ACCUEIL DU SITE

Accueil de "Diverses lettres envoyées"


à
Hédi Kaddour

Paris 1995


Cher Hédi,



Voici ci-dessous un vieux poème (j’y ai consacrée autrefois plus d’un mois de travail) que je viens juste de retrouver et que j’ai retravaillé un petit peu. 

Il me semble qu’il tient encore bien le coup après des années et qu’il est enfin publiable.

C’est un poème qui a précédé ma réflexion sur le film La momie à mi-mots (avec Carolyn Carlson, Philippe Léotard et Jean Rouch entre autres) que je termine actuellement, après six années de beau labeur.

Je serai heureux qu’il te plaise.

Peut-être auras-tu envie de m’aider à le proposer à l’une ou l’autre des revues de poésie que tu connais et auxquelles tu participes. Je t’en remercie chaleureusement.
Appelle-moi, s’il te plaît.

Mon meilleur souvenir et saluts à ta femme et à tes filles.

Bien amicalement, 

Laury Granier.

ASIA


La tête de la sirène est seiche 
dans son berceau. Le sein porte hâte et salut
émeraude. Père où est-ce? Le geai erre.
Les heures perdues s’écoulent jaune origan.

Mais l’Est rend d’or. Quand je suis l’envol de mon île,
une fois nu, j’ai arrosé, plus sûr, les mânes
d’amiante. Des essais d’ailes aérèrent
les scènes hachées et volées. Râle: l’afflux 

des ans nuit. Les oeufs cèdent. Les as...
Santé! L’eau tombée fit la prière de l’os.
Astronome, oint de Rome, rame, marin.
La noise amère est mise au port. Nos hymnes

mentent aux feux des oeufs trop loin, et se nomment
vêtements de corde dans l’hiver romarin
du nord coke, porte voix en or de conque.
L’évènement concorde: la femme a cassé

la haine, mené hors l’hache, cédé l’aine à l’aimé.
Elle le veut décor, blanc, opalescent accord,
désamorcé corps mort. Bleu. Les noeuds de laine
orange le meuvent. Le dosage entre dans

le moteur aveugle, sous le sol du nuage.
L’eau verte choisit le sang du moucheron.
La mine tarée s’allume en lents râles.
Les tarots rotent: on annonce l’île neuve

au veau-taureau en rut, là. La grande mer,
nonne désordonnée, salue l’oiseau vulve.
Ventre chaud, le chat-ours boit l’ambre jaune
lune. Obscure, la route bordeaux dort dans la nuit.

Sur la lampe, pépite la pierre d’or
de l’ange pharaon. Le lac gela l’étui. 
Il cache l’appeau. Le mal utile huile
l’âme sous le mutilé. L’île se meut, hume

un lit sec, muet. Le sang d’Elie hache les flèches
opaques. Phare détuilé, harpe a Paris,
L’oeil coque de l’arénicole-applique- 
lumière descend en cormoran-corbeau

dans la mélancolie. L’eau mue l’heure en tête.

L’ange d’âge orange nage pharaon.

Oui. Rigole jeune (f)ange d’Enogat. 

Laury Aime, Paris, fin oct. 1988)


Copyright © 2000 Lorimage. Tous droits réservés.
Révision : 01 août 2003