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Revue Udnie n°0

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ISABELLE DELAGE-LIDOLFF:

ROMITI

S1 l'on s'en tient au sens littéral, "Romiti" signifie le solitaire, l'ermite (XIIème siècle, "hermite", vers 1120, latin eccl., "eremita", grec, "eretmitès", qui vit dans la solitude, de "érémos", le désert).

A s'enfoncer ainsi dans le sens du nom, on saisit l'oeuvre du peintre dans ce qu'elle a de plus intime, de plus poétique; je devrais dire de plus impudique.

L'exil métaphysique, 'c'est l'épreuve de la déviation mentale. Les biographes parlent de falsification et d'écart par rapport à son époque. Romiti se préoccupe d'éviter les autoportraits; pourtant, il existe un petit portrait involontaire de l'artiste où l'on retrouve sa manière expéditive et même revêche de ne laisser aucun doute sur le composant intellectuel de sa peinture.

Si l'on consulte la partie la plus textuelle du répertoire poétique du langage de Romiti, c'est à dire sa production initiale (1), la persistance de certains thèmes comme la table, les boucheries, semblent "prétextes de la vision, prétextes même de l'existence"(2).

LA TABLE. Mais pourquoi Cézanne, Picasso, et ce que l'on appelle communément la culture savante ont-ils, avant Romiti, privilégié la table? Table qui présente des objets à une attention analytique, table piégée entre les murs de l'atelier, lieu de solitude où de la réalité il suffit d'avoir un échantillon: l'échantillon

le plus familier, le plus quotidien, et par conséquent;

le plus facile et le plus difficile à analyser. La table est donc, pour Romiti, l'enjeu de cette manière méditative. La table est "le besoin d'un discours pur et dépouillé", notait le critique Archangeli à propos des premières toiles de Romiti, "une peinture qui donne des images d'un rapport dur et difficile" (Russoli).

Dans TABLE AVEC DES FLEURS ROUGES de 1950, les

corolles sont comme deux points fixes. Réduire tout ce,

qui entretient le flux de la vie, concentrer son esprit sur cette table. Abandonner son énergie sur cette chose unique, jusqu'à la sentir glisser, se défaire comme si elle était plus fragile que les fleurs. On peut y lire la dialectique d'une rupture dans les clairs et les obscurs, la couleur brûlée de Romiti, le côté sensible du squelette-table qui est squelette de lumière.

Cette obsession qui a trait aux objets les plus usuels est l'expression d'une poétique du retranchement. C'est l'épreuve du nom.

(1)Fin des années 1940, début des annees 1950

(2)Maurizio Calvesi, catalogue de l'exposition de la galerie d'art moderne de Bologne, sur Sergio Romiti, 15 mars - 10 mai 1976.

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Révision : 15 avril 2003