" La momie à mi-mots": Un essai cinématographique.
Genèse d’un film.
II. 5. b. 5. Les costumiers
On a déjà vu, dans la partie consacrée au choix des acteurs, l’importance que j’accordais aux costumes.
Pendant la préparation du tournage, je me suis donc beaucoup préoccupé de cet aspect du film. J’ai trouvé moi-même certains vêtements en fouillant dans les tissus rapportés de mes voyages en Amérique Latine
et en fouinant dans la garde-robe de mes actrices (Anne-Laure Meury, Florence Clélia).
J’ai aussi trouvé un costume extraordinaire pour Michèle Finck: un manteau en fil d’or dessiné et cousu-main par le sculpteur Sarah Lipska pour les ballets Diaghilev, que l’on m’a prêté.
Le châle posé sur la statue de l’Ecriture, que Philippe Léotard a porté, a lui aussi été brodé par Sarah Lipska.
C’est la styliste Béatrix Kele qui nous a prêté un étrange chapeau, en papier d’aluminium doré à longues franges orange, que Michèle Finck devait porter dans la séquence avec les mouettes.
Pour Carolyn, j’ai dû faire appel, comme nous l’avons vu, à une costumière de métier,
Geneviève Halligon et à son assistant Hanu Kysk, et créer avec eux des costumes originaux.
J’ai choisi les couleurs, les matières des tissus et j’ai souhaité, avec Carolyn, que l’accent soit mis, pour certains d’entre eux, sur le voile et le drapé. Ces costumes, qui se sont imposés en dernière minute, ont aussi occasionné de nouvelles dépenses auxquelles il a bien fallu faire face. Pendant le tournage, j’avais obtenu que les costumiers soient présents, eux aussi, et soient à la disposition des acteurs. Ils ont servi d’habilleurs, parfois de maquilleurs et nous avons vu qu’Hanu Kysk a finalement incarné le rôle de l’aveugle. J’avais prévu une maquilleuse de métier pour Carolyn, mais comme Carolyn ne voulait être maquillée que par elle-même, nous avons dû nous en passer (les autres acteurs ont choisi leurs maquillages eux-mêmes, sur mes conseils). Carolyn et moi avions convenu, pour elle, d’un maquillage plutôt blanc. J’ai souvent pensé lors du tournage, à ce que Jean-Luc Godard a écrit à ce sujet essentiel:
"La beauté, le maquillage. Dans le fond, le cinéma n’a jamais fait partie des industries des communications ni de celle du spectacle, mais de l’industrie des cosmétiques, des masques, succursale elle-même de l’industrie du mensonge"127.
Toutefois cette remarque n’est pas entièrement valable pour mon film, où le maquillage a finalement joué un rôle mineur: les masques, en revanche, ont pris une grande importance.
127 Jean Luc Godard, extrait de Histoire(s) du cinéma in Le Monde du 15 décembre 1994, page 17.