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Laury Granier, (cinéaste, premier prix Andreï Tarkovski pour la création artistique et le langage cinématographique pour le film "la momie à mi-mots" qu'il a produit et réalisé avec comme premier rôle Carolyn Carlson et entre autres Philippe Léotard, Jean Rouch, tourné en partie au jardin du Luxembourg et sorti en salle en France et à l'étranger, présenté notamment à l'O. N. U. (Organisation des Nations Unies), peintre (de nombreuses expositions - dont une à l'Orangerie du Palais du Luxembourg), docteur en arts et sciences de l'art (cinéma-télévision-audiovisuel) à l'Université de Paris I-Sorbonne où il a enseigné).

à

Monsieur Christian Poncelet, Président du Sénat

Paris le 14 juillet 2003

Monsieur le Président,

J'ai l'honneur de vous écrire car me sont venues, en me promenant dans le jardin du Luxembourg, quelques idées pour mettre au goût du jour ce très beau jardin public qui offre toute l'année la possibilité de jouer au tennis.

Permettez-moi de vous suggérer de réfléchir à la possibilité d'utiliser certains espaces aujourd'hui inutilisés (notamment la grande pelouse de l'espace central entre le petit obélisque et la statue en pierre de Diane chasseresse et la grande pelouse centrale, menant à la grille de sortie principale tout au bout des allées, qui est à peu près toujours fermée puisqu'on oblige à sortir latéralement de part et d'autre de cette grande grille).

Ces diverses pelouses centrales dans le prolongement du large bassin du jardin du Luxembourg ne servent qu'aux mouettes comme terrain d'atterrissage (et encore qu'à certaines heures). Elles pourraient être utilisées, si vous y consentez, pour offrir aux visiteurs et aux touristes qui le souhaiteraient, un ou plusieurs grands bassins de piscines découvertes (ou couvertes s'y on choisissait la solution de les enfouir profondément dans le sous-sol de ces pelouses pour gagner de la place ou pour éviter de défigurer la perspective qui mène à l'Observatoire) qui offriraient en permanence durant l'été (ou toute l'année dans le second cas) la possibilité de se baigner.

Il me semble alors que les allées latérales autour des bassins devraient être réduites à une plus petite dimension pour permettre à la fois aux baigneurs de s'allonger autour de la piscine et à la circulation pédestre habituelles des visiteurs de se dérouler sans entrave.

Une grande partie de ces allées aujourd'hui est inutilisée (plus de chevaux- plus de carrosses) et pourrait donc servir de pelouses qui, amputées en leur centre par l'espace de la piscine, pourraient gagner ainsi latéralement et être utilisées par les baigneurs comme elles le sont à notre époque, certaines chaudes après-midi de part et d'autre des allées d'arbres, dans la partie du fond, au Sud, vers les sorties menant aux allées de l'Observatoire, par certains couples ou certaines familles. On pourrait s'y reposer ou s'y sécher à loisir après les efforts de la natation.

Ces bassins, une fois comblés durant l'hiver, pourraient accueillir des patinoires à glace ou servir aux enfants pour faire du skate board ou pour faire un terrain de vélo acrobatique ou autres activités auxquelles nous pourrions réfléchir collectivement -

Ces espaces pourraient même être utilisés, si on le souhaite, pour y faire des expositions ou des projections de films au grand air comme vous avez eu la bonne idée de le permettre avec le film "Enfance d'un chef". S'ils sont enfouis profondément dans le sol, ces espaces peuvent devenir polyvalents comme vous avez su si bien tirer avantage de l'Orangerie à de nombreuses reprises (où j'ai eu l'honneur d'exposer mon travail -sous le nom de Laury Aime) et où j'ai pu découvrir récemment l'exposition de certaines tapisseries ravissantes de Don Robert (je profite de l'occasion pour vous en remercier).

Il faudrait aussi, il me semble, offrir le projet à la réflexion d'architectes compétents et intelligents (pour éviter de défigurer le jardin, il serait bon de lancer un concours d'idées et de projets, aux résultats desquels j'espère vous voudrez associer mon jugement, puisque je suis un peu à l'initiative de l'idée et que mes compétences peuvent peut-être vous être de quelques utilités (je suis, entre autre, docteur en art et science de l'art de l'université de la Sorbonne). Ces architectes ou ces urbanistes sollicités pourraient concevoir et proposer des espaces polyvalents dans ces trous centraux qui devraient offrir en tout cas, durant les mois d'été, la possibilité de se baigner au jardin du Luxembourg et de permettre de profiter pleinement de l'été - offrant ainsi aussi au plus démunis - qui ne peuvent pas quitter la capitale ou à ceux qui restent coincés pour travailler à Paris - un lieu de détente à ciel ouvert où ils auraient, je l'espère, plaisir à se rendre. (Ces trous pourraient être couverts l'hiver et serviraient de piscines couvertes ou de tennis couverts, si nous choisissions finalement la solution de piscines enfouies profondément, ce qu'il ne faut pas exclure d'emblée).

Qu'en pensez-vous?

Le jardin du Luxembourg ne correspond peut-être plus vraiment à notre époque à nos besoins - il faut donc lui redonner de l'attractivité et qu'il redevienne ce centre de rencontre, ce forum qu'il était, en offrant aux Parisiens un centre vraiment original de baignade à ciel ouvert (ce qui n'existe pratiquement pas dans la capitale).

Tout en conservant notre héritage, nous avons le devoir de proposer dans cet espace public un lieu de détente qui nous offre pleinement satisfaction et qui corresponde à certaines exigences de notre société. Tel quel, ce jardin avec ces grandes allées (peu empruntées sauf les allées latérales utilisées par les coureurs) est le vestige de l'époque des carrosses et des chevaux qui avaient besoin d'espace et qui les empruntaient pour se rendre jusque aux portes du palais du Sénat. Or il n'y a plus de chevaux au jardin (sauf quelques ânes pour les enfants du côté Guynemer).

Une grande partie de ces allées est maintenant peu fréquentée et la plupart du temps inutile dans ses dimensions actuelles. Elles pourraient être réduites à des proportions plus convenables et correspondre un peu plus à l'utilisation que nous en faisons à notre époque.

Nous pourrions utiliser ces allées comme des chemins permettant aux visiteurs, comme aux nageurs, de se répartir harmonieusement dans l'espace autour des différents bassins construits dans le prolongement du bassin central occupé, comme vous le savez, par les carpes, les canards et les petits bateaux (prémices peut-être de cette idée de fraîcheur et de ce besoin d'eau dont j'ai ressenti le besoin et le manque en mesurant la chance qu'avaient les canards barbotant avec leurs petits dans ce vieux bassin). C'est en les voyant ainsi si heureux que j'ai eu l'idée de vous proposer de lancer la construction de nouveaux bassins dans le prolongement de l'ancien, servant de piscines aux hommes.

Autour de ces bassins les espaces seraient à aménager pour accueillir les nageurs pour se sécher ou se dorer au soleil après avoir nagé.

Permettez-moi d'ajouter que je crois sincèrement que Marie de Médicis, ou Napoléon III auraient accepté de bon cœur de faire de tels aménagements dans ce jardin. Hélas, vous savez comme moi que les piscines sont des inventions récentes car du temps de la Reine ou de l'Empereur on ne se baignait pratiquement pas et on construisait des bassins à la fois pour les poissons, à la fois pour le miroir qu'ils offrent et cette fraîcheur tant recherchée l'été.

On pourrait aussi utiliser les côtés (en haut des escaliers latéraux autour des Reines et tout le long qui mène aux sorties aujourd'hui utilisées au bout des allées pour y mettre des cabines et des infrastructures liées à la baignade: douches, etc... Ce ne serait pas difficile puisque l'eau y arrive déjà, il y a de part et d'autre des petites fontaines pour se désaltérer ainsi qu'une maisonnette servant pour des toilettes.

Merci d'y réfléchir en tout cas et de me dire ce que vous en pensez.

Salutations respectueuses.

 


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Révision : 01 août 2003