Accueil de "Diverses lettres envoyées"
à
Monsieur le Ministre de l'éducation Jack Lang
aux bons soins de Monsieur Christophe Lerouge
le 25 décembre 2001
Monsieur le Minsistre,
Je vous remercie de votre réponse par l'intermédiare de Monsieur Christophe Lerouge. En vous transmettant mes vœux pour cette nouvelle année, je joins ici ma réponse.
Les moyens de diffusion pour les cours enregistrés en vidéo sont multiples: TV, internet, DVD, cassette vhs ou autre... C'est à titre d'indication et dans l'état actuel de mes réflexions techniques que j'ai parlé de DVD car il a l'avantage d'être un moyen contemporain de très bonne qualité et il permet la traduction multi langue des cours au sein de la VES. Mais bien sûr il ne constitue pas le seul moyen de diffusion et je suis ouvert à toutes suggestions de votre part. J'envisage aussi que chaque unité de production vidéo de cours au sein de l'université puisse être autonome et diffuser les cours également par Internet, comme le fait Canal U dont vous me parlez. J'en avais parlé, au moment de ma réflexion sur le sujet, avec le directeur de Canal U. Il m'avait incité à découvrir Canal U sur internet. Je suis allé voir: il s'agit de quelques cours choisis, très particulier, qui ont fait l'objet d'une production et d'une prise de vue particulière. Il s'agit d'un choix très intéressant certes mais effectué on ne sait exactement sur quel critères ( il me semble basé sur une certaine notoriété éditoriale du professeur filmé). Ce choix gagnerait à être élargi: c'est dans le sens d'un tel élargissement que j'aimerai travailler.
Mon projet n'est pas du tout antagoniste mais complémentaire de Canal U. Le FEVES permet une production plus large baseé sur le consentement des professeurs et moins sur la notoriété de certains professeurs à l'échelle nationale et Européenne.
Accéder à ce niveau d'enseignement doit être un trésor de connaissance partageable par tous. La société doit être en mesure d'archiver le savoir de tous ces hommes et ces femmes qui ont mérité par diplômes de transmettre des connaissances acquises par leur travail. Il a fallu dans tous les cas des recherches importantes et nous nous devons de donner à tous le droit de faire partager ces connaissances. Le Feves voudrait enregistrer tous les cours sans distinction (sur la base de l'accord des professeurs qui acceptent le principe contre une rémunération symbolique). Avoir été nommé professeur d'université leur donne le droit d'être enregistré pour le bien de tous.
Dans une autre optique et dans d'autres termes mon projet pourrait ressembler à l'introduction à titre expérimental d'une webcam dans chaque amphithéâtre ou chaque salle de cours d'enseignement supérieur. L'objectif filmerait les cours qui s'enchaînent les uns à la suite des autres et on les diffuserait en direct sur internet.
Cela est une variante de mon projet de FEVES ou une variante de celui de Canal U mais ne comporte que l'intérêt de permettre à des étudiants de suivre en direct de chez eux les cours.
Le Feves permet d'enregistrer, à moindre coût, une très grande partie du savoir de notre époque. Elle produit et constitue la banque des programmes et d'archives à partir desquels une organisation comme Canal U peut puiser (en choisissant de diffuser tel cours plutôt que tel autre)mais aussi France 5 ou tout autre organisme ou particulier réalisant un document audiovisuel lié à un savoir.
Comme je le disais à Hervé Lièvre, directeur du SFRS et de Canal U, je n'entends bien sûr pas que le FEVES se substitue à Canal U mais qu'il soit le centre de production et le véritable grenier à blé du savoir de notre époque.
Pour ce qui est des droits d'auteurs, un intéressement financier symbolique des professeurs filmés en vidéo est à prendre en compte. Je dois réfléchir au juste montant que nous pourrions leur proposer.
Vous me dites que la création dans chaque département universitaire de postes de techniciens vidéo n'est pas envisageable. Permettez-moi de vous en demander les raisons. Je crois, quant à moi, que cela donnerai du travail à de nombreux jeunes sortant des cursus audiovisuels (comme, par exemple, celui où j'ai enseigné à la Sorbonne dernièrement). D'autre part cela permettrai une autonomie de chaque département des universités en matière de production audiovisuelle. Le coût est très inférieur à ce que cela pourrait rapporter dans l'avenir (sans parler de ce que cela permet d'un point de vue culturel et éducatif). Et même si cela devait coûter de l'argent (une ligne de plus sur un budget de ministère de l'éducation de chacun des états de l'Europe), il s'agit de permettre à des milliers voir des millions, (si ce n'est sur des siècles à des milliards de personnes!) d'assister directement à la source même d'un savoir dispensé à notre époque dans l'une de nos salles d'enseignement supérieur dans une quelconque des matières enseignées. Permettez-moi aussi de vous dire que, sur l'éternité (si je peux m'exprimer ainsi), cela ne coûtera pas grand-chose, si ce n'est le plaisir d'offrir à tous et de partager ce que pour l'instant un nombre limité de personne ont le privilège de comprendre et d'étudier. Mon projet a pour objectif la démocratisation du savoir auquel seuls quelques étudiants accèdent aujourd'hui.
Comme nous nous le disions, nous aurions aimé assister aux cours de Michelet, de Cicéron, d'Aristote ou même plus récemment de Borgè. Ils seraient profitables à tous aujourd'hui et nous serions très heureux de nous y référer directement par la télévision.
Combien de professeurs formidables (et c'est difficile d'accéder à cette fonction aujourd'hui)sont ignorés de tous?! Pour un Barthes ou un Sartre cela aurait valu la peine d'avoir enregistré tous les cours de tous les professeurs de leur époques. Et nous n'avons pas leur cours! Heureusement nous avons leur œuvre écrite. Mais combien plus est vivant la présence télévisuelle qu'un texte écrit qui demande que l'on sache lire pour comprendre ce qui n'est malheureusement pas à la portée de tous. Hors un enfant comprend quand on lui parle de vive voix. Un enfant comprend lorsqu'il regarde la télévision et sans même savoir lire "l'ignorant" peut être rendu savant par l'audiovisuel.
Qui sait combien de professeurs sont aujourd'hui de ce niveau là et ignorés de tous. Le FEVES propose d'enregistrer l'essence même de nos savoirs! Cela mérite plus d'une ligne au budget du ministère de l'éducation nationale, je crois. Et je le crois d'autant plus que, comme vous savez, je sais de quoi je parle (je suis docteur en arts et sciences de l'art (cinéma- télévision - audiovisuel)de la Sorbonne) et j'ai fondé et organisé le premier festival d'Eurovisioni à la Villa Médicis à Rome: (Quelle télévision culturelle dans l'avenir?). Une caméra vidéo qui enregistre un événement (quel qu'il soit) permet, si on le souhaite, à tous et cela sans distinction de race, ni de nationalité et dans toutes les époques à venir et dans tous les lieux d'assister à l'événement. Dès qu'une caméra tourne c'est l'ensemble du monde et de tous les hommes à venir qui assistent à l'événement et cela pour les siècles des siècles.
Vous me voyez obligé d'essayer d'insister. Je voudrais aussi vous faire comprendre que ce serait une erreur de vous limiter à ce que vous avez entrepris à travers Canal U sans aller plus loin dans le sens du FEVES et du VES.
Pour ce qui est de convaincre les différentes instances universitaires d'accepter mon projet, je vous demande de me faire confiance. Vous pouvez découvrir mon CV sur le site de www.lorimage.com . J'ai modestement une certaine habitude professionnelle des relations publiques et des projets menés à bien. En ce qui concerne celui-ci, je m'étais entretenu avec l'ancien vice-président des présidents d'université M. Legrand avant d'en faire part par vos soins à Jack Lang et il m'avait dit combien mon projet lui semblait important et souhaitable d'être réalisé. Il m'avait dit que son association, en relation avec toutes les présidences des universités européennes me faciliterait la tâche pour que je puisse convaincre les présidents d'universités également à l'étranger et les enseignants d'accepter d'être vidéographier pendant leur cours.
Permettez-moi de vous dire qu'il est important que le ministère de l'éducation comprenne qu'il ne pas confondre l'expérience de Canal U (très ciblée et très particulière)avec ce projet complémentaire qui donnera, à Canal U, à la chaîne du savoir (France 5) et à tous les diffuseurs multimédia présents et à venir, un vaste choix en matière de sources de savoir et de connaissance.
Bien sûr, comme vous le suggérez, un partenariat serait souhaitable dès que possible entre le FEVES et Canal U.
Permettez-moi aussi de vous rappeler que j'en ai parlé à M. Coste à la direction de la technologie du ministère de la Recherche qui m'avait alors semblé très enthousiaste et tout disposé à concourir et à soutenir financièrement la création du FEVES.
Il va de soi qu'une fois que votre ministère aura souhaité me confier la réalisation de ce travail, en m'embauchant pour ce faire comme responsable de la création du FEVES (et de la VES), et en me donnant les moyens (bureaux, budget et équipe) j'aurais à cœur de faire en sorte de réaliser mon projet à l'échelle française et européenne. Bien sûr il faut au préalable la confiance de Jack Lang à mon égard et le début d'un financement, pour que je puisse mettre en œuvre ce projet d'actualité en commençant par exemple à la Sorbonne. Je suis bien sûr tout disposé à rencontrer Jack Lang, si vous le jugez utile. Et je suis à l'écoute de tous vos conseils et suggestions.
En vous renouvelant mes vœux, veuillez agréer, Monsieur l'expression de mes sentiments distingués.
Laury Granier