L’Humanité
(Mercredi 18 novembre 1998)
par Jean Roy
La momie à mi-mots
Voilà. C’est un film. Un premier film comme on dit, fait avec davantage de cœur que d’argent, avec une volonté tenace d’aboutir qui se voit à l’écran. Dans certaines œuvres, on sent l’urgence, dans d’autres le goût d’absolu, ici c’est le désir de faire comme on l’entend, de retrouver un besoin de poésie sensible, tactile et charnelle, quelque part entre le cinéma expérimental, le film de danse façon Bouvier et Obadia, le Vigo d’" A propos de Nice ", quelque chose d’inclassable qui séduit dans son refus de la norme à moins qu’il agace par son dandysme. Il y a là Carolyn Carlson, Philippe Léotard, Jean Rouch et d’autres encore. Ils sont plus jeunes qu’on les connaît désormais, émouvant témoignage d’un accouchement qui fut long, d’un tournage se prolongeant au fil de la bourse de son auteur : Laury Granier, cinéaste de la ténacité qui se voit enfin récompensé par une sortie, aussi modeste soit-elle (une salle à Paris, le Denfert).