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Accueil de "Diverses lettres envoyées"

à 

Hubert Vedrine

Monsieur le ministre,

Je vous écrit car nous nous nous sommes croisés du regard au cours de la projection du dernier film de Wajda. Nous étions séparés juste de quelques fauteuils.

Après la projection, j'ai d'ailleurs offert à cette occasion, en hommage, la cassette de mon dernier film (7 ans de travail) à Andreï Wajda. La momie à mi-mots est un film avec Carolyn Carlson, comme premier rôle et il a obtenu le premier prix Andreï Tarkovski pour la création artistique et le langage cinématographique. Il est heureusement sorti pendant 5 mois à Paris, il y a 2 ans.

Docteur en Arts et sciences de l'art (cinéma-télévision, audiovisuel) de l'université de Paris I-Sorbonne où j'enseigne la pratique cinématographique, je m'étais rendu à la projection de ce film à l'invitation de mon père, diplomate retraité, (récemment docteur en histoire) qui m'avait conseillé d'aller voir Pantadeus. Je ne savais pas que je vous trouverez là, ainsi que Pierre Lescure, président de Canal Plus et Michel Piccoli, que j'ai retrouvé plus tard à l'ambassade de Pologne.

Je crois que nous avons partagé ce jour là, un très bon moment de cinéma.

Permettez-moi de vous envoyer ces quelques réflexions qui me sont venues à la suite de la projection du film sur l'histoire du conflit isrélo-palestinien, hier soir, sur France 3.

Les données du monde ne sont heureusement plus les mêmes qu'en 1947.

Il me semble que si ces réflexions vous intéressent elles sont peut-être aussi à proposer aux israéliens, par le biais de notre ambassadeur qui pourra les soumettre à la Knesset. Je suis certain que les israéliens pourront comprendre notre point de vue.

Ces quelques idées sont à votre disposition et à toutes fins utiles. Il me semble qu'Israël aurait tout à gagner à adopter cette attitude.

Bien sûr, il faut être d'accord sur un principe que tout homme censé ne pourra remettre en cause. La constitution d'un quelconque état aujourd'hui, ne vaut pas (plus) le sacrifice d'une seule vie humaine. Quelle soit juive ou arabe, la vie d'un homme est sacrée. Il faut la respecter en tant que telle, c'est à dire avec toutes ses virtualités positives. Hors lorsqu'on supprime un homme, on perd souvent un trésor. Assez de sang versé par une situation intolérable et injuste! Ce qui attise la haine entre les deux communautés (juives et palestiniennes) sont aveugles. Ils servent les intérêts des marchands de canons, et non leur propre intérêt.

A l'heure des nouvelles technologies, un affrontement armé entre deux peuples est devenu une absurdité. Internet permet de communiquer et de construire un monde sans frontières. La Web Cam, nous montre que Paris est à New York et que Tokio est à Londre. Tous les points de la terre grâce à la Web Cam sont accessibles par chacun de nous. Nous sommes en relations avec tous les autres et en temps réel ou presque.

Il apparaît donc anachronique de vouloir créer de nouvelles frontières au proche-orient. L'heure est donc au partage fraternel.

Il faut donner l'exemple et faire cesser le conflit: la guerre deviendra un jour ainsi hors la loi (car c'est le voeu que caresse l'homme depuis toujours), et nous montrerons que le soucis de justice est grand.

Nous proposons donc une issue fraternelle au conflit.

Les juifs doivent comprendre et dire: "Nous ne voulons plus verser le sang de nos frères musulmans".(Ni même verser le nôtre).

Les palestiniens devront dire qu'ils s'engagent à respecter la loi d'Israël et à ne plus combattre leur frères juifs.

La mère d'un soldat juif mort, souffre autant que la mère d'un soldat palestinien et ces deux souffrances sont en vérité inutiles. Elle ne serve ni un l'état juif, ni le camp des palestiniens et en plus le monde entier a perdu deux hommes, ce qui est une perte très importante pour l'humanité et qui ne sert donc aucun chef d'Etat.

Les juifs proposerons la construction sur l'ensemble du territoire de la nouvelle Israël-Palestine, d'un état multiculturel-ouvert sur le monde entier. Une sorte de suisse des religions et des cultures. Il faut partir du principe que les juifs ne sont pas racistes, et les arabes non plus.

(De toutes façon chaque point de la planète est en relation avec l'ensemble du globe. Et en vérité, (nous le savons tous, mais certains s'escriment à nous le faire oublier, parcequ'ils l'ont eux-même oublié) le globe appartient en sa totalité à chaque être humain, animal ou végétal).

Le processus de paix signifie la construction de maisons à étages pour vivre la paix ensemble et partager les nouvelles maisons équitablement. Les financements de ces maisons seront à la fois juifs et arabes.

(Lorsque l'on fabriquera une maison pour une famille israélienne, il faudra fabriquer une maisons pour une famille palestinienne). En réalité on ne fera plus la différence car il s'agit avant tout d'hommes qu'il faudra protéger des intempéries et pour lequel on construira. Pour ce qui est du commerce tout est à gagner dans une situation de paix et tout est perdu quand la guerre s'installe. De plus, tous les gains financiers que l'on pourrait faire par une situation de guerre, ne remplacerons jamais la valeur d'un seul homme perdu, ni la souffrance qu'il cause par sa perte. Hors il s'agit bien de sauver la vie d'hommes!

Les juifs diront: L'ONU nous avait offert la Palestine en 1947, nous avons compris que nous ne pouvons pas créer un état, en chassant de façon injuste et définitivement un peuple qui a le droit de vivre sur une terre qui est aussi la sienne. Nous reconnaissons que nous avons souffert 2000 ans de l'éloignement de la terre sainte et que se serait criminel de ne pas partager avec les autochtones, bien que nous ayons le droit de garder pour nous une terre qui est la nôtre et qui a été reconnue à nous de façon juste par l'ensemble de la communauté mondiale.

Nous ne voulons plus que les palestiniens soient à leur tour les nouveaux juifs de la planètes. Nous avons compris, par expérience, que cela est difficile à vivre (2000 ans) et nous ne voulons plus imposer à autrui ce qui nous a été injustement fait autrefois. Aussi nous sommes prêt à partager, dans un soucis d'équité et de vérité, une terre promises à tous les peuples qui n'offenserons plus Dieu.

Le peuple d'Israël a tout à gagner à adopter une attitude de la sorte. La reconnaissance internationale et la reconnaissance des arabes. Plus de conflit au Proche-orient signifie une reprise économique pour tous et des vies d'hommes sauvegardés dans les deux camps (ce qui n'a pas de prix,).

Si l'on veut bien reconnaître qu'Allah est juste, nous prions pour que les arabes reconnaissent Yavé. Ensemble construisons le nouvel état d'Isrëlo-palestinien.

Concorde.

Je vous prie d'agréer, Monsieur le Ministre l'expression de mes sentiments respectueux.

Laury Granier.

 


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Révision : 01 août 2003