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Tribune 2000

novembre-décembre 1998 n°11

La danseuse et la mondaine

Ils se situent en-dehors, Karim Dridi, auteur et réalisateur d’Hors-jeu, de par le choix de son titre, de son sujet et de la façon de le filmer, Laury Granier, à cause de la construction, du montage et des idées dépeintes dans La Momie à mi-mots. Ils sont de la même génération. Trentenaires tous les deux, Karim est né à Tunis, est autodidacte et, après le magnifique Pigalle, suivi d’un Bye-Bye tendre et amer, il présente avec Hors-jeu son troisième opus.

Laury est parisien, docteur en art de la Sorbonne, peintre et La Momie à mi-mots est son premier long métrage. Il a filmé la danseuse Carolyn Carlson dans les jardins du Luxembourg, contant le rêve d’une femme allégorique, glissant parmi les statues et les fontaines, les apparitions étonnées, maîtresse d’un ballet romantique dont l’achèvement progressif la métamorphose en momie, prélude à une renaissance éclatante. Étranges et poétiques images sans paroles, ponctuées par une musique faite de harpe, de piano, ou de bols chantants tibétains, aux sonorités profondes et paisibles.

" Pigalle et Bye-Bye s’orientaient déjà sur l’idée d’une fusion, entre un réalisme pur et dur et une fiction onirique. Avec Hors-jeu, je pense avoir franchi un cap dans cette voie " précise Karim Dridi. Le rêve, c’est celui d’Ange (Philippe Ambrosini, l’acteur fétiche du réalisateur, éblouissant) qui à trente-cinq ans, veut enfin voir décoller sa carrière d’acteur. Il laisse Belleville et les amis pour, très sûr de lui, décrocher " le " rôle. Un fou-rire " Excusez-moi, c’est nerveux ", suivi d’un " Je vous remercie, ça suffira " mettent un terme à ses désirs de gloire. Ulcéré par son échec, d’autant plus qu’il vient de tomber amoureux de Concepcion (la fascination Rossy de Palma, révélée par Pedro Almodovar), il décide, avec elle, de rejouer sa scène. Muni d’un revolver, il fait irruption dans un appartement cossu où sont réunis Patrick Bruel, Miou-Miou, Michel Galabru et Clotilde Courau en compagnie de leur hôtesse, Arielle Dombasle. Les cinq stars jouent leur propre rôle, prétexte d’une répétition avant tournage, et étonnante idée scénaristique de Karim Dridi. " C’est une histoire d’amour, et vous êtes les figurants " leur lance Ange, s’improvisant acteur et metteur en scène d’une tragi-comédie entre passion naissante et illusion perdues. Son hors-jeu le fait sortir des conventions du théâtre, mais aussi de celles de la vie : les déconvenues ne sauraient déranger les convenances. Un salon des beaux quartiers ne se prête pas à une représentation de saltimbanques : le gratin sait depuis toujours comment rester au-dessus des bas morceaux. Seule la blonde Arielle, toujours tellement elle-même en bourgeoise élégamment superbe, distillant les mots comme se jouant des situations, pouvait parcourir ce drame et l’éclairer, à la manière de la sublime Carolyn Carlson parmi les figures de pierre ou les petits enfants du jardin. Enchanteresses ? Probablement. L’une parle et l’autre pas. Elles ne font que passer dans le décor choisi par leurs créateurs, et possèdent l’art de charmer leurs spectateurs. Et de leur offrir un peu de rêve.

Daniel Simon

 

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Révision : 12 avril 2003