Autour du vidéopoème: "La porte"
Midrash de la mer.
Quatrième porte: la porte de Jade
(le sexe de la femme chez les Chinois)
Elle se baigne, je filme la toilette du félin. Elle n'a pas peur de l'objectif de la caméra et ignore ma présence car elle est actrice de longue date. Je l’ai vue dans le rôle principal de La femme de l’aviateur d’Eric Rohmer. Pour venir me rejoindre, elle vient de quitter le tournage de L'amie de mon amie du même cinéaste, film dans lequel elle joue le rôle de la jeune peintre.
Les personnages dessinés sur les armoires nous observent, le lustre tourne sur lui-même, les rideaux s'écartent au vent. Je contemple mon lapin blanc sans avoir envie de le poursuivre mais sans le perdre de vue. J'entre en elle et elle en moi, liés, enchaînés par 1'image, magie agissante de l'image.
La nuit, dans la rue, elle passe devant des portes en fer forgé dessinant des toiles d'araignées.
C'est la nuit des dieux, la nuit de l'Olympe (nom de la boite de nuit où nous allons danser).
Je la filme qui danse, sous la boule en mouvements constellée de miroirs: monde animé renvoyant des étoiles multicolores vers le plafond de la boîte de nuit, vers le mur où une caravelle en fer forgé navigue suivant les étoiles de couleurs de mon châle de Manille - voiles gonflées sur le mur, sur la mer.
Elle danse avec un jeune homme qui lui plaît et va se donner à lui dans une carrière de pierre, hymne au phallus, hymne à la lune.
Elle m'a dit qu'il est arrivé comme un jaguar et qu'elle l’a accepté, en chatte.
Puis il a posé sa tête sur son sexe, sur sa porte de jade, et elle lui a dit de se reposer ainsi pour reprendre des forces.