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L’école des Lettres, second cycle, 1998-1999, n°7

La Momie à mi-mots, ou l’image-rêve

 

Laury Granier est un homme-orchestre ou un extraterrestre. Peintre, scénariste, réalisateur, producteur, distributeur, il présente un film qui a tout d’un OVNI dans le paysage cinématographique actuel, dominé par les superproductions. La Momie à mi-mots est un moyen-métrage muet, il n’a pas d’intrigue proprement dite, ses personnages sont à mi-chemin entre rêve et réalité. Enfin sa forme ne ressemble à aucune autre.

Dans un jardin imaginaire formé à partir de plusieurs jardins parisiens, une danseuse - Carolyn Carlson - met en mouvement les étapes clés de toute religion naissante : persécution, agonie, momification et résurrection. Les métamorphoses de son corps figurent de surnaturelles apparitions et mettent en scène des rituels obscurs ou lumineux. Mais si la danse est l’art majeur qui donne à ce film sa trame, tous les autres arts sont également sollicités. La peinture, avec les miniatures du réalisateur lui-même qui divisent le film en neuf chapitres, la sculpture, à travers les statues des jardins, la musique bien sûr, dont le rythme envoûtant se communique à la pellicule. Car le film surprend surtout dès les premières images par son montage. Privilégiant l’ellipse et la discontinuité, Laury Granier travaille image par image, coupant au cœur même des séquences pour leur assurer un tempo rapide, qui rejoint celui du cinéma des premiers temps.

Le résultat est déconcertant. Il heurte d’abord notre œil si habitué au montage réaliste, puis insensiblement il lui restitue une sorte de fraîcheur. Alors les joies chromatiques, les surprises auditives, les bonheurs visuels offerts par la danse, se fondent pour former une poésie à mi-mots, toute proche du rêve, qui naît de l’alliance de tous les arts.

Certes, il s’agit là d’un film expérimental qui ne doit être vu que si on est dûment prévenu de ce qu’il recèle. Mais on peut regretter que ce genre d’expérience soit si rare dans le cinéma d’aujourd’hui.

Victoria Attal

 

 

 

 

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Révision : 12 avril 2003