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Accueil de "Diverses lettres envoyées"

à

Jean-Pierre Fougea

Paris le 1 juin 1998 ,

Monsieur,

Suite à notre conversation téléphonique, je vous envoie, comme promis, un exemplaire de ma thèse de doctorat en arts et sciences de l’arts (cinéma-télévision-audiovisuel) qui engage le plus profondément ma réflexion sur l’image. Je l’ai soutenue à Paris I-Sorbonne sous la direction de Claude Beylie et la présidence de Jean Rouch. Ma thèse, à dominante filmée, est constituée de deux volets : une partie pratique (la production et la réalisation d’un film de fiction La momie à mi-mots, et une partie théorique intitulée Un essai cinématographique. Genèse d’un film (qui constitue en 640 pages - dont 200 pages d’annexes- , à partir de mon expérience personnelle, une réflexion sur toutes les étapes de l’élaboration d’un film). L’accent a porté tout particulièrement sur l’intensification du cinéma par la danse, sur les différentes poétiques du montage et du rythme (sur le lien entre temps réel et temps écranique) sur une identification possible du cinéma et de la momification (le cinéma n’est-il pas la forme moderne de la momification et de la résurrection ?).

Cette partie théorique est à la fois une réflexion sur l’essence du cinéma et une forme de manuel pour l’élaboration d’un film.

Si vous deviez la publier, Jean Rouch m’a promis une préface.

J’ai aussi joint, comme promis, la copie du film La momie à mi-mots qui est le point de départ des réflexions développées dans ma thèse.

En effet, comme vous pourrez le constater dans la thèse et dans mon C. V. , ci-joint, mon parcours technique et artistique a convergé vers la réalisation de mon film majeur La momie à mi-mots . Il s’agit d’un film de fiction pour le cinéma, un conte initiatique musical et dansé que j’ai écrit, produit, mis en scène et dirigé avec Carolyn Carlson dans le premier rôle, Jean Rouch et Philippe Léotard entre autres.

C’est un travail difficile qui cherche à allier les différentes formes d’art (à partir du schéma central du scénario agonie-mort-momification-résurrection). Sont exploré ici les tentions et les contradictions entre le cinéma et les autres arts. J’ai tout particulièrement travaillé le montage et la notion de rythme qui dans ce film fouette, devance, conteste l’image.

Bertrand Tavernier a aimé (je cite) " un certain nombre de trouvailles plastiques, une manière d’explorer le rythme des images, de le casser, de le distendre " et dans une lettre Jean-Paul Rappeneau met en relief (je cite) "ce que Pasolini appelait un cinéma de poésie, qu’il opposait au cinéma de prose ".

Jean Rouch qui a bien voulu me comparer à Merlin l’Enchanteur, a mis l’accent dans le rapport de soutenance de ma thèse (ci-joint) sur l’invention du montage avec effet de saute et il a présenté La momie à mi-mots en avant-première à la Cinémathèque française en le faisant précéder, pour souligner la triple filiation,  d’un film de Méliès, du Jeune homme et la mort de Cocteau et d’un de ses propres films ethnographiques funéraille du Vieil Ogon pour mettre l’accent sur le merveilleux, la poésie dans son rapport à la danse, et l’invention d’un rituel dans mon film.

La momie à mi-mots a d’ailleurs obtenu le premier prix Andreï Tarkovski pour la création artistique et le langage cinématographique et a été sélectionné dans de nombreux festivals nationaux et internationaux (voir détail dans C.V. ou dossier de Presse ci-joint) parmi lesquels le festival du cinéma nuovo de Pesaro, Eurovisioni à la Villa Médicis, le festival d’Istanboul, de Split, de Manchester, les festivals du film d’art de l’Unesco à Paris et à Montréal. Il a été aussi projeté aussi dans les Universités, à l’ENS, dans quelques cinémas à Paris et en province, ainsi qu’à l’Institut Français de Londres, à Bern, au Musée d’Art Moderne (où, peintre, j’ai également fait une installation de 18 de mes toiles). La momie à mi-mots sortira en salle, à Strasbourg, à l’automne.

Si vous le souhaitez La momie à mi-mots pourrait, sous la forme d’une cassette vidéo, accompagner la publication de ma thèse par vos soins.

En vous remerciant de votre attention, veuillez agréer, monsieur, l’expression de mes sentiments distingués.

Laury Granier


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Révision : 01 août 2003