Le Quotidien de la République
n°8 du 25 nov. 1998
par René Marx
"Film Chimère pour un drôle d’artiste": "Carolyn Carlson, Philippe Léotard, Jean Rouch, brillante et curieuse distribution, pour un film atypique, à l'écart des modes, et pour lequel Laury Granier a travaillé la bagatelle de neuf années pleines. Ce metteur en scène, monteur, scénariste, producteur, peintre, a bravé tous les obstacles pour parvenir à cet objet filmique non identifié de quarante deux minutes, sans dialogue, mosaïque étonnante de sons et images adoptée par le cinéma Le Denfert à Paris. Le film a fait le tour des festivals, de la Turquie à l'Allemagne, du Canada à la Croatie. Il durait plus de deux heures à l'origine. Les mois passant, Granier a tranché dans le vif, convaincu aujourd'hui d'avoir atteint la dimension correcte pour son œuvre étrange et émouvante. Tous les réalisateurs se battent pour leur film, rien de plus naturel. Mais il est assez stupéfiant d'écouter Laury Granier défendre son travail (...) il mobilise Tavernier, Rappeneau, des écrivains, des critiques, des enseignants, des enseignants de Cinéma.(...) Une telle combativité étonne et bouscule. Ce film est une chimère, son inventeur un drôle d'artiste. On voudrait parler de cinéma expérimental, bien sûr, mais ce qui touche vraiment, c'est cet homme qui fait corps avec son film, comme si tout en dépendait. Il a trouvé un joli mot pour le définir: "Momerie". La Momie à mi-mots (hommage à Bobby Lapointe?) est une bien troublante performance."