Accueil de "Diverses lettres envoyées"
à
Monsieur le Ministre de la Culture et de la Francophonie
Monsieur Jacques Toubon
Copie à Monsieur Hubert Astier
3, rue Valois
75001 Paris
Paris 1995
Monsieur le Ministre,
Permettez-moi de vous remercier de m’avoir répondu à ma lettre du 20 octobre par votre lettre du 6 janvier, écrite et signée par votre directeur de cabinet,
monsieur Hubert Astier.
Permettez-moi de lui exprimer à lui aussi mes vifs remerciements.
J’ai été heureusement contacté en son temps (après la projection de la copie de travail de mon film à la Cinémathèque française en novembre 92) par Madame Catherine Legave, qui m’avait assuré de la bienveillance de Monsieur Avignon. Elle désirait qu’il fut tenu au courant de l’existence de ce film très particulier. En effet, m’a-t-elle dit, c’est elle et monsieur Avignon qui devront présenter mon film à la Commission d’Avance sur Recettes après la réalisation de celui-ci.
Je lui avait demandé alors à quelles aides j’avais droit car je désirais poursuivre ma tâche. Elle m’avait dit qu’en dehors de cette aide à laquelle je pouvais prétendre, une fois mon film terminé, elle n’en voyait pas d’autres de prévues en pareil cas, si ce n’est une aide qui viendrait directement du Ministre lui-même ou du directeur du Centre National de la Cinématographie. Ils pourraient peut-être faire quelque chose compte tenu du caractère tout à fait exceptionnel de la genèse de
La momie à mi-mots.
Je suis donc heureux, Monsieur le Ministre, que vous ayez songé à me mettre en rapport avec ces personnes. Comme vous le voyez, de longue date, ce fut fait.
Permettez-moi donc de vous remercier de la suggestion de présenter mon film à cette commission. Comme vous le voyez nous l’avons déjà prévu dans le programme. C’est évidemment une sorte d’aide intéressante qui pourrait peut-être nous permettre de distribuer ce film plus correctement (si toutefois nous l’obtenons).
Or, comme je crois vous l’avoir dit dans ma précédente lettre et comme je pense vous devez le savoir pour pouvoir présenter
la momie à mi-mots à cette commission, il faut qu’auparavant ce film soit terminé.
C’est pourquoi, permettez-moi de citer ma lettre du 20 octobre que je vous invite à relire: ... “Votre bienveillance et le concours financier de votre Ministère sont la condition
sine qua non pour mener à son terme la réalisation de la momie à
mi-mots...” (sans quoi nous ne pourrons présenter ce film à cette commission d’Avance sur recette après réalisation comme vous me le suggérez).
Je crois, Monsieur le Ministre, si je ne m’abuse, que votre position vous donne le pouvoir de vouloir et donc, si vous le voulez bien, vous pourriez nous aider dès maintenant dans cette entreprise.
Autrement dit, je crois que, si vous le voulez vraiment vous pourriez permettre à ce film de voir le jour.
Je vous prie de dire à votre directeur de Cabinet, Monsieur Hubert Astier, qui suggère gentiment que je prenne contact avec Monsieur Avignon et Madame Legave, que ces personnes attendent depuis longtemps la terminaison de
La momie à mi-mots pour pouvoir oeuvrer à leur tour afin que le monde profite de ce travail.
C’est donc justement pour pouvoir atteindre ce stade du projet que je vous ai écrit autrefois et que j’ai sollicité du Ministère de la Culture et de la Francophonie “un coup de pouce” pour achever la momie à mi-mots et le leur présenter afin de peut-être pouvoir obtenir les moyens de le distribuer décemment. Je vous rappelle que l’avance sur recettes est une aide que le producteur s’engage à rembourser sur des recettes éventuelles.
Ce que je vous demandais et vous prie de lire aujourd’hui de nouveau est d’une autre nature: j’ai besoin d’une véritable aide, d’une sponsorisation de votre ministère ou que du moins le ministère agisse en qualité de mécène pour que
la momie à mi-mots puisse enfin être terminée au bout de six années de travaux (nous entamons la septième).
Aussi puis-je me permettre de vous suggérer de venir voir vous-même ce film sur la table de montage ou bien de déléguer l’un de vos collaborateurs pour ce faire. Je serai, bien sûr, heureux de le montrer aussi à Monsieur Hubert Astier et à Monsieur le Directeur du Centre National de la Cinématographie.
Vous pourriez ainsi vous faire une opinion de l’extrême avancée des travaux à la lumière desquels, si vous le voulez bien, vous pourriez, peut-être, trouver un biais administratif
(un modus vivendi), qui pourrait nous permettre d’achever La momie à
mi-mots. Ainsi terminé, ce film pourrait accéder à la commission d’Avance sur Recettes après réalisation à laquelle vous me suggérer de me présenter pour que sa diffusion se fasse peut-être sous de meilleurs auspices.
Ce biais, j’en suis sûr, ne vous mettrait, bien sûr, pas en porte à faux avec votre décision de faire “des économies budgétaires" (qui vous a conduit à ne plus reconduire la procédure dite ”d’aide directe” à laquelle je croyais et à laquelle Madame Catherine Legave entre autre m’avait assuré que je pouvais prétendre).
Si, comme je le crois, vous serez enchanté par le visionnage de la copie de travail de
la momie à mi-mots vous aurez peut-être envie de créer une aide originale et spéciale qui s’intègrera parfaitement dans les budgets dont vous disposez, pour que nous puissions terminer ce travail. Ou encore, sans aller jusque là, je suis sûr que votre esprit s’emploiera à trouver une façon ou une autre qui pourra permettre l’achèvement de ce merveilleux et miraculeux film.
Oui, peut-être, si vous le jugez utile, une intervention de votre part (ou une dérogation) pourrait permettre l’éclosion de ce film. Il pourrait grâce à cela obtenir d’ores l’avance sur recettes
après réalisation, ou une partie, (à laquelle La momie à mi-mots ne semble pouvoir prétendre, puisqu’il n’est pas terminé complètement) ce qui permettrait la terminaison du film et peut-être sa projection en avant-première dans la grande salle de la Cinémathèque française et sa présentation à la presse du monde entier, avant sa présentation aux divers festivals internationaux.
Peut-être enfin que le cas très particulier de ce film vous donnera envie d’améliorer, voire d’assouplir, certaines règles du C. N. C. , de proposer que certaines des aides du Centre National de la Cinématographie soient prévues pour les films qui obéissent à une véritable nécessité artistique et qui naissent isolément par vocation intrinsèque en dehors d’impératifs commerciaux, comme naît toute véritable oeuvre d’art.
Une partie des aides financières existantes pourrait être attribuée, le cas échéant, à des films impossibles à terminer sans elles. Nous aurions ainsi, par l’exemple de
La momie à mi-mots, contribué à améliorer le système d’aide pour l’avenir du cinéma et permis que d’autres films, venus au monde de façon si extraordinaire, soient aussi encouragés par l’Etat et ne connaissent plus ces difficultés (elles en connaissent tellement d’autres que nous pouvons leur épargner celles-ci).
Je suis sûr, en tous cas, que vous ne voudrez pas décevoir l’espoir que nous plaçons une nouvelle fois en vous et en votre mission culturelle.
Je vous prie de prendre, s’il vous plait, rendez-vous avec moi pour visionner la copie de travail pré-mixée de La momie à mi-mots sur la table de montage.
Permettez-moi de joindre ici un sommaire récapitulatif des travaux effectués sur la momie à mi-mots ainsi qu’une copie du générique.
Je suis sûr que vous ne pourrez pas rester insensible à ce tour de force qu’a représenté la croissance spontanée de cette oeuvre que nous avons servie aussi bien que possible. J’ai réussi à convaincre pour cela des centaines de personnes “de bonne volonté” qui ont participé à cette aventure. Des centaines de sponsors et de mécènes nous ont aidé en apportant chacun, comme il le pouvait, une pierre à l’édifice de ce film. C’est grâce au concours bénévole de tous ces hommes et de toutes ces femmes que le film en est au point où je vous invite à le voir. Je suis sûr que l’Etat, au plus haut niveau, ne peut rester insensible et désirera à son tour contribuer par sa générosité à la vie d’une oeuvre de l’Esprit. De cette façon il soulignera et corroborera la générosité de ces centaines de destins particuliers qui se sont reconnus dans ce film et lui ont donné la vie.
En vous remerciant de votre bienveillance et en souhaitant, s’il vous plaît, une réponse rapide de votre part, veuillez, je vous prie agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de mes sentiments les plus respectueux et croire en mon meilleur souvenir pour cette si brève rencontre à la
F. I. A. C. , où nos destins se sont un instant croisés, signe avant-coureur, je l’espère, d’une collaboration.
S’il vous plait, veuillez, je vous prie, transmettre, à Monsieur Hubert Astier, votre directeur de Cabinet, mes plus vifs remerciements et mes sentiments respectueux.
Laury Granier.
P. S. : Copie à Monsieur Hubert Astier bien sûr,
à Monsieur Rolland dont la secrétaire m’avait appelé.
à Bernard Fraize,
à Monsieur Philippe Léotard, qui m’a proposé lors du tournage, de m’aider, si besoin était, pour achever mon film en se faisant l’ambassadeur de
La momie à mi-mots et que je n’ai pas voulu jusqu’ici déranger pour ce faire: sa prestation miraculeuse de plusieurs journées bénévoles de tournage pour
la momie à mi-mots me semble être une contribution importante et garante du sérieux de mon entreprise.