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Revue Udnie n°0

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LUC-ERANCOIS GRANIER:

L' HOMBRE

La PORTOGEISHA (à CODILLE): Codille, j'ai fait un songe étrange...Je me trouvais sous une tente noire, avec des larmes d'argent, sur un parquet ciré mais grossier. Au centre, un billct...L'homme rouge avec la hâche... Essex approche, il est si pâle, il dénoue sa chemise,

pose sa joue sur le tronc, je vois sa nuque... Je veux la sauvai.

(Mercadier , s'est lentement approché, il s'est agenouillé après avoir déboutonné sa chemise, devant le billot qu'il portait. Il y pose la tête.)

LA PORTOGEISHA: Essex attend. .

(Elle lui désigne Lexandros qui s'est tenu jusqu'alors coi)

Regarde ce masque. C'est un acteur, un sodomite! -I1 doit mourir. Je t'offre 3a mort, je te donne: sa place. Tu vivras sous son nom. Tu seras Wiliiam Shakespeare mais pour tous Essex sera décapité.

MERCADIER: Mais je ne suis pas cet homme!

LA PORTOGEISHA: Tu lui ressembles, tu auras ses

papiers. Tu apprendras.

MERCADIER: Je n'ai que faire de sa vie!

LA PORTOGEISHA: Alors tue-toi! Tu peux. Je te connais, tu ne le feras jamais (amère). Trop lâche! (furieuse) saisis enfin ta chance!

MERCADIER: Pas question! Moi devenir ce manant!

LEXANDROS: Merci sir, vous injuriez votre sauveur!

MERCADIER: Comment! moi, Robert Devereux, comte d'Essex

vivre de vos misérables expédients, me donner au public des foires! Devenir le mignon d'un riche!

LEXANDROS (bouffonnant;: vous changerez de sexe!

MERCADIER: Quelle déchéance! 0 ma souveraine, épargnez un homme qui vous a aimée... Un homme qui vous. a baisée.

LA PORTOGEISHA: Tais-toi! Tu me dégoûtes.

MERCADIER: Tuez-moi! La décollation, c'est le privilège de mon rang ; mais que je ne devienne jamais ce William Shakespeare!

LEX.ANDROS : Voyez-mol ce délicat. :fie ? ui donne la vie et ça fait la petite bouche. Mon petit seigneur guilloché, tu te crois d'un autre monde, petite prostituée à sa mémère...

LA PORTOGEISHA (colère): Suffit!

Stella se décroche de son clou)

STELLA: Oui, suffit mon mari; suffit avec vos folies.

LA PORTOGEISHA (suffoquée): Quoi! Qu'est-ce?

STELLA: Vous aussi Milady, vous outrepassez vos droits!

LA PORTOGEISHA: Qu'est-ce? Qu'on arrête cette impertinente!

STELLA: Je parlerai, et vous ne changerez pas l'histoire. On ne compose pas avec le temps. Ni vous Madame, ni vous mon maria Le comte, vous l'avez décapité; et moi, Monsieur, vous m'avez épousée. Parce que selon vous j'aurais cous hé toute ma vie avec un gentilhomme défiguré? On m'aurait mis un Essex dans mon lit! Vous me faites rigoler. Vous croyez que je ne sais pas faire la différence au lit entre un bourgeois et 'un gentilhomme!

LA PORTOGEISHA: Codille, faites la taire!

CODILLE (WATTEVILLE): C'est elle qui rêve maintenant!

STELLA: Ah, çte (sic) vieille fille! Nous connaissons nos comptes. Vous avez trafiqué vos années! oui je sais messire Willi, petit snob, vous croyez lui faire plaisir, après coup! Misérable .flatteur, menteur! Vous vivez sur les fientes de son temps. J'aurais dû épouser Darnley! Lui au moins il avait du poil sur la poitrine!

LA PORTOGEISHA: Elle est folle!

CODILLE (WATTEVILLE): La captivité?

STELLA: Séduite par le théâtre!

MERCADIER fia tête toujours sur le billot): Alors? On me la coupe ou on ne me la coupe pas?

STELLA: C'est pas fini votre mascarade, vos grandiloquences! Cette foi-ci, c'est moi qui vais les donner les cartes! Votre petit jeu pour m'embobiner a fait long feu.

(Elle donne les cartes)

... Et c'est moi la morte!

(Extraits du troisième tableau de L 'ombre, pièce de théâtre en 6 tableaux et un tableau intermédiaire',

 

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Révision : 15 avril 2003