FARNESE CINEMA
LE SCENARIO
27 - INT. - CHAMBRE D'HÔPITAL - APRÈS-MIDI
PAUL est étendu dans un lit d'hôpital, il tient sur ses genoux un bloc de feuilles de dessin, dans sa main, un pastel qu'il agite fiévreusement.
DAVID entre dans la chambre, PAUL s'arrSte de dessiner; un large sourire illumine le visage du malade.
DAVID s'approche du lit de PAUL et regarde le dessin.
DAVID
Il est beau, ton dessin ...C'est quoi ?
PAUL
C'est la télé ...Tu vois, elle s'est cassée la figure.
PAUL se retourne vers DAVID
DAVID
Tu sais que tu sors aujourd'hui.
JOSEPH va venir nous prendre.
PAUL
Je t'ai attendu tous les jours...
DAVID
Je voulais, mais mes parents m'ont interdit. On me disait que tu allais très mal; que tu délirais, qu'il ne fallait pas.
PAUL
I1 fallait, au contraire... Tu vois, (PAUL montre son dessin) Tout est beaucoup plus simple, je comprends PICASSO ...son mystère , celui du film.
DAVID
Alors, c'est quoi son mystère ?
PAUL
Tu te souviens du plan où on voit PICASSO, derrière la vitre, qui peint ?
DAVID
Oui.
PAUL
Et bien, il peint en transparence.
DAVID
Et alors ?
PAUL
LA TRANSPARENCE, c'est ça le mystère PICASSO !
DAVID
N'importe quoi...
PAUL
Il faut me croire.
DAVID
Ta mère m'a dit que tu t'es fatigué pendant ton séjour ici. Tu risques de perdre une année d'école pour te remettre.
PAUL
Je ne vais rien perdre du tout ! J'ai gagné ...dix ans avec cette chute ...J'ai voyagé.
DAVID
..Il faut que tu me racontes ! Je suis ton ami. Tu dois me dire.
PAUL
...Quinze jours où j'ai été seul; sans pouvoir parler à personne... Garder tout pour moi...Savoir qu'ils voulaient que je le leur raconte... Tu as raison, j'attendais mon frère, mon frère aîné...Lui, il sait, il connaît, il a modelé ma tête en argile, qu'il chargeait par caisses entières; un énorme buste de moi... et ils ne l'ont pas laissé venir; interdit, mais je le sentais proche, lui, il a chuté de cheval. Je me souviens de ma mère qui priait, là, au pied de son lit, et moi qui me disais: "Ca ne va pas recommencer comme pour lui", ma mère qui priait au pied de son lit pour le salut de son âme. Ma mère pleurait de joie quand je repris connaissance. Mais ils ne savaient pas que mon délire continuait. Mon père, un jour, m'apporta sa boite de pastels... et j'ai étoilé ses feuilles blanches de couleurs, de violet, de bleu. Et il y avait comme des vibrations quand je touchais les objets ...les couleurs me semblaient plus fortes que d'habitude, regarde comme elles vibrent ...Et puis, il y a eu la découverte du rouge, et je renaissais, renaissais.
DAVID regarde les dessins.
DAVID
J'aime tes dessins...
PAUL
Prends-les, je te les donne.
DAVID
Tous ?
PAUL
Oui, j'en ferai d'autres !
DAVID
Merci ...Tiens, je t'avais écrit une lettre.
DAVID sort la lettre de sa poche et la tend à PAUL.
PAUL prend la lettre, ouvre l'enveloppe et déplie la feuille de papier.
L E T T R E D E D A V I D:
VOIX OFF de PAUL lisant
CHER PAUL ,
JE T'ÉCRIS CETTE LETTRE PARCE QUE JE TIENS A TE DIRE QUE TU ES MON MEILLEUR AMI. UN AMI POUR TOUJOURS QUOIQU'IL ARRIVE : NOUS SERONS TOUJOURS LIES, SOUDES L'UN A L'AUTRE MOI POUR TOI.
QUAND J'AURAIS UN ENFANT JE VEUX QUE TU SOIS SON PARRAIN. J'ESPÈRE MOURIR APRÈS TOI POUR QUE TU NE SOUFFRE PAS DE ME PERDRE : TELLE EST MON AMITIÉ, JE VEUX TE DIRE CELA POUR QUE TU GUÉRISSES VITE, PARCE QUE S'IL T'ARRIVE UN MALHEUR ALORS JE SERAIS TRÈS SEUL ET JE VEUX ÊTRE AVEC TOI.
JE VIENDRAIS TE CHERCHER AVEC JOSEPH, J'AI EU L'AUTORISATION DE TES PARENTS.
NOUS IRONS A VILLA MÉDICIS OU LA FEMME DE BALTHUS FAIT MON PORTRAIT…
JE T'AIME DAVID
FONDU AU NOIR