Autour du vidéopoème: "La porte"
Midrash de la mer.
On me dit qu'il est impossible de rejoindre le Portugal par bateau comme le faisaient autrefois les grands navigateurs. Je prends donc un billet d'avion pour le sud du Portugal, pour Faro. Je me propose de rejoindre la pointe de Sagrès, Porte des Mers explorées sous l'inspiration d'Henri dit le Navigateur.
Première porte: renaissance
Faro: Pensao (pension) Dandy. J'ai apporté ma vidéo, au cas où... C'est ma première journée au Portugal, au pays du coq (gallus) amoureux, au pays du coq soleil. Je filme. Je ne suis donc pas aussi seul que j'en ai l'air puisque, dès que je regarde dans cet instrument allumé, j'ouvre une fenêtre dans l'espace et le temps, à travers laquelle regardent des spectateurs virtuels. Grâce à cet outil, je suis pluriel.
C'est la nuit, de nombreuses étoiles, la ville ressemble à un jardin.
Une plume d'écrivain en bronze est plongée au sommet de la "porte-encrier" de la vieille ville.
Je me concentre intensément pour respirer profondément et faire entrer en moi le décor qui m'entoure. Grâce à cet exercice, j'ai peu à peu conscience que chacun de mes pas sur le sol pavé de la ville laisse une trace indélébile dans l'invisible.
Un bateau accosté semble prêt à partir. Découverte d'un chemin de fer le long de la mer.
Entre les rails, un trou assez profond. Je suis tenté de découvrir le point de vue que cette cachette offre. Je m'y engouffre et je filme la perspective de la voie ferrée à ras de rail. Surgit soudain un train qui passe avec fracas au-dessus de ma tête.
Je continue de filmer le dessous du train et ses innombrables roues qui roulent de part et d'autre à quelques centimètres de moi.
Puis j'emprunte à pied la voie ferrée. Elle mène à la rue de la nouvelle porte, Rua do porta nova.
La porte: une obsession. Fermée, elle est infranchissable, sacrée. Ouverte à demi, elle attire ma curiosité. Ouverte entière, j'entre: c'est le Teatro Laboratorio de Faro.
On y joue une pièce en portugais sur la guerre et les dangers atomiques, sur l'enfermement et la mort.
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