A N T I C Y T H E R E
SYNOPSIS (Abrégé)
Un voyage à Anticythère : île avant Cythère, avant la beauté.
Lorsque FRANCOIS-RENE, écrivain, débarque (est-ce en rêve ou en réalité ?) à Anticythère, lieu sacré où le feu (volcan) couve encore sous la mer, c'est pour, dépouillé de tout, accomplir une descente au centre de lui-même
Il débarque dans l'île et on ne sait rien de lui, parce qu'il ne sait rien de lui. Il est à ses propres yeux ce qu'il est pour les habitants de l'île : un être de passage, un étranger, peut-être un fou.
La peur qu'éprouvent les insulaires à l'approche de FRANCOIS-RENE n'est qu'une projection de la peur qu'il éprouve devant l'inconnu en lui-même. Crise de l'identité, exacerbée par la rencontre de NIKOS : figure ambiguë, initiatrice, peut-être paternelle qui incarne la loi et le passé culturel.
La problématique de l'identité s'ouvre sur une aventure simultanée de l'œil et de l'écriture. L'être, tendu vers son centre, est pris entre cécité (découverte des lapins aveugles de l'île) et voyance. L'œil, mis à vif, déchiffre les signes et les symboles : présence de l'âne (animal satanique) et des cochons (Circé), présage de mort (squelette des arbres, tombes) et de renaissance (poissons, lune).
L'apprentissage du regard coïncide avec l'apprentissage de l'écriture. FRANCOIS-RENE cherche à écrire une histoire à partir de la légende de l'île : un fils de roi refuse de devenir roi. Il vole le trésor des Spartiates qu'il cache dans une grotte à Anticythère, où il se réfugie avec celle qu'il aime. Les soldats du roi retrouvent les fugitifs mais ne parviennent pas à retrouver le trésor. Le roi fait alors murer toutes les entrées des grottes, enterrant vifs les amants.
Le scénario prend la forme d'une superposition de quatre histoires : celle de FRANCOIS-RENE et de la cantatrice qu'il découvre endormie, jambes écartées, sur la plage ; celle des amoureux de la légende - NEOPTOLEME, le spartiate voleur, et son amante ISMENE ; celle de MARINA et d'ARISTIDIS, revenus à Anticythère où ils se sont aimés pour la première fois ; celle d'un couple et de leur petite fille, dont le bateau a accosté près de l'île.
Ces histoires ont pour centre générateur une mort : la mort de la cantatrice, tuée par FRANCOIS-RENE, renvoie à la mort des amants légendaires, prisonniers de la grotte tombale, et à la mort de la petite fille du couple, victime d'une tempête en mer. Les sédiments de chacune des histoires se mêlent, faisant éclater la temporalité.
La crise de l'identité est portée à son paroxysme par l'intrication des intrigues.
Les êtres échangent leurs identités, doubles qu’ils sont les uns des autres. Le policier NIKOS et le roi spartiate effacent leur dissemblance. La cantatrice morte, que FRANCOIS-RENE enterre dans la même grotte où les amants de la légende ont été jadis enterrés avec leur trésor, tend à se confondre avec ISMENE. La mort de la petite fille du couple est une métaphore de la mort spirituelle traversée par FRANCOIS-RENE : l'enfant est enterrée à l'endroit exact du cimetière où l'écrivain s'était endormi. Métamorphoses par lesquelles s'abolit la frontière arbitraire entre les êtres devenus protéiformes.
Le scénario se termine sur la mort de la cantatrice, tuée par FRANCOIS RENE. Cette mise à mort sacrificielle est libératrice. Elle coïncide avec la mise au monde d'un chant...