa quatrième version) a pris chez moi, pour ce film en tout cas, la forme d’un travail extrêmement rigoureux, cherchant à dégager des lois presque mathématiques, refusant cette fois-ci toute forme d’improvisation: moments chirurgicaux, de mathématicien musicien, croisé avec un moine miniaturiste, à l’acuité visuelle extrême.
Dans le premier mouvement s’est exprimé celui qui, en moi, aime s’abandonner au hasard et à l’intuition. Dans le second mouvement, j’ai donné la voix à celui qui, en moi, entend dompter la loi du hasard, par la rigueur et la logique d’un nombre d’or à retrouver. Je disposais d’une montagne de plans, souvent tournés à la seule force de l’instinct, et de l’intuition, et il fallait creuser cette montagne, et ne pas hésiter à creuser longtemps, jusqu’à découvrir la source, au fond du puit.