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Accueil de "Diverses lettres envoyées"

Cher Yves Rodrigue,

 

Merci pour votre message qui me touche beaucoup et dans lequel vous avez eu la gentillesse de faire le rapprochement entre ma date de naissance et la fête d'aujourd'hui à la Thèque, hélas, trois fois hélas, sans notre ami Jean.

 

Je suis heureux que vous pensiez que tout n'est pas perdu et qu'il y a toujours la possibilité de mettre en œuvre l'Utopie.

 

Pour les arbres, si vous avez la gentillesse de lire en détail ce que j'ai marqué dans mon texte que je vous ai remis, je suis à peu près certain que nous pouvons, à moyen terme, parvenir à empêcher que partout où la civilisation peut accéder avec les nouveaux instruments dont je parle (à produire bien sûr en grand nombre) on exploitera enfin les forêts dignement et d'une façon enfin véritablement respectueuse de ces êtres qui sont le plus souvent des anges (car ils nous offrent aussi des fruits délicieux - mais je parle sans doute à un connaisseur). Il est vital aujourd'hui d'envisager le long terme, par conséquent l'arbre dans sa croissance entière, afin qu'il est le droit de mourir lui aussi, comme les vaches sacrées de l'Inde, dont nous parlions aujourd’hui d'une " mort naturelle " celle que tout homme a heureusement aussi le droit d’avoir et non avant terme (si toute fois l'on peut considérer la Mort comme naturelle !!!) de façon accidentée, comme l’impose le bûcheron ou comme ce fut hélas le cas pour Jean, notre ami, qui a été « fauché » avant son terme par la « hache » d’un bûcheron (ayant pris l’apparence de l’accident que nous savons). Voilà un exemple de mort injuste comme celle d’un très bel arbre abattu car je suis persuadé que Jean pouvait vivre encore de nombreuses années.

 

Pour cela je suis convaincu qu'il suffirait de changer de méthode de plantation et au lieu de considérer un arbre rentable au bout de 25 ou 30 ans (en le déracinant sans scrupule - comme c'est hélas le cas aujourd'hui) penser à une rentabilité à partir de 50 ans voire 75 ans. Pour cela il faut de nouvelles lois et sans doute un crédit agricole peut être plus souple ou devenu plus "écologique ". Peut-être faudra-t-il offrir des moyens plus importants aux bûcherons pour qu’ils utilisent ces appareils formidables que Jean et moi avons admirés (ce qui aboutira aussi à la valorisation du bois - ce qui finalement devrait plaire à certains hommes qui privilégient l'aspect financier des opérations utopiques).

 

En effet l'arbre alors beaucoup plus gros et beaucoup plus fourni (puisque beaucoup plus âgé) en terme de " ramures " offrira aux bûcherons non pas son tronc mais quelques unes de ses branches devenues aussi grosses que des troncs à elles toutes seules et que l’on pourra alors couper. Elles serviront en guise de poutres ou de bois utile en préservant ainsi l'essentiel : le tronc lui-même, là où passent les sèves essentielles, car, bien sûr, deux arbres plantés pour un arbre abattu est une solution hypocrite qui ne prend pas en considération l’être-arbre lui-même comme un artiste, un traceur-acteur original de nos enregistrements filmiques, photographiques, télévisuels, donc comme un auteur à part entière du caractère de sa forme qui lui est propre, dont il est lui-même le responsable grâce aux éléments qui lui donnent le « courage » de pousser, de se développer selon ce schéma extrêmement original qui n’a jamais son pareil. C’est donc légitimement que ce droit d’auteur lui revient ou au moins un droit de vivre et d’être soigné.

 

Hélas, trois fois hélas ! Ce qui n'est pas le cas encore aujourd'hui parce que l'homme a eu le tort de viser une rentabilité économique à court terme sans respecter l'être-arbre dans sa totalité intrinsèque d'être vivant ayant, au même titre que vous et moi, le droit de vivre ! De plus je suis persuadé que ce serait une excellente affaire économiquement parlant mais il faudrait pendant 25 à 50 ans renoncer à couper ou déraciner les arbres, les planter avec plus d’espace entre eux pour qu’ils puissent se développer sur des siècles. Pour cela nous pouvons nous contenter des arbres ayant été déraciné par les éléments de la tempête de la fin du siècle dernier. Il y en a suffisamment à exploiter puisque nos gouvernants ont alors renoncer à les redresser à l’aide de tuteur en métal comme j’avais pensé qu’il était alors de notre devoir de faire pour les sauver.

 

Quant aux pratiques que vous me décrivez, si elles peuvent convaincre un bûcheron birman elle ne peuvent convaincre le modeste serviteur que je suis qui n'est pas aussi crédule que ceux qui acceptent de croire que la hache peut tomber d'elle-même pour montrer ainsi l'accord d'un arbre à son propre suicide ! S'il y a là une histoire qui a l'air assez jolie, il y va de l'imposture à convaincre un pauvre birman que les lois de la pesanteur peuvent être aussi facilement défiée ou au pire, dans le cas où cela marcherait, le souffle (assez puissant pour faire tomber une hache) d'un Dieu compatissant qui par amour du pauvre arbre ou du bûcheron dans le besoin (comme dans les fables) accepterait pour ce pauvre être l'inacceptable : le sacrifice d'un être aussi beau que peut-être un arbre…. Ou alors peut-être faudrait-il lancer nos investigateurs du côté de quelques " vieux de la vieille "  qui se lèveraient dans la nuit en somnambules pour retourner la hache ou la relever en cachette et ainsi offrir à ces pauvres birmans dans le besoin de quoi manger en leur donnant une pseudo-lgitimité à massacrer, comme autrefois ailleurs la hache de la guerre permettait, quand on la découvrait déterrée d'elle-même, " par miracle ", au cours de cérémonies dont je ne pas sûr qu'elles aient seulement exister. !!!

 

Merci pour cette phrase " Peut être ce qui trace la limite entre le réel et l'imaginaire (ou l'utopie) est notre capacité à agir. Cette limite recule avec les progrès humains. Il n'y a donc pas de raison de désespérer si l'on ne vise pas trop loin au delà des limites ".

Pour ma part j'ai peut être le tort ou la raison de penser que ces limites n'existent pas si nous envisageons la plupart des résultats actuels de la civilisation et si nous envisageons cela dans l'éternité des siècles à venir (ce qui peut sembler un paradoxe car éternité et siècle sont des termes apparemment antinomique) comme le sont les termes que vous employez de " limite " et " illimité ".

Il y a ici beaucoup à dire et pour ma part je considère l'homme qui agit avec conscience et cœur comme illimité. Ses seuls "limites" acceptables et recommandables sont celle de son cœur qui gouvernera sa conscience et son esprit. Mais est-ce là des "limites" au sens stricte de ce terme ou plutôt un "devoir" de la condition humaine sur cette terre. Peut-être les deux.

 

Quant à la question des droits d'auteur bien que vous ayez raison de souligner l'existence d'organismes se chargeant de les redistribuer ainsi que l’existence de notre libre-arbitre soumis à cette conscience de ce qui peut nous paraître juste de redistribuer nous-même honnêtement en guise de reconnaissance à ceux à qui nous le devons ainsi que peut-être aux divers éléments constitutifs d’un film, je suis convaincu qu’il serait malgré tout souhaitable aujourd’hui qu’un véritable débat international Onusien aboutisse rapidement à confirmer les conclusions que nous avions entrevues avec Jean Rouch, car nous étions alors convaincus que de cette façon nous parviendrions à préserver la vie sur la plupart de ses aspects ou en tout cas à mettre les hommes au pied du mur : les obligeant à choisir enfin entre « leur appétit d’images télévisuelles » et leur faim de carnivores (ce que l’homme a été obligé d’être qu’en des temps très anciens de la civilisation humaines (même si ces temps ont encore cours aujourd’hui) et encore à des époques et dans des lieux inhospitaliers, dépourvus de l’agriculture et des machines dont votre génération nous a heureusement pourvue).

 

Car pour moi si les herbivores auront, comme la plupart des oiseaux un jour le droit à la pilule contraceptive pour éviter d’être manger par les carnivores devenus végétariens grâce au concours des hommes les ayant rendu domestiques

les « carnivores » éviteront ainsi de céder à ceux que certains ont appelé « l’appel du sang ». Tout en limitant leur naissance, les transformer eux aussi en végétariens, malgré cet « appel du sang » serait un objectif formidable pour les hommes, car vous savez, cher Yves Rodrigue, comme moi  que le concept de « chaîne alimentaire » n’est valable que dans une époque donnée du développement de la civilisation, que cette dernière s’envisage en marche et avec un but à atteindre et que bien sûr, hélas, trois fois hélas, ce concept vieillot de « chaîne alimentaire » arrange tout ceux qui cherchent à s’enrichir sur le dos de pauvres bêtes traquées et trop faibles pour se défendre et qu’ils ont ainsi intérêt à conserver et à se contenter des manières de se comporter d’autrefois (malgré le développement agricole atteint), à les faire durer actuellement et vous comprenez certainement ici que je parle de tout ceux qui ont renoncé à transformer le monde vers plus d’humanité, plus de justice, plus de cœur ou en tout cas en quelque chose pour lequel il serait enfin honorable que l’humanité vive.

 

Je me souviens que Jean disait qu’un jour les hommes s’apercevront que les animaux parlent véritablement. C’était peut-être notre côté « Benjamin Rabier » (C’est ce qu’il m’a dit au téléphone avant de partir).

 

Permettez-moi s'il vous plait de mettre ci-dessous, sur un autre chapitre, le lien vers la lettre que je souhaiterai que vous ayez la bonté de transmettre de ma part (et de la votre, si vous le jugez utile) à votre ami Jacques Calvet, de Peugeot, car il est bon et juste que la " concurrence " de Renault soit aussi au courant de ces importantes innovations que je propose. Pour ma part je cherche avant tout des résultats rapides et je ne souhaite privilégier aucune entreprise en particulier  pour ce projet (qui ne doit nullement devenir un délit d’initiés – et je compte sur votre discrétion) dont je vous ai fait part à table aujourd’hui ("suppression des angles morts des véhicules de notre époque")

 

http://granier.laury.free.fr/lettres_a_des_personnalites/louis_schweitzer_et_gayssot.htm

 

Peut-être aurez-vous plaisir de prendre connaissance d'un autre de mes projets pour l'Europe de demain (j'ai pensé vous en faire part compte tenu de la richesse des débats auxquels nous avons souvent assisté et pris part l'un à l'autre à la Cinémathèque. Ils ont été un peu à l'origine de ces idées développées en détail si vous suivez le lien ci-dessous.

 

http://granier.laury.free.fr/la_feves/le_projet.htm

 

En vous remerciant encore chaleureusement pour votre message, permettez-moi de vous envoyer mes salutations respectueuses et amicales

 

Laury Granier

32 rue Pierre Nicole

75005 Paris

tel: 00 (33) 01 46 34 53 04

courrierin: laurygranier@free.fr

site internet: http://laurygranier.free.fr

 

 P. S. : Permettez-moi de vous avoir envoyé ce message avec accusé de réception. Je souhaiterai que vous ne m'en teniez pas rigueur car il m'est arrivé malheureusement quelquefois de ne pas avoir atteint mes destinataires. Je suis ainsi plus sûr que ce message vous parvienne.

 


De : Yves Rodrigue [mailto:yvesrodrigue@noos.fr]
Envoyé : samedi 6 mars 2004 22:37
À : laurygranier@free.fr
Objet : bon anniversaire

 

 

Cher Laury,

            J'ai vu votre texte et votre site internet. C'est donc votre anniversaire et vous aviez droit ce midi au gâteau sans viande mais avec 41 bougies. Mieux qu'orphelin de Jean vous êtes de ses héritiers pour l"avoir connu mieux que beaucoup d'entre nous et votre texte me révèle des aspects que je ne connaissais pas bien. De quoi s"entretenir longuement!

             Sur les droits d'auteur je ne vois pas de problème. La SCAM rémunère un film d'auteur et ce dernier peut partager ses droits avec les acteurs s'ils n'ont pas reçu d'honoraires, ce que le fisc devrait comprendre........Jean l'a fait sans doute comme moi même car le droit à l'image, s'il n'est pas établi par contrat, existe à mon estime pour les participants, tous, mais peut être pas les arbres.

           Ne pas couper d'arbre n'est pas réaliste et je m'en remet à la sagesse des peuples premiers qui ont cette réponse: On demande à l'arbre s'il veut bien ( les birmans posaient leur hache debout contre l'arbre et si elle n'était pas tombée le lendemain y voyaient son accord) au surplus bien des peuples s'obligent (aient) à planter deux arbres pour un abattu. Ceci dit, la forêt de France est en croissance, encore qu'il y manque de plus en plus des sujets dignes d'être classés monuments historiques.

          Pour ce qui est des aquariums vous avez de quoi protester, en face de la cinémathèque, sur ce grand trou qui abritera bientôt d'immenses prisons de poissons, mais la cause est entendue et B.B. elle même n'y pourrait rien. Je connais quelqu'un qui a réussi à élever dans son zoo privé, le Cagou, oiseau nocturne emblème de la Calédonie, bravo. Comme il ne peut pas le réintroduire dans sa patrie où on le chasserait, il cherche l'île hospitalière, si elle existe........         Peut être ce qui trace la limite entre le réel et l'imaginaire (ou l'utopie) est notre capacité à agir. Cette limite recule avec les progrès humains.

 Il n'y a donc pas de raison de désespérer si l'on ne vise pas trop loin au delà des limites.

         C'est mon souhait d'anniversaire.     Bonsoir         Yves Rodrigue   

 


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Révision : 14 février 2005