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copie de la lettre à  monsieur Christian Cogné

le jeudi 30octobre 2003 20:45

J'ai pris connaissance aujourd'hui page 15 du journal Metro de l'article concernant "Human bomb"  J'ai demandé si possible que Monsieur Christian Cogné me rappelle dès que possible, car je suis heureux de l'initiative de cet auteur et que sa pièce se joue bientôt. 

Je lui écris pour lui demander s'il souhaite conserver et archiver cette pièce de théâtre et je lui propose, le cas échéant, de venir moi-même, filmer en vidéo cette pièce, avec l'autorisation des acteurs et des responsables du théâtre à qui il voudra bien la demander.

Je serais très heureux de pouvoir m'entretenir avec lui de son travail et de "Human Bomb" et je serai aussi heureux de lire cette pièce, si possible, car j'avais moi-même été scandalisé à l'époque par les méthodes employées par les pouvoirs publics pour régler le cas de cet homme visiblement très malheureux.

Il me semble que l'on a procédé d'une façon trop expéditive et que l'on a réglé l'affaire d'une façon inhumaine qui me semble déshonorante pour ceux qui étaient les responsables des décisions prises à ce moment-là.

Ce malfaiteur n'a pas eu la chance d'être soigné car il était évident pour toutes les personnes capables de réfléchir par elles-mêmes que son geste attestait d'un moment de folie passagère.

Il était visiblement coincé dans la réalité de son action, prisonnier de son propre geste (comme un enfant qui fait du chantage dans une chambre dont il ne peut sortir sous peine d'être battu et qui risque alors de commettre un acte de folie). D'ailleurs pour tenter rapidement une psychanalyse du geste de cet homme, s'était bien aux enfants qu'il s'en était pris, comme s'il nous disait d'une certaine manière qu'il ne lui était plus possible d'être un enfant sur cette terre et qu'il préférait en finir avec l'enfance et/ou l'innocence car il ne voulait plus y croire; c'est donc par déception qu'il en était arrivé là. 

En considération du fait qu'il n'appartenait à aucun mouvement terroriste international et qu'il agissait de sa propre initiative, il aurait dû être aussitôt considéré aussitôt comme un cas relevant de la maladie et avec toute l'intelligence du cœur et l'humanité et la compassion de rigueur on serait certainement parvenu peut-être à éviter le pire. Mais au lieu de cela ce fut la traque, l'encerclement que l'on a vu, comme ceux que l'on a par ailleurs pu découvrir dans l'admirable film de François Truffaut FARENHEIT 451 autour d'un accusé servant de bouc émissaire à toute une société cruelle.

Le geste de cet homme semblait lui-même celui d'une victime plus que celui d'un meurtrier potentiel et/ou bourreau d'enfants de surcroît (bien que je ne m'y connaisse pas j'ai acquis au fil des années un certain nombre de connaissances qui m'autorisent à dire cela ainsi que quelques notions de psychanalyse). 

Avait-il seulement déjà tué un homme dans sa vie, avait-il seulement tué l'un des enfants en présence? Ceux-ci lui souriaient peut-être en le désarmant ainsi? Nous n'en savions rien. Il ne s'agissait que de menaces. Si encore il avait mis ses menaces à exécution et commencé à tuer l'un des enfants cela aurait pu, à la rigueur, justifié qu'on l'abatte comme un enragé, mais il n'avait pas encore pu commencer; il s'agissait donc seulement des menaces d'un être désespéré par la vie et qui souffrait d'un mal que l'on a cherché à ignorer), même si son geste et ses paroles pouvait faire craindre le pire et que ce n'était bien sûr pas la façon la plus intelligente d'attirer l'attention sur son cas, il fallait trouver une solution pour un dénouement satisfaisant. 

La peine de mort est jusqu'à preuve du contraire encore interdite dans ce pays et les pouvoirs publics qui ne l'ignorent pas ont contrevenu ici à la loi elle-même, sans même offrir un procès et juger cette personne qui le méritait et même si la légitime défense peut être en partie invoquée par les pouvoirs publics, il semble ici de toute évidence que l'on en a abusé ici grandement.

Je ne connais pas, pour ma part, tous les détails de l'histoire, j'ai suivi l'affaire de loin, mais a-t-on seulement essayé de comprendre le geste de cet homme, lui a-t-on donné une ou plusieurs chances de salut ? Lui a-t-on permis de s'exprimer qui sait à la télévision même en échange de plus de calme et pour que le monde comprenne pourquoi il en était arrivé à cette terrible et triste extrémité ?

Ou s'est-on seulement contenté de s'abriter derrière une loi (celle de la légitime défense, qui dans ce cas est je le répète une fois encore en contradiction avec la peine de mort et qui est heureusement abolie dans ce pays!) sans avoir penser et sans s'être souvenu qu'appliquer une loi implique une interprétation de celle-ci en fonction de la situation qui est particulière? Pourquoi ne l'a-t-on pas endormi tout simplement comme une bête sauvage traquée qu'il faut transporter ailleurs (en l'occurrence dans un asile psychiatrique).

Avec les moyens dont on dispose aujourd'hui, on pouvait au moins tenter de lui envoyer un sérum qui l'aurait aussitôt endormi!

Mais peut-être a-t-on volontairement empêché de parler à cet homme, un peu comme ce forcené il ya quelques temps, par exaspération de n'avoir pas été compris, ni soutenu dans ces démarches dans l'administration est allé jusqu'à commettre le pire: tuer à Nanterre des personnalités de sang-froid!

Il y a donc à ces gestes qui paraissent de toute évidence comme désespérés des raisons que nous avons le devoir de comprendre collectivement avant d'éliminer un homme*. Les pouvoirs publics avaient le devoir de prendre en considération toutes les facettes du problème en présence. Ils devaient réfléchir avec la maturité qui s'impose en pareil cas à trouver une solution favorable à la vie sauve pour tous les acteurs impliqués dans le drame. 

Ils sont censé être plus intelligent, les pouvoirs publics, que le malfaiteur incriminé et qui lui est souvent seul avec sa bêtise et donc ils doivent être en mesure de trouver une solution des meilleures. Ils sont d'ailleurs payé pour cela et sont très nombreux pour réfléchir au problème en se concertant pour protéger la vie de tous y compris celle du malfaiteur visiblement malade. Cela voudrait peut-être dire tout simplement que beaucoup de personnes qui ont le pouvoir de décision ne sont pas assez à l'écoute ou peut-être ne sont pas à la hauteur de leur mission, qui sait même apparaissent comme des imposteurs. 

C'est peut-être à cause de cela certains êtres trop sensibles à l'idée de la Justice même en viennent à commettre eux-mêmes malgré eux des actes injustes car ils ont eu la sensation que la société les a trompés et qu'en face d'eux ce ne sont pas des êtres qui cherchent une plus grande vérité ou une plus grande justice (comme eux-mêmes qui ont encore gradé le sens du vrai) mais des êtres inhumains, dépourvu de cœur qui font seulement semblant de les écouter pour pouvoir justifier leurs salaires (qu'ils volent ainsi d'une certaine façon à la collectivité) alors que ceux-ci sont payés pour apporter de vraies solutions à chacun des problèmes posés par les citoyens au service desquels ils sont censé être.

Peut-être aussi que le geste désespéré de cet homme a finalement servi les pouvoirs publics de l'époque qui ont pu ainsi s'enorgueillir de leur efficacité et dire à tout venant qu'ils avaient agi en conséquence et de façon responsable car ils étaient sûr de pouvoir s'abriter derrière la légitimité que des textes de loi en vigueur peuvent donner en pareil cas - affaire qui sera ainsi réglée et classée facilement par mort d'un homme à la morgue ! (mais que la situation n'imposait pas forcément d'agir en traquant le "loup" dans la bergerie de cette façon, sans lui donner une chance de se "déloupiser" un jour ) ou qui, sait pire encore, et j'exagère ici volontairement au risque d'être scandaleux à mon tour, s'agissait-il d'une misérable mise en scène pour légitimer un surcroît de sécurité dans ce pays à des fins électorales et pour permettre ainsi au ministre de l'intérieur de demander plus de crédit au Parlement pour embaucher, à une plus grande échelle des gendarmes pour assurer la sécurité du pays et ainsi diminuer un peu les chiffres du chômage ? Donc à des fins électorales et pour donner enfin la possibilité d'utiliser la force à des gens qui sont formés et payé pour cela. Car pour me permettre de dire cela, je m'interroge en me demandant ici à qui a profité le crime? Ils sont peut-être dans le coup, car cela a finalement profité au pouvoir qui a décidé d'agir de la sorte avec éclat, en se faisant apparaître comme le sauveur de la situation et de ces enfants qui risquaient le pire! Bien que cette vision soit cynique et qu'il ne faille pas y souscrire, elle reste une éventualité.

Et dans ce cas extrême auquel je ne veux heureusement ne pas croire tant cela serait monstrueux, abject et cynique d'avoir ainsi trompé l'opinion publique, le preneur d'otage ne serait pas mort du tout, il aurait été simplement le complice d'un pouvoir qui pouvait se permettre une mise en scène de la sorte. Il s'agirait simplement d'un acteur, à la solde d'un pouvoir menteur qui aurait cherché ainsi à manipuler l'opinion publique à des fins minables et électorales en n'hésitant pas, pour cela, à traumatiser des enfants! Si cela devait s'avère un jour le cas, ce serait déshonorant pour la France entière, pour la politique, pour l'humanité et pour notre civilisation tout entière. Mais bien sûr j'exagère ici et c'est sûrement par déformation professionnelle de scénariste.

Mais pour revenir aux faits, je pense et j'insiste de mon côté pour dire que les pouvoirs publics auraient dû faire preuve ici de véritable compétence, de cœur et d'intelligence (car ils sont censés avoir fait des études et avoir réfléchi à des problèmes humains de ce genre avant de prendre des décisions intempestives qui les déshonorent aux yeux des siècles à venir) pour traiter cette affaire qui relevait de toute évidence de la diplomatie médicale ou de la psychiatrie, évidemment de mise ici.

On n'a heureusement pas le droit de tuer un fou dans ce pays, car on sait depuis longtemps qu'un homme devenu fou est sans doute devenu fou en partie à cause de la société elle-même qui peut-être considérée comme responsable de sa folie passagère.

Il doit donc être soigné par cette société qui assumera ainsi sa responsabilité et qui fera comprendre à cet homme les raisons de sa folie passagère, car la plupart des hommes peuvent-être remis dans le droit chemin, car s'ils l'ont quitté, c'est souvent à cause de malentendus, d'incompréhensions ou de manque d'amour de la part de l'ensemble.

Peut-être aussi que malgré tout beaucoup de personnes doivent des choses à cet homme, ne serait-ce que dans son enfance où il s'est levé pour aller à l'école (comme chacun de nous), ne serait-ce que parce qu'il a permis de faire vivre la boulangère du coin, ne serait-ce que parce qu'il a acheté un vélo ou une voiture par le fruit de son travail.

Tout homme que l'on abat de cette manière est un peu d'un nous-même en moins que l'on aurait pu guérir.

Vous pouvez utiliser ce texte si vous le souhaitez. Salutations distinguées.

Laury Granier

* Celui-ci aurait donc pu servir au moins médicalement pour que l'on parvienne à comprendre ce genre de situation et qui sait trouver des méthodes pour arrêter un forcené en pareil cas. Comprendre est bien l'une des raisons d'être des hommes et d'une société qui se respecte. Comprendre les raisons qui risquaient de le pousser ainsi à se venger de la sorte sur des enfants. Cela me semble digne d'intérêt pour notre société tout entière. Et j'irai même plus loin au risque de choquer encore une fois et en me faisant un peu l'avocat du diable cet homme est d'une certaine façon l'auteur d'un drame dont il avait le droit de recevoir certaines royalties, car il avait été très largement amplifié par les médias. Il a réussi à attirer sur lui et sur son acte désespéré la plupart des caméras des télévisions du monde. 

Donc, une sorte de nœud momentané sur la planète, qu'au lieu de dénouer doucement et gentiment on a préféré trancher. Et nous devons ici reconnaître que nous lui devons tous d'une certaine manière des droits d'auteurs puisque son acte, bien sûr abominable et répréhensible a fait couler autant d'encre y compris à vous-même l'auteur de la pièce, et à moi même qui vous écrit. Je plaisante ici un peu, car, bien sûr, cela nous le faisons gratuitement et sans chercher à faire de l'argent et si nous en tirons un jour quelques euros, j'espère que nous les consacrerons en partie pour faire mettre des fleurs sur la tombe de cet homme qui peut-être considéré, hélas, et d'une certaine manière comme un nouveau martyr de la société des hommes qui jugent trop vite, sans se concerter assez et prennent des décisions inhumaines! 

Et si la société, en pareil cas, refuse (ce qui me paraît juste) ou n'accorde pas le droit de recevoir ou de réclamer de tels droits (d'auteur) à des hommes ayant ainsi gaspillé leur talents dans des mauvaises actions, du moins devrait-elle reconnaître le droit qu'ils ont à vivre et à être soigné comme des individus momentanément malade et/ou possédés afin qu'une fois guéris eux-mêmes, ils cherchent à empêcher d'autres hommes de d'abandonner à commettre des actions qu'ils regretteront sûrement un jour, dans un état plus normal.


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Révision : 30 octobre 2003