Autour du vidéopoème: "La porte"
Midrash de la mer.
Deuxième porte: enfance
Faro est en quelque sorte pour moi le jardin d'Alice. Le plus petit pavé et la plus simple des fleurs s'éclairent dès que je les contemple. Et j'ai la sensation que mes yeux
deviennent peu à peu aussi ardents que deux soleils: ils illuminent. Je ressens le grand mouvement de la terre qui tourne. Je capte le temps en filmant - sans plus me soucier des pensées des autres à mon égard quand ils me voient passer, chargé de ma lourde caméra et du magnétoscope en bandoulière, carnet où j'enregistre des notes. J'avance, je ne fais qu'un avec la caméra, je ne fais qu'un avec tous: je filme portes,
blasons
, visages, pyramides, palmiers, fleurs, mandalas,
devenant tour à tour ce que je filme, redécouvrant à l'intérieur de moi un regard d'enfant, émerveillé.
Lieu d'images. Les nuages sont des têtes, des oiseaux en vol.
Les feuilles d'arbres aussi. Tout est plein de sève, de vie, car enfin je sens une chaleur dans mon ventre, un peu au-dessous du nombril, qui me donne l'impression d'avoir une présence au monde plus intense qu'autrefois.
Les femmes sont belles, ouvertes comme les figues mûres que l'enfant m'a demandées de cueillir alors que je filmais la cour du théâtre. J'ai suivi, dans le viseur de la caméra, l'ombre de l'enfant assis sur le pneu de la balançoire.
L'ombre a roulé sur le sol.
C'est la nuit, je filme la pièce de théâtre que j'ai pu repérer hier soir. Après le spectacle, on regarde tous ensemble le résultat sur une télévision. Les acteurs sont étonnés par la qualité de l’image car ils me prenaient pour un touriste sans expérience de tournage. Ils deviendront les compagnons d'un soir. Devant de larges miroirs, je me regarde à travers un masque de singe trouvé dans un coin.
Ils vont mettre ce masque tour à tour sur leurs visages pour danser.
C'était dans la maison du 25 de la Rua Vasco de Gama.