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Accueil de "Diverses lettres envoyées"

Deuxième lettre

à

Monsieur Christian Poncelet, Président du Sénat,

Aux bons soins de Madame Aucuturier

Conseiller Technique

Le Sénat

17 rue de Vaugirard, 75 006 Paris

Paris le 25 juillet 1999

Monsieur le Président,

Permettez-moi, avant de vous exposer l'objet de ma lettre, de me présenter rapidement:

Cinéaste, je suis l'auteur d'un film La momie à mi-mots avec Carolyn Carlson, Jean Rouch et Philippe Léotard qui a obtenu le premier prix Andreï Tarkovski pour la création artistique et le langage cinématographique et est sorti pendant cinq mois cette année en France (à Paris jusqu'en mars 1999). Peintre, j'ai cette année exposé à de nombreuses reprises (au musée d'art moderne à Bern, en Suisse, à l'Institut Saint-Charles de l'université de Paris I-Sorbonne, à la Galerie Donguy de Paris et dernièrement à l'Orangerie du jardin du Luxembourg sous votre patronage). Je suis également docteur en art et sciences de l'art (cinéma-télévision-audiovisuel) de l'université de Paris I-Sorbonne. Pour de plus amples informations me concernant, vous pouvez consulter au près de madame Aucouturier et du bureau du Sénat, un dossier de presse comportant plus de 80 articles se rapportant à mon film ou à certaines de mes expositions de peinture.

Permettez-moi maintenant de vous faire part de l'objet de ma lettre. Si je me suis permis de vous écrire c'est que madame Aucouturier m'a conseillé de le faire dès mon retour de New York, où j'ai séjourné chez le conseiller culturel adjoint de l'ambassade de France, Monsieur Laurent Burin des Roziers. (Celui-ci a d'ailleurs écrit un texte sur mon film et sur le jardin du Luxembourg où mon film se déroule. Ce texte a été publié et se trouve aussi dans le dossier de presse).

Permettez-moi donc de m'adresser directement à vous en suivant les conseils de votre collaboratrice pour vous faire part du projet qui m'anime et qui est né en s'imposant à moi avec force de nécessité lors de mes patientes permanences dans l'Orangerie du jardin du Luxembourg à l'occasion de ma dernière exposition (sous le nom de Laury Aime), du 1er juin au 9 juin dernier.

En effet pendant mes heures d'attentes entre les différentes présentations de mes œuvres aux passants du jardin, seul, au milieu de l'édifice, mon regard était souvent sollicité, au-dessus des cimaises où étaient accrochées mes peintures, par les murs vides, peints en blancs, souvent sales ou fissurés. Et là, j'ai rêvé et j'ai cherché à imaginer des formes et des images comme s'il s'agissait de grandes toiles vierges. Alors des images magnifiques sont apparues à mon esprit. Elles figurent sur ces murs et elles ne demandent qu'à apparaître aux yeux de tous, au grand jour. Aussi je me propose, avec votre permission, d'être l'humble artisan de la révélation de ces peintures murales. Aussi il m'est apparu urgent d'en parler et c'est pourquoi madame Aucouturier m'a dit que pour ce faire il était nécessaire de vous le proposer, car vous étiez le seul habilité à prendre une décision dans la matière.

Je souhaite donc obtenir de vous l'autorisation de décorer l'intérieur de l'Orangerie. Je sais que cette demande peu paraître difficile à satisfaire compte tenu du fait que l'Orangerie a pour principale vocation celle d'accueillir durant la plus grande partie de l'année, les arbres,( palmiers ou orangers) exposés en plein air, durant l'été.

C'est alors seulement que l'Orangerie peut servir de salle de réception ou pour les expositions.

C'est justement parce que l'Orangerie n'est pas seulement une serre et qu'elle constitue par son architecture et sa décoration extérieure une sorte de temple dédié à tous les arts (je vous rappelle que les bustes sculptés des plus grands artistes ornent la façade de l'Orangerie - parmi lesquels Delacroix) que je sollicite de vous l'honneur et la permission de pouvoir parfaire cet espace en réalisant les peintures sur les murs intérieurs.

Tel quel, l'intérieur de l'Orangerie est un espace qui semble en décrépitude pour de nombreux visiteurs.

Une fois peinte comme je l'espère, elle pourra (en plus de sa fonction de serre) apparaître comme le lieu d'accueil que vous proposez heureusement aux artistes durant les mois chauds de l'année.

Permettez-moi de vous dire ici, sans présomption de ma part, que je pense être particulièrement à même d'accomplir cette œuvre et que je pense avoir atteint toute la maturité d'artiste pour ce faire. D'une part mon parcours universitaire (docteur en art et sciences de l'art) me rend extrêmement critique à l'égard des peintres, de l'art et de mon propre travail de peintre: je ne me permettrais pas d'exposer au public ou de peindre une quelconque œuvre d'art qui n'ait pas un sens dans l'histoire de la peinture des origines à nos jours. D'autre part je ne suis pas seulement très critique sur mon travail de peintre, je suis aussi cinéaste, vidéaste et infographiste. C'est dire à quel point je me suis posé la question de la représentation et de l'image et à quel point je pourrais en tirer profit pour la tâche que je vous propose d'accomplir. Je suis sûr que si vous me faites l'honneur de me faire confiance je saurai me montrer digne de cette confiance en vous proposant une réalisation à la hauteur de tous ceux qui ont construit cet édifice.

Vous l'aurez compris je me sens destiné à accomplir ce travail d'autant que le jardin du Luxembourg m'a vu grandir, qu'il constitue le lieu central de mon film La momie à mi-mots, que nous avons reprojeté à l'occasion de mon exposition Moi en toi(t) à l'Orangerie, exposition au cours de laquelle j'ai présenté les ardoises du toit du palais du Sénat que j'avais récupérées lors de la rénovation du toit et que j'ai peintes. Monsieur Michel Richard (de la Questure, à qui j'ai récemment prêté à sa demande un extrait de mon film pour l'exposition Média-Sénat) vous confirmera aussi que depuis dix ans je filme en vidéo le jardin du Luxembourg sous toutes ses coutures. Cela donnera, je l'espère, un jour un film et je profite de cette missive pour vous proposer également de m'aider à réaliser ce projet.

Si j'en crois madame Aucouturier et madame Fradet, mon expo a plu et nombreux sont ceux qui leur ont dit du bien de mon travail. N'ayant pas eu la chance de vous montrer moi-même mes œuvres à cette occasion, je suis prêt à vous présenter ma peinture, si vous le souhaitez, et si vous pouvez vous rendre à mon atelier situé non loin du Jardin du Luxembourg, ou si vous le préférez, je peux venir vous montrer des reproductions qui j'espère vous plairont et vous convaincront peut-être que le résultat de mon travail à l'orangerie sera intéressant pour tous.

Permettez-moi donc d'espérer obtenir votre bienveillante autorisation pour ce projet.

En vous remerciant de votre attention veuillez agréer, monsieur le Président, l'expression de mes sentiments les plus respectueux.

Laury Granier

 


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Révision : 01 août 2003