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à
Monsieur Bruno Racine, Directeur du Centre Pompidou
Paris, lundi 8 juillet 2002
Cher Monsieur,
Permettez-moi de vous rappeler que nous nous étions vus à Rome, dans votre bureau de la Villa Médicis, à l’occasion de ma venue pour la " première " au Palais des Expositions, via Nazionale, de mon film La momie à mi-mots (avec Carolyn Carlson, premier rôle, Jean Rouch et Philippe Léotard,entre autres acteurs).
J’étais venu dans votre bureau sur une suggestion de mon ami Laurent Burin des Roziers (qui depuis a présenté mon film à l’ONU où j’ai été invité l’été dernier). J’étais venu aussi accompagné de ma collaboratrice Michèle Finck (ancienne élève de la rue d’Ulm, professeur de littérature comparée à l’université de Strasbourg, spécialiste de l’œuvre d’Yves Bonnefoy ) pour vous présenter la maquette d’un livre bibliophilique, Le piano à quatre mains, avec des poèmes de Michèle Finck. Le livre est préfacé par Jean Rouch et Maria-Luisa Spaziani. Nous souhaitions alors trouver un espace pour présenter à Rome ce livre une fois édité. Vous aviez aimé ce projet de livre et vous nous aviez proposé de le présenter à la Villa (où j’ai déjà été invité à montrer mon film en avant-première) quand il serait achevé.
Comme vous le savez sans doute par l’invitation du mois de juin au Marché de la Poésie que nous vous avons adressé à Rome, ce livre bibliophilique, à tirage limité, est désormais édité. Il s’accompagne d’un cd-rom quadrilingue et d’un cd audio, que j’ai réalisés et présentés en avant-première, à l’occasion de cette manifestation place Saint-Sulpice à Paris.
Je vous écris car je viens d’apprendre que vous avez pris la succession de Monsieur Aillagon au Centre Pompidou.
Eric Gross, son collaborateur, lui avait présenté ce livre terminé, peu avant sa nomination comme ministre, alors que je cherchais un espace à Paris pour exposer cet ouvrage d’artiste et que j’avais pensé à Beaubourg. J’étais venu en parler à Eric Gross qui, à la vue de l’ouvrage, a aussitôt voulu le montrer à Monsieur Aillagon avec le cd-rom.
Eric Gross et Monsieur Aillagon avaient manifesté beaucoup d’intérêt non seulement pour le livre mais aussi pour le projet d’exposition et de film autour du livre, que je leur ai présentés à cette occasion. Je vous envoie à votre tour ce projet d’exposition détaillé et de film (ci-joint). En deux mots, il s’agit d’une exposition autour du livre et de son contenu, le piano peint, accompagné de ce que j’appelle 40 " tableaux-partitions ". Cette exposition engage aussi la création musicale, chorégraphique et cinématographique. Je vous laisse découvrir les détails, que je suis prêt à venir vous exposer moi-même avec Michèle Finck.
Ce que je peux vous dire c’est qu’Eric Gross avait souhaité que ce projet d’art total soit réalisé au Centre Pompidou, plus précisément dans un espace souvent peu utilisé: la fosse au sous-sol du centre, l’espace entourant ce trou du rez-de-chaussée et la mezzanine donnant sur la rue longeant Beaubourg. Ce vaste espace lui semblait nécessaire, à la vue des 40 pianos à exposer.
Il m’avait conseillé de prendre contact avec M. Dominique Païni et (au besoin, pour un autre éventuel autre lieu d’exposition à l’intérieur du Centre) avec M. Alfred Pacquement du musée d’art moderne du Centre Pompidou.
M. Paini n’a pas trouvé le temps de se pencher sur mon projet dont il a pris connaissance. M. Pacquement m’a dit qu’a priori le programme d’exposition pour les années à venir ne permettait pas cette exposition dans l’espace dont il est responsable. Reste donc la possibilité initiale d’utiliser le sous-sol, le rez-de-chaussée et la mezzanine, conformément au souhait d’Eric Gross.
Je suis bien sûr heureux de cette idée ou de toute autre que vous pourriez avoir vous même.
Je souhaiterais très vivement vous rencontrer avec ma collaboratrice Michèle Finck, dont les poèmes dans le livre avaient retenu votre attention à Rome.
Nous pourrions alors réfléchir à la concrétisation de ce projet qui devrait déboucher, si vous le voulez bien, comme le précise la description ci-jointe, sur un film que nous tournerions progressivement autour de l’exposition et des différentes performances chorégraphiques qui auraient lieu au milieu de ces " tableaux d’une exposition ".
Comme vous le verrez, ce projet ambitieux, en chantier, nécessitera encore du temps à partir du moment où l’espace d’exposition sera fixé et il ne pourrait donc avoir lieu que dans deux ou trois ans, avec la collaboration technique et financière du Centre Pompidou. Il est cependant nécessaire que nous venions en parler le plus vite possible avec vous, si vous le voulez bien. Puis-je donc vous demander de m’accorder un nouveau rendez-vous ?
Je vous en suis reconnaissant d’avance et vous prie d’agréer, cher monsieur, l’expression de mes sentiments les plus respectueux.
Laury Granier.