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Autour du vidéopoème: "La porte"

Midrash de la mer.

 

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Treizième porte: la porte du sacré. 

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Je touche enfin à mon but: Sagrès le promontoire sacré (Sacrum promontorium), ainsi nommé car on dit que les dieux s'y réunissaient dans les époques préhistoriques. 

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Le temps est chaud, sans nuage. Autour de moi c'est presque un désert et, sur la route, on remet des pylônes électriques en service. J'ai la sensation nouvelle que ce qui se passe à l'extérieur est (toutes proportions gardées) une projection de ce qui se passe en moi: c'est peut-être grâce à ces hommes, qui travaillent sur la route et sont comme les globules de mon corps, que mon œil droit (en abîme sur le portrait qu’un peintre a fait de moi avant mon départ au Portugal) va être enfin totalement juste. Mais je suis encore sans doute un peu déprimé et, de surcroît, énervé par la beauté qui m'entoure et que je n'ai pas pu partager avec Elle, si loin de moi aujourd'hui. Alors, bêtement, je me remets à fumer devant le phare pour lancer un défi, une sorte d'arrêt de mort à celui qui, en moi-même, avait eu la force d'arrêter de fumer. Ce seront quatre cigarettes: je les fume coup sur coup, les rattachant chacune, dans mon esprit, à un des éléments premiers (eau - feu - vent - terre). Ne sommes-nous pas dans un lieu sacré? En guise de bénédiction (ou de blasphème?) je les éteins une à une sur la falaise de la pointe extrême du cap. Vu de dos, je ressemble peut-être à un de ces personnages de Friedrich qui regardent les myriades d'étincelles de miroir que fait le soleil à la surface de la mer. Je trouve sur un rocher une étoile de mer échouée. Elle est desséchée, morte, et je l'emporte avec moi. 

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Caméra à l'épaule, je parcours le pourtour du vestige de la rose des vents de quarante et un mètres de diamètre sculptée dans le sol, sorte de boussole géante et symbole de l'école de navigateurs. 

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Je vais visiter la forteresse de Belixe, située entre le promontoire de Sagrès et le promontoire du Cabo de San-Vincente, ancien cap sacré des romains, ultime point de repère des navigateurs sur la route des épices, gardé par le géant Adamastador à la fin du monde (0 fim do mundo). Là, je descends un à un les gradins taillés dans le roc jusqu'à la mer, lieu précis d'où partirent les premières caravelles pour l'équateur. Mon imagination les fait réapparaître dans la petite baie, avec leurs voiles dépliées, prêtes à voguer de nouveau vers des terres encore inconnues de moi. 

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Je me cache derrière un rocher et sors ma grosse bille verte sur laquelle j'avais fait brûler de l'encens à Paris, cendres d'encens incrustées dans le verre, comme des continents espacés par une mer de verre verte. Je lave le gros calot dans l'eau des vagues, effaçant les “terres-encens” de ma sphère. Je comprend les combats que livre la mer à la terre et la résistance qu'oppose la terre à la mer. Je crois alors que la mer gagnera. Elle lave, décape, polit. Sa force vient de ce qu'elle reçoit, ne rejette rien, et donne tout. 

Le vent est fort, la mer est en rage, la mer - fouet, la mer qui ravine, qui sculpte la pierre, qui fait des visages, des portes et des îles en forme de chaussure … O fim do mundo.

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Cap St-Vincent, je jette à la mer en colère l'étoile de mer; toute imprégnée d'eau, elle reviendra, qui sait, un jour à la vie.

 

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Révision : 02 août 2004