ACCUEIL DU SITE

Accueil ANTICYTHERE

Note d'intention

Synopsis (abrégé)

Synopsis (complet)

Anticythère (la nouvelle)

ANTICYTHERE (le scénario découpé) 

 

LE SCENARIO entier à télécharger

document word 97 

 

ANTICYTHERE

Le scénario ci-dessous a été écrit par Laury Granier 

en collaboration avec Michèle Finck

Il est dédié à Luc-François Granier

 

Anticythère, scénario de long-métrage, est sélectionné par le Jury du Grand Prix du Meilleur Scénariste en 1989, organisé par La Générale des Eaux et La Closerie des Lilas, présidé par Isabelle Huppert. Il est placé dans les 6 meilleurs scénarios (sur 420).

 

1- EXT-. - PORT - JOUR (REVE DU PASSAGER)

Les reflets des mâts de voiliers s'entrecroisent comme des serpentins lancés dans le mouvement calme de la mer. Lentement ils disparaissent et font place à la mer sans reflet.

La partie supérieure d'une poutre de bois flotte dans la mer. C'est la base d'un radeau.

Le montant supérieur d'un lit en fer forgé sombre se trouve sur le radeau. A travers les volutes de métal du lit qui dessinent deux dauphins, on distingue à droite une tête posée sur un oreiller. Sur la gauche, sur l'autre oreiller, le manche d'une guitare à six clés. Une couette recouvre l'HOMME et la guitare. Le manche de la :guitare bouge sur l'oreiller.

Un vol de mouettes passe au-dessus du lit; elles sont rieuses. La couette se soulève verticalement par rapport au lit en laissant échapper des milliers de plumes. Elle disparaît L'HOMME est couché sur le côté, il est vêtu d'une robe de chambre en satin rayé de couleur bordeaux. Sa main droite est posée sur le sexe de la guitare pendant que la gauche entoure l'encolure du manche.

La main droite de l'HOMME caresse les cordes.

On dirait que 1'HOMME rêve.

La caresse provoque un son qui est suivi d'un autre aussitôt .

Les doigts tirent lentement les cordes une à une. Les sons s'accélèrent et deviennent des phrases musicales qui accompagnent un lieder de SCHUBERT.

La main gauche s'est relevée sur le manche de la guitare et les doigts appuient sur les cordes pour oser des accords.

Au fur et à mesure que la mélodie se précise, l'HOMME commence à remuer: son corps allongé s'appuie sur son coude mais sa tête repose dans le creux de son bras gauche. L'HOMME a les yeux fermés.

Sifflement d'une corne de brume dans la nuit.

FONDU ENCHAÎNÉ

2 – EXT. - PONT D'UN BATEAU DE CROISIÈRE - NUIT.

Le sifflement de la corne de brume perd peu à peu de son intensité à mesure que l'on découvre la scène.

On ne voit qu'une guitare posée contre un sac à dos appuyé sur le bas d'une cloison.

Au pied de la guitare, légèrement à droite, un visage de femme dans un sac de couchage. ELLE est endormie. Son visage est clair et dévoile des traits réguliers. ELLE est belle.

FONDU ENCHAÎNÉ

3 - EXT. - PORT - JOUR (SUITE DU RÊVE)

 

La tète de l'HOMME appuyé sur son bras se soulève vers le manche de la guitare. De son visage émane une expression amoureuse.

Le corps de l'HOMME se rapproche de la guitare qu'il étreint. tout en continuant à jouer. Ce sont les dernières mesures du morceau qui accompagnent la fin du lieder de SCHUBERT.

Second sifflement de corne de brume dans la nuit.

FONDU ENCHAÎNÉ

4 - EXT. - PONT D'UN BATEAU DE CROISIÈRE - NUIT (SUITE DU PLAN 2)

Des sacs de couchage sombres sont étendus perpendiculairement par rapport à la cloison. Au pied de celle-ci se trouvent quatre sacs à dos. La guitare est posée debout contre l'un d'eux.

Un des sacs de couchage remue; QUELQU'UN s'assied.

On reconnaît le même visage que l'HOMME du rêve. Il tâtonne à la recherche de ses lunettes et les met. Il allume une cigarette puis il sort de son sac de couchage s'étire, se dirige vers la balustrade , se penche et fixe le paysage:

la mer sur laquelle s'élève une bande de terre est éclairée car la lune.

Des bruits de voix indistinctes proviennent de la mer.

Le PASSAGER tire sur sa cigarette allumée et regarde:

une traînée de lumière provenant d'une porte ouverte dans la coque, éclaire une embarcation accostée le long du bateau. Derrière elle, une seconde embarcation attend son tour; à la différence de la première, qui est pleine à craquer de caisses et d'énormes sacs, celle-ci est vide. Un HOMME est assis à l'avant du second bateau.

De l'ouverture, dans la coque, sortent des caisses qui sont remises par des MARINS à l'HOMME qui se trouve dans la première embarcation; celui-ci les place dans son bateau.

D'un coup de rame, l'embarcation prend le large.

L'HOMME DE L'EMBARCATION (lance en grec , tout en ramant)

 

γεια σας, θα τα πουμε την επομενη εβδομαδα

*(Au revoir, à la semaine prochaine !)

 

UN MARIN (il répond de l'ouverture de la porte du gros bateau, en grec)

 

αν το επιτρεπει η θαλασσα να μπουμε στον ορμο

*(Si la mer nous permet d'entrer dans la rade. Salut !)

Le PASSAGER aspire lentement une bouffée de tabac. I1 regarde, songeur, devant lui.

On entend des bruits de pas qui proviennent du pont.

Sur la droite, un HOMME de taille moyenne, portant un uniforme d'officier de marine, s'avance.

L'HOMME tire de sa poche poitrine une cigarette qu'il porte à ses lèvres et cherche vainement du feu dans ses poches.

L'OFFICIER (en grec)

μηπως εχετε φωτια, σας παρακαλω ?

*(Auriez-vous du feu, s'il vous plaît ?)

LE PASSAGER

 

Oui, oui...

IL lui tend un briquet.

L'OFFICIER

 

French ? Thank you ! You do not sleep, mister ? Cold ? Insomnia ?

*(Français ? Merci ! Vous ne dormez pas Monsieur ? Froid ? Insomnie ?)

Bruit de la corne de brume.

LE PASSAGER

 

No, just because of the noise of that...Would you please tell me where we are ?

*(Non, simplement à cause du bruit de ça... voudriez-vous m'indiquer où nous sommes ?)

 

L'OFFICIER

 

This is ANTIKITHIRA...a small isle.

*(C'est ANTICYTHERE...une petite !le.)

 

L'OFFICIER montre l'embarcation au-dessus de lui.

 

We have to stop here to give them food. It's a small isle without confort: no electricity, no T.V., no car...just a shop. Two months ago, we arrived with few children who spent holidays with their grandparents and the whole isle was burning in the night...Ima...

*(Nous devons nous arrêter pour leur apporter de la nourriture. C'est une petite !le sans confort: pas d'électricité, pas de télé, pas de voiture ... seulement un magasin. I1 y a deux mois, nous arrivâmes avec quelques enfants qui viennent passer leurs vacances chez leurs grand-parents et file entière était en feu pendant la nuit ... Im

 

LE PASSAGER (l'interrompant)

 

I want to land here.

*(Je veux débarquer ici.)

 

Le PASSAGER quitte la balustrade et se dirige vers son sac de couchage, qu'il replie.

 

L'OFFICIER

 

Land here ! You're joking !

(Débarquer ici ! Vous plaisantez !)

 

Mister, you are not going to land here ?

*(Monsieur, vous n'allez pas débarquer ici ?)

 

LE PASSAGER

 

Yes, yes my friend, I'm going to stop my trip here. What a dream !...What a dream !...

*(Oui, oui mon ami, je vais arrêter mon voyage ici. Quel rêve ! ...Quel rêve !)

 

5 - EXT. - MER - NUIT

 

Sur la mer, la seconde embarcation accostée le long de la coq-ae du gros bateau de croisière. A son bord, un HOMME éclairé en contre-jour par la lumière provenant de la porte qui se trouve derrière lui et d'où un MARIN 1 ui passe une caisse qu'il dispose au-dessus d'une masse sombre dans la barque.

 

Le MARIN réapparaît portant à bout de bras un sac à dos.

 

L'HOMME de l'embarcation prend le paquet volumineux et le pose au-dessus des caisses. Une grosse gourde revêtue de polystyrène clair est attachée à l'extérieur du sac à dos.

 

Face au PASSAGER. L'OFFICIER apparaît dans l'embrasure de la porte.

 

L'OFFICIER

 

I forbid you to leave us You're not going ...

*(Je vous interdit de nous laisser... Vous n'allez pas...)

 

LE PASSAGER (froidement)

 

Who are you to forbid someone to do what he wants. Haven’ t I paid my ticket?

*(Qui êtes-vous pour interdire à quelqu'un de faire ce qu'il veut. N’ai-je pas payé mon billet ?)

 

Il se retourne vers le MARIN qui se tient debout contre le montant de la porte.

 

It is not possible to land here ?

*(Est-il interdit de débarquer ici ?)

 

Le MARIN hoche la tête de haut en bas à la façon grecque pour dire non.

 

No, so let me go.

*(Non, alors laissez-moi descendre.)

I1 descend dans l'embarcation et se retourne vers l'ouverture lumineuse.

Good bye !

*(Adieu !)

L'OFFICIER

As you like, Sir, but you'll have to wait for a week to go back !

*(Comme vous voulez, Monsieur, mais vous aurez à attendre une semaine pour rentrer !)

L'HOMME de l'embarcation éloigne son bateau d'un coup de rame sur la coque.

Celle-ci prend le large. Le PASSAGER est assis à l'arrière.

La lourde porte du gros bateau se referme comme une pierre sur un tombeau. Bruit sourd et profond qui accompagne les plaisanteries en grec et les rires des marins

Ειναι τρελλος !

* (C'est fou ! )

μα του ειπες πως ειναι το νησι ?

*(Mais tu lui as dit comment est file ?)

 

 

αχ, αχ, ναι !

* (Oui ! ah ! ah ! )

 

Bruit des chaînes des ancres que l'on remonte.

 

6 – EXT. - EMBARCATION ET JETEE - NUIT

 

DANS CETTE SCÈNE TOUTE UNE SÉRIE DE PLANS SE SUCCÈDENT RAPIDEMENT LES UNS APRÈS LES AUTRES OU EN FONDUS ENCHAINES.

 

SEUL LE BRUIT DE L'EMBARCATION QUI VOGUE SUR LA MER CALME ET DES RAMES QUI FENDENT L'EAU ACCOMPAGNENT LES IMAGES.

 

L'HOMME est debout, à l'avant de l'embarcation, et rame vigoureusement, à un rythme régulier.

 

A gauche, une bande de terre en demi-cercle, éclairée par la lune.

 

La tète du RAMEUR qui se retourne pour regarder le PASSAGER.

 

Il a la tète tournée en arrière et regarde le gros bateau dont le contour est dessiné par des ampoules allumées, qui se détachent du fond sombre de la nuit.

 

On perçoit faiblement le bruit des moteurs.

 

Le PASSAGER se retourne : une légère angoisse se lit sur son visage. I1 regarde

 

la grosse masse claire en polystyrène suspendue sur le dessus du sac à dos couché sur une caisse, la rame qui fend l'eau aussi régulièrement qu'auparavant;

 

elle laisse traîner chaque fois qu'elle sort de l'eau une chevelure de gouttes d'eau argentées, les bras vigoureux du RAMEUR sculptés par sa force,

 

et ces lueurs qui s'agitent à l'avant du bateau, sur la je tee . Ce sont des lampes de poche.

 

L'HOMME DE L'EMBARCATION

(en grec, d'une voix forte pour que les personnes qui se trouvent sur la jetée puissent entendre)

 

ελατε να δειτε ! εχω ενα ξενο μαζι μου.

*(Venez voir ! J'ai un étranger avec moi.

 

L'HOMME de L'EMBARCATION se retourne comme pour s'assurer que le PASSAGER n'est pas tombé à l'eau.

 

Il est toujours là; auréolé par la lune qui est basse dans le ciel et regarde toujours devant lui avec une curiosité mêlée d'appréhension...

 

Les silhouettes de nombreuses personnes se sont rapprochées du bord de la jetée.

 

Sept lampes électriques sont braquées sur le PASSAGER alors qu'il s'apprête à sortir de l'embarcation.

 

Le visage du PASSAGER dénote la peur. I1 est éclairé par le faisceau des lampes de poche et s'obscurcit peu à peu.

 

Il ne reste que trois lampes braquées : elles s'éteignent comme les précédentes.

 

Les HABITANTS du village s'éloignent pendant que le PASSAGER monte sur la jetée.

 

Des silhouettes gravissent un chemin sur lequel se détachent de longues ombres.

 

Les HABITANTS restés sur la jetée observent le nouveau venu. Ils aident à décharger les caisses de vivres qu'ils entassent sur la pointe de la jetée.

 

Derrière elles, la mer éclairée par la lune.

 

Sur la mer, au loin, les petits points lumineux que dessinent le gros bateau de croisière qui, peu à peu, disparaît. On entend en grec la voix d'un HOMME .

 

L'HOMME

 

ξερεις ποιος ειναι ?

*(Tu sais qui c'est ?)

 

Un coup de corne de brume dans le lointain.

 

L'HOMME DE L'EMBARCATION

 

δεν ξερω, ενας ναυτης ειπε οτι ειναι τρελλος

*(Je ne sais pas, un des marins a dit que c'était un fou.)

 

AUTRE VOIX

 

πρεπει λοιπον να τον φοβομαστε

*(Alors il va falloir se méfier.)

 

Autre coup de corne de brume dans le lointain.

 

FONDU AU NOIR

 

7 - EXT. - CAMPAGNE - MATIN

 

Un chemin sur lequel le PASSAGER est couché, dans le lointain, la maison du policier. Un groupe d'hommes se tient debout -devant la balustrade en fer forgé d'une maison rose.

 

8 - EXT. - MAISON DU POLICIER - MATIN

 

UN HOMME (en grec)

Νικο ! Νικο ! ξυπνα !

*(NIKOS !...NIKOS ! Réveillez-vous !)

 

L'HOMME est vieux, il a le visage ridé, sa peau est tannée par le soleil, son regard est dirigé vers le haut.

 

La porte qui donne sur la plate-forme en haut des marches de l'escalier est peinte en bleu et rose. La peinture est vieille; on sent que l'on en a passé plusieurs couches qui se sont craquelées.

 

La porte s'ouvre, un homme grand et dont la tête est ronde, cheveux noirs et frisés, apparaît.

 

NIKOS (en grec, voix rave et enrouée, surpris par le groupe d'hommes )

 

γιατι ολος αυτος ο θορυβος ! θαλεγε κανεις οτι το κανετε επιτηδες να

να ξυπνησω νωρις. Τι σας βιαζει λοιπον ?

*(Pourquoi tout ce bruit ? On dirait que vous faites exprès de me réveiller de bonne heure. Alors, qu'y a-t-il de si pressant ?)

 

Les visages des sept vieux sont diriges vers lui; derrière eux, les toits des maisons du village qui descendent comme des gradins jusqu'à la mer.

 

Le voisin de l'HOMME qui appelait tout à l'heure NIKOS prend la parole. Une expression inquiète se lit dans les yeux bleu profond de cet homme.

 

L'HOMME (intimidé)

 

Κυριε της ασφαλειας, το χωριο ειναι ανησυχο διοτι αποβιβαστηκε ενας

ξενος αυτην την νυχτα.

*(Monsieur le chargé de la Sécurité, le village est très inquiet car un étranger a débarqué cette nuit.)

 

Le visage de NIKOS s'illumine. NIKOS écoute maintenant avec plus d'attention.

 

Θα θελαμε να ξεραμε ποιος ειναι !

Οι γυναικες μας ανησυχουν για τα μικρα !

*(Nous voudrions savoir qui il est ! Nos femmes s'inquiètent pour les petits!)

 

NIKOS (incrédule)

Ενας ξενος εδω ?

*(Un étranger , ici ?!)

 

Les têtes des sept VIEILLARDS en mission s'inclinent en signe d'acquiescement.

 

L'un d'entre eux ajoute avec insistance

 

L'HOMME

 

Ναι, εκει περα, κοιμαται πανω στον δρομο

*(Oui, 1à-bas, il dort sur le chemin.)

 

Un autre :

 

L'AUTRE

 

Και αν ειναι λαθρεμπορος !

*(Et si c'était un contrebandier !)

 

NIKOS (pontifiant)

 

Πραγματι ειναι ασυχναστο ...

Ησυχαστε, θα παω να του ζητησω τα χαρτια και θα σας ενημερωσω

*(C'est en effet très rare ...Calmez-vous, je vais aller lui demander ses papiers et je viendrai vous renseigner.)

 

NIKOS descend les marches de l'escalier et remonte le chemin en direction du PASSAGER endormi.

 

FONDU AU NOIR

 

9 - EXT. - CAMPAGNE - MATIN

 

Le PASSAGER est endormi dans son sac de couchage.

 

NIKOS debout, au-dessus de lui, l'observe.

 

NIKOS (se risque en anglais)

 

Mister... Mister...

*(Monsieur ...Monsieur...)

 

Le PASSAGER se réveille et regarde NIKOS qui lui semble impressionnant, vu d'en bas.

 

LE PASSAGER

 

Oui .....Yes.

*(oui.)

 

NIKOS

 

I'm glad you speak English...I'm from the police...People is afraid of your presence, it's very unusual to have strangers here. I'm sorry but I have to ask for your papers.

*(Je suis heureux que vous parliez anglais ...Je suis de la police .... Les gens ici ont peur de vous, c'est très rare d'avoir des étrangers ici. Je suis désolé mais je dois vous demander vos papiers.)

 

LE PASSAGER

 

Certainly.

*(D'accord.)

 

Défaisant son sac de couchage, le PASSAGER tire de dessous sa chemise un petit sac de toile fermé attaché autour de son cou.

 

I1 l'ouvre et tend à NIKOS son passeport.

 

NIKOS l'ouvre et commence à le lire.

 

NIKOS

 

French ...FRANCOIS-RENE...What's mean "écrivain" ?

*(Français ...FRANCOIS-RENE .... Que veut dire "écrivain" ?)

 

FRANCOIS-RENE

 

Writer.

* (Écrivain)

 

NIKOS

 

You're welcome. I am sorry, but people here is so suspicious ......

*(Bienvenu. Je suis désolé, mais les gens ici sont si soupçonneux.)

 

FRANCOIS-RENÉ

 

It doesn't matter, I'm glad to meet you. I was a little afraid when I arrived : nobody wants to talk with me.

*(Ca ne fait rien. Je suis heureux de vous avoir rencontré. J'avais un peu

peur quand je suis arrivé : personne ne voulait parler avec moi.)

 

NIKOS

 

I'm glad to meet you too. See you later FRANCOIS-RENE. Good bye !

*(Je suis heureux aussi de vous rencontrer. A bientôt, FRANCOIS-RENE. Au revoir !)

 

FRANCOIS-BENE

 

Good bye !

*(Au revoir !)

 

FRANCOIS-RENE suit du regard NIKOS qui s'en retourne chez lui.

 

FONDU AU NOIR

 

10 - EXT. - PARKING DES ÂNES - JOUR

 

Des ânes dont la bride de chacun est attachée au muret de pierre taillée qui s'élève devant leur museau.

 

L'un d'eux remue la tête car il est gêné par les mouches et agite un collier de clochettes en cuivre. Au-dessus du muret, une dizaine d'enfants observent devant eux. Debout ou accroupis, les enfants ricanent. D'autres chuchotent en regardant les pans arrière d'une tente en nylon bleu marine plantée en plein milieu de l'emplacement réservé aux ânes.

 

Debout devant la tente, flanqué de deux ânes, le PASSAGER, de dos, regarde fixement devant lui le paysage; il est en position de gymnaste chinois (Tai Chi Chuan).

 

Au dessous de lui, une large rade où la mer, très bleue, forme un ovale. Tout en haut de l'ovale, une petite ouverture qui permet à la mer de pénétrer dans ce presque lac. Il tient ses bras étendus devant lui, vers la mer.

 

Une rangée d'ânes se tient derrière lui, jusqu'en arrière fond...

 

Au moment où il pivote sur son pied pour mettre son corps de profil, les bras étendus, NIKOS s'avance devant lui.

 

NIKOS (en anglais)

 

Hello, FRANCOIS-RENE ! Sorry to disturb you ! You are about as stubborn as they are. *(Bonjour, FRANCOIS-RENE ! Désolé de vous déranger ! Vous êtes aussi têtu qu'eux.)

 

Montrant les ânes.

 

I'm afraid you can't sleep here. I managed to cool the old men's anger; but please do try not to bother them any longer (méprisant) This is a donkey's ground. Come on, let's go. I've got a place for you. You'll be much better there for your writing.

*(J'ai bien peur que vous ne puissiez pas rester ici. J'ai apaisé l'inquiétude des vieillards; mais s'il vous plan, n'essayez pas de les fàcher. Ceci est un emplacement pour les ànes. Venez, j'ai un endroit pour vous, allez, on y va. Vous y serez beaucoup mieux pour écrire.)

 

11 - EXT. - CHAPELLE - JOUR

 

FRANCOIS-RENE et NIKOS marchent côte à côte sur le chemin. Derrière eux, en bas, le village qui domine la rade.

 

NIKOS

 

That's the place: our former chapel. Here is the key. You should go and get your luggage.

*(C'est ici : notre ancienne chapelle. Voilà la clef. Vous devriez aller chercher vos bagages.)

 

NIKOS, se retournant

Have a look ! This is our best panorama ! Well, I'll be expecting you for lunch !

* (Regardez ! C'est notre plus belle vue ! Bon, je vous attend pour le déjeuner.)

 

FRANCOIS-RENE

 

With pleasure.

* (Avec plaisir.)

 

NIKOS

 

My house is that one over there.

*(Ma maison est celle là; là-bas.)

 

FRANCOIS-RENE

 

The one with pink shutters ?

*(Celle avec les volets roses ?)

 

NIKOS

 

Yes...Try to be there around two. See you later !

*(Oui ...Essayez d'être là pour deux heures. A tout à l'heure.)

 

NIKOS redescend le chemin et bifurque vers la gauche. FRANCOIS-RENE continue d'avancer.

 

Un enfant caché derrière un muret de pierre observe FRANCOIS-RENE qui marche de dos vers une maison crépie en blanc. Des pans de mur se sont effondrés. La maison est surmontée de plusieurs coupoles plates.

 

FRANCOIS-RENE ouvre la porte et entre.

 

FONDU AU NOIR

 

 

12 - INT. - MAISON DU POLICIER - JOUR

 

La rade derrière une fenêtre ouverte.

 

NIKOS et FRANCOIS-RENE sont assis de part et d'autre d'une table et sont en train de manger.

 

NIKOS

 

...hopeless old men. Well, you see, this is the result of the Government's policy. They curb depopulation by granting 10 000 drachmas a month to each islander...

* (...que des vieillards. Bien, vous voyez, c'est le résultat de la politique gouvernementale. Ils évitent le dépeuplement en garantissant 10 000 drachmes par habitant, chaque mois.)

 

NIKOS achève sa phrase, il est de profil et regarde FRANCOIS-RENE.

 

Le regard de FRANCOIS-RENE est d'un bleu intense. C'est un regard puissant, intelligent.

Sur l'annulaire de la main gauche de NIKOS, un anneau d'or.

 

FRANCOIS-RENE

 

I can see that you are married. Isn't your wife in ?

* (Je vois que vous êtes marié. Votre femme n'est pas ici ?)

 

NIKOS

 

Do you really think I could decently take my family to this bloody place ?

*(Pensez-vous qu'il soit possible d'amener une famille dans cet endroit ?)

 

NIKOS est maintenant de face, le dos contre la fenêtre ouverte. Le visage de FRANCOIS-RENE s'y reflète. Derrière la vitre, une bibliothèque pleine de livres.

 

NIKOS (avec nostalgie)

 

No, both my wife and my little girl, who is now two, live in ATHENS.

*(Non, ma femme et ma petite fille, qui a maintenant deux ans, vivent à ATHENES.)

 

FRANCOIS-RENE

 

Do you often go to see them ?

*(Est-ce que vous allez souvent les voir ?)

 

NIKOS

 

I am not allowed to leave ANTIKITHIRA. I am the island's unique police officer and the only one in charge of everything here. I have one more year to go... I've been promised an outstanding post in ATHENS.

*(Je n'ai pas le droit de quitter ANTICYTHERE, je suis le seul policier de l'lie et je fais tout ici. J'ai encore un an à tirer ...On m'a promis un poste important à mon retour à ATHENES.)

 

Ils sont à nouveau face à face. FRANCOIS-BENE mange lentement.

 

FRANCOIS-RENE

 

Though place for you, isn't it ?

* (C'est dur pour vous ici, n'est-ce pas ?)

 

NIKOS

 

Yes...Nobody accepted to come here.

I felt rather lonely and bored at first, really down...I sent for the books. Time flies when one reads, isn't it ? I consulted our records: you're the second foreigner, in five years, to visit us... Captain COUSTEAU came first to undertake underwater investigations offshore.

*(Oui, personne n'a accepté de venir ici. Au début, ce fut dur pour moi... La solitude, puis on m'a envoyé des livres ...le temps vole lorsqu'on lit, n'est-ce pas ?...J'ai consulté nos livres, vous êtes le second étranger en cinq ans... Le Capitaine COUSTEAU est venu faire des recherches sous-marines.)

 

FRANCOIS-RENE est étonné.

 

By the way, do you know how to swim ?

*(Au fait, savez-vous nager ?)

 

FRANCOIS-RENE

 

Yes, I do

*(Oui)

 

NIKOS se lève de table FRANCOIS-RENE le suit des yeux; on entend le bruit d'un placard qui s'ouvre.

 

NIKOS

 

The flippers and the tube where sentto me from ATHENS for I wanted to admire the sea bed.

* (Les palmes et le tuba m'ont été envoyés d'ATHENES car je voulais faire un peu de plongée.)

 

NIKOS apparaît en portant deux palmes bleues et un masque noir surmonté d'un tuba.

 

Look ! They can fit all sizes.

*(Regardez ! elles se mettent à toutes les tailles.)

 

NIKOS tire une languette de caoutchouc qui se trouve à l'arrière des palmes.

 

I'll let them here.

* (Je les laisse là.)

 

FRANCOIS-RENE (en grec)

 

ευχαριστω.

* (Merci.)

 

NIKOS

 

παρακαλω...

Do you speak Greek ?

*(S'il vous plaît.

Vous parlez grec ?)

 

FRANCOIS-RENE

 

Few words... crassi, efcharisto, paracalo,ena, dia ...polis

*(Quelques mots ...vin, merci, s'il vous plaît, un, deux ...ville.)

 

NIKOS

 

Great ! Bravo .

*(Très bien ! Bravo !)

 

NIKOS se lève de table, débarasse et apporte un gàteau.

 

NIKOS

 

I'm curious to see what you will write.

* (Je suis curieux de voir ce que vous allez écrire.)

 

FRANCOIS-RENE

 

So am I. I only have a few ideas so far and look forward to see what is to come !

*(Moi aussi. J'ai quelques idées... vagues, je ne sais pas ce qui va en sortir.)

 

NIKOS

 

I hope you know what You will write about !

*(J'espère que vous connaissez au moins le sujet !)

 

Le visage de FRANCOIS-RENE en gros plan. I1 parle tout en regardant NIKOS très attentivement. Ses yeux brillent.

 

FRANCOIS-RENE

 

Roughly,it is the story of two brothers, one being much younger than the other one. They happen to meet again, and gradually, the senior brother becomes his junior brother and vice versa. They become aware of this transference two years later and end up hating each other.

*(A peu près : c'est l'histoire de deux frères, l'un est beaucoup plus jeune que l'autre. Ils se retrouvent et peu à peu, l'aîné devient le cadet et vice versa. Ils en prennent conscience et deux ans plus tard, ils finissent par se haïr...)

 

NIKOS

 

I think they should end up loving each other.

*(Je pense qu'ils devraient finir par s'aimer.)

 

FRANCOIS-RENE

 

Yes, you are right... but they are both proud.

* (Oui, vous avez raison ...Mais ils sont tous les deux orgueilleux.)

 

FRANCOIS-BENE regarde le paysage devant la fenêtre la rade ovale et la mer si bleue.

 

NIKOS

 

You know that the islanders consider you as a visionary. I think they are afraid of you and of your eyes. I would suggest that you keep away from them for a while. Besides, they are not really interesting, they are very superstitious. Most of them never left the Island...

* (Vous savez que les habitants vous considèrent comme un voyant... Je crois qu'ils ont peur de vos yeux. Je vous conseille de vous tenir â l'écart pour un moment. Vous ne perdez rien, ils sont très bêtes et superstitieux. La plupart n'ont jamais quitté l’île.)

 

NIKOS se lève et revient avec deux tasses de café qu'il pose sur la table.

 

 

They keep expecting their grandchildren, year after year .... and when the latter grow older and stop coming here, they pass away... Some are brave enough to wait for their great grandchildren !

*(Ils passent leur temps à attendre leurs petits enfants, année après année, et quand ceux-ci, devenus trop grands, ne reviennent plus, ils meurent... Certains sont assez courageux pour attendre leurs arrière-petits-enfants.)

 

FRANCOIS-RENE termine le gâteau.

 

 

FRANCOIS-RENE

 

Delicious ! Did you make it ?

*(Délicieux ! C'est vous qui l'avez fait ?)

 

 

NIKOS

 

Yes, it's my special dish. I am happy to see that you like it.

*(Oui, c'est ma spécialité. Je suis content qu'il vous plaise.)

 

 

NIKOS et FRANCOIS-RENÉ boivent en même temps leur café.

 

FRANCOIS-RENE regarde dans la tasse.

 

NIKOS

 

Hey, you know that trick ?

*(Je vois que vous connaissez...)

 

FRANCOIS-RENE lui tend la tasse.

 

Thanks.

* (Merci. )

 

NIKOS regarde dans la tasse.

 

Le marc de café recouvre l'intérieur de la tasse blanche.

 

It's got a strange shape. It seems to converge to the center... Some sort of implosion or explosion.

*(Drôle de forme. Cela semble converger au centre ...comme une implosion ou une explosion.)

 

On entend de plus en plus faiblement ces deux dernières phrases.

 

FONDU AU NOIR puis

 

FONDU ENCHAINE

 

 

13 - EXT. - JETEE - JOUR

 

La mer s'engouffre dans une grotte.

 

FRANCOIS-RENE jaillit de l'eau. I1 porte son masque sous-marin sur le visage et avance en fendant l'eau.

 

Des bancs de poissons, le fond marin, un morceau d'ancre.

 

FRANCOIS-RENE nage jusqu'aux rochers qui bordent la jetée.

 

Quelques barques colorées de pêcheurs sont couchées sur la jetée de ciment où FRANCOIS-RENE se sèche.

 

FRANCOIS-RENE, torse nu, monte la ruelle devant la jetée.

 

Un groupe d'enfants le suit à distance.

 

FRANCOIS-BENE avance de face, il regarde devant lui

 

de vieilles femmes vêtues de noir assises sur le seuil de leur maison.

 

A l'approche de FRANCOIS-RENE, elles se lèvent rapidement et rentrent chez elles en emportant leur ouvrage.

 

Plus haut, sur la gauche, un groupe de vieillards est assis sur un banc de pierre à droite de l'entrée du magasin. Ils observent FRANCOIS-RENE marchant dans la ruelle.

 

FRANCOIS-RENE les salue poliment en faisant un signe de tête auquel ils ne répondent pas.

 

La voix stridente d'une femme retentit dans la rue.

 

VOIX(en grec)

 

Δημοσθενη γυπνα πισω αμεσως ?!

*(Démosthène, veux-tu rentrer tout de suite ?!)

 

 

Un des enfants qui suit à bonne distance FRANCOIS-RENÉ se retourne vers la vieille femme.

 

 

FONDU AU NOIR

 

 

14 - EXT. - CHAPELLE - MATIN

 

 

Un groupe d'enfants joue aux billes en se servant de capsules de soda.

 

L'un d'eux, caché derrière un muret, guette.

 

I1 regarde la chapelle.

 

FRANCOIS-RENE sort de la chapelle, il tient dans la main sa grosse gourde.

 

Le GUETTEUR fait signe aux autres enfants. Ils comprennent aussitôt et cessent leur jeu.

 

FRANCOIS-RENE se dirige vers un chemin situé à droite de la chapelle et l'emprunte.

 

 

15 - EXT. - FORET CALCINEE - MATIN (promenade)

 

 

FRANCOIS-RENE marche.

 

De tous les côtés, les squelettes des arbres morts tendent leurs fourches noires vers le ciel.

 

FRANCOIS-RENE regarde, impressionné, et se sent enserré.

 

Quelques chants d'oiseaux dans les arbres.

 

FRANCOIS-RENE continue d'avancer.

 

Derrière lui, toujours à bonne distance, des enfants l'épient. Ils se cachent derrière les troncs calcinés en faisant le moins de bruit possible.

 

 

16 - EXT. - FONTAINE - MATIN (suite de la promenade)

 

 

Du linge retenu par des cailloux dans l'eau d'un ruisseau.

 

FRANCOIS-RENE câle sa gourde avec un caillou dans le ruisseau et la remplit.

 

FRANCOIS-RENE disparaît à gauche.

 

Dès que FRANCOIS-RENE a disparu, plusieurs femmes apparaissent et s'avancent vers le ruisseau. Elles se mettent à laver leur linge.

 

 

17 - EXT. - SOMMET DE L'ILE - JOUR (suite promenade)

 

 

PANORAMIQUE : une route caillouteuse dans un paysage aride.

 

Les formes des rochers dessinent des animaux gigantesques. On devine la mer en arrière fond. Une vague plaine où des vaches maigres paissent.

 

Une colline trouée par de nombreuses grottes.

 

FRANCOIS-RENE se dirige vers elles.

 

 

18 - INT. - GROTTE - JOUR

 

 

FRANCOIS-RENE s'éclaire de son briquet pour pénétrer plus profondément dans la grotte.

 

Il découvre une longue galerie,

 

des stalactites et des stalagmites,

 

qu'il observe longuement.

 

 

19 - EXT. - GROTTE - JOUR

 

 

Les enfants se cachent pendant que FRANCOIS-RENÉ sort de la grotte.

 

I1 est de dos, devant lui, un lapin est assis. C'est un lapin aveugle.

 

FRANCOIS-RENÉ s'approche de lui doucement, le prend dans ses bras et le caresse longuement.

 

Là-bas, la mer est bleue.

 

Derrière lui, au-dessus, les enfants, tapis, observent.

 

FRANCOIS-RENE pose délicatement le lapin par terre.

 

Celui-ci, un peu effrayé, s'enfuit, s'arrête un peu plus loin.

 

FRANCOIS-RENE disparaît.

 

 

20 - EXT. - CIMETIERE - JOUR

 

 

Des croix sont dressées derrière une haute porte en fer forgé que FRANCOIS-RENÉ ouvre.

 

Un cochon zigzague entre les tombes.

 

Trois ombres dessinent le contour de trois arbres en vie.

 

FRANCOIS-RENE s'asseoit et se couche sur l'ombre du tronc de l'arbre. I1 regarde l'eucalyptus tout vert au-dessus de lui.

 

FRANCOIS-RENE s'endort.

 

En haut du mur, sur le replat qui entoure le cimetière, deux enfants jouent avec des capsules de soda. Le jeu consiste à donner une pichenette sur la capsule et à essayer de l'envoyer plus loin que celle de l'adversaire. I1 faut ainsi faire le tour du mur sans la faire tomber. Si la capsule tombe, on descend la ramasser et on retourne au point de départ.

 

On entend des couinements.

 

A l'extérieur du cimetière, un des enfants tire une corde qui est attachée à une des pattes arrière du lapin.

 

Celui-ci sautille, effrayé par les cris et le bruit

 

que font les enfants.

 

FRANCOIS-RENE sort du cimetière et regarde dans la direction des enfants.

 

L'un d'eux se retourne.

 

L'expression de FRANCOIS-RENE est terrible, diabolique.

 

Les enfants se sont tous retournés.

 

Le silence percé par les couinements du lapin toujours tenu par la corde.

 

FRANCOIS-RENE s'avance.

 

Les enfants s'éparpillent, il ne reste que celui qui tient la corde. I1 se retourne,

 

pousse un cri.

 

Le lapin, affolé; se libère et se met à courir en tramant la corde derrière lui

 

et en butant sur les cailloux à cause de sa cécité.

 

 

FONDU AU NOIR

 

 

21 - INT. - CAFE - SOIR

 

 

FRANCOIS-RENE est assis sur le rebord d'une fenêtre qui donne sur le parking à ânes.

 

Devant lui, une table rustique sur laquelle est posée sa gourde et une tasse de café vide.

 

Le visage de FRANCOIS-RENE est triste, voire souffrant.

 

FRANCOIS-RENE regarde devant lui.

 

Une vieille femme habillée en noir se tient debout devant un réchaud à gaz.

 

Sur les murs, des rayonnages où sont empilées des boites de conserve.

 

Au-dessous d'un bar en bois, des caisses en carton encore fermées.

 

La vieille femme s'approche. Elle tient une petite casserole en cuivre dans une de ses mains et

 

verse le contenu de la cafetière grecque dans la tasse à café.

 

 

FRANCOIS-RENE

 

ευχαριστω

*(Merci.)

 

LA VIEILLE FEMME

 

παρακαλω

* (S'il vous plait.)

 

La vieille femme sort du magasin. On entend sa voix mêlée à d'autres voix masculines.

 

FRANCOIS-BENE porte à sa bouche la tasse et aperçoit quelque chose par terre. I1 se lève et ramasse un billet de mille drachmes.

 

I1 appelle la propriétaire du café qui entre à nouveau dans le magasin.

 

FRANCOIS-RENE(en français, accompagnant par des gestes ses paroles)

 

Madame, ce billet était par terre, près de cette caisse. Quelqu'un a dû l'égarer.

 

La vieille dame remercie et sort.

 

FRANCOIS-RENE termine son café.

 

 

22 - EXT. - CAFE - SOIR

 

Trois vieillards vêtus sobrement sont assis le long du café, sur un banc de pierre. Derrière eux, un mur blanc.

 

La vieille femme vêtue de noir leur explique que l'étranger a retrouvé l'argent.

 

Le vieillard qui est à gauche appelle l'enfant qui passe dans la rue.

 

Il lui dit dans l'oreille quelques mots.

 

L'enfant s'en va en courant.

 

FRANCOIS-RENE sort du café avec sa gourde, salue d'un signe de tète le petit groupe qui répond à son salut, et remonte la ruelle.

 

La vieille dame entre dans le magasin.

 

 

23 - INT. - CAFE - JOUR

 

 

La vieille dame va prendre la tasse à café sur la table.

 

 

Elle incline l'intérieur de la tasse à la lumière provenant de la fenêtre qui donne sur le parking à ânes et regarde.

 

Son expression change aussitôt à la vue du marc qui semble indiquer de mauvais présages. Elle regarde à nouveau l'intérieur de la tasse comme pour s'assurer de ce qu'elle a lu, et touche du bois.

 

 

24 - EXT. - CHAPELLE - NUIT

 

Un poisson sur quelques braises.

 

Le même enfant qui a parlé au vieillard apparaît. I1 dépose un pain rond de campagne et une corbeille de raisins et s'enfuit en courant vers le village.

 

FRANCOIS-RENE sort de la chapelle, il a un verre d'eau à la main. I1 aperçoit la nourriture et esquisse un sourire.

 

I1 retire le poisson du feu et commence à le manger.

 

On entend de la musique.

 

FRANCOIS-RENE se lève et regarde

 

une grande lumière dans une des ruelles du village. I1 entend une musique qui se précise.

 

 

25 - EXT. - FETE - NUIT

 

Deux vieux musiciens qui jouent du violon.

 

Des femmes et des hommes exécutent la danse des mouchoirs au son des petits violons acides.

 

Tous les enfants sont aussi présents.

 

De nombreuses bouteilles d'Ouzo.

 

Les gens se parlent, les enfants s'agitent.

 

FRANCOIS-RENÉ se fraie discrètement un chemin parmi les danseurs.

 

Une vieille femme vient vers lui. Elle lui tend un verre d'Ouzo.

 

FRANCOIS-RENE la remercie.

 

I1 assiste à la fête en s'imprégnant des moindres détails. Son regard est intense.

 

Le mouchoir s'agite au rythme de la musique grecque.

 

Le regard de la plus jeune des vieilles dames qui danse comme une jeune fille.

 

L'expression heureuse des hommes dont le regard est déjà rougi par les vapeurs de l'alcool.

 

L'archet qui glisse sur les cordes.

 

Plusieurs personnes s'adressent à FRANCOIS-RENE et lui font signe de prendre place parmi les danseurs.

 

Il refuse d'abord, puis se laisse entraîner par l'insistance des villageois.

 

FRANCOIS-RENÉ danse assez maladroitement, mais de façon appliquée.

 

On se presse de tous côtés pour le regarder danser.

 

Les ombres sur le mur applaudissent à la fin du morceau.

 

La musique reprend, c'est une musique de danse crétoise.

 

FRANCOIS-RENE retrouve son verre et salue amicalement les trois vieillards qu'il avait aperçus devant le café.

 

 

UN VIEILLARD (en italien)

 

Lei parla italiano ?

*(Vous parlez italien ?)

 

FRANCOIS-RENE

 

Si, ma Lei corne lo sà ?

*(Oui, mais comment le savez-vous ?)

 

LE VIEILLARD

 

Mussolini è venuto nel quarantadue. Gli italiani...molto bravi con noi. Mi hanno imparato l'italiano. Sono stato il capo dell'isola.

*(Mussolini est venu ici en 42. Les italiens, très gentils avec nous. Ils m'ont appris l'Italien. J'ai été le Chef de l'île.)

 

FRANCOIS-RENE

 

Sono venuti in molti ?

*(Combien sont-ils venus, nombreux ?)

 

LE VIEILLARD

 

Si, una grande nave di guerra...Ma Lei, corne lo sà l'italiano ?

*(Oui, un grand bateau de guerre. Et vous, pourquoi le parlez-vous ?)

 

FRANCOIS-RENE

 

Da bambino, ho vissuto a lungo a Roma.

*(Enfant, j'ai longtemps vécu à Rome.)

 

LE VIEILLARD (pour lui-même)

 

Capisco...ROMA è una grande città, come ATENE?

* (Je comprends ...ROME est une grande ville, comme ATHENES.)

 

FRANCOIS-RENE

 

Perchè questa festa ?

*(Pourquoi cette fête ?)

 

 

AUTRE VIEILLARD (en italien aussi, mais moins bien)

 

Per...bambini. Se ne vanno...dopo domani e poi oggi è fine dell'estate.

*(Pour les enfants ...ils s'en vont après-demain. Et puis aujourd'hui, c'est la fin de l'été.)

 

FRANCOIS-RENE

 

Scusate...Ho visitato l'isola, ma non ho trovato traccia di spiaggia. Non sa mica dove posso trovarne una ?

*(Excusez-moi ...J'ai visité file, mais je n'ai pas trouvé de plage. Sauriez-vous m'en indiquer une ?)

 

LE MEME VIEILLARD (il réfléchit un temps et comme s'il ne comprenait pas la question)

 

Lei lo sa che qui prima c'era un vulcano. E' scoppiato due mila anni fa. Poi è venuto il mare 'al posto suo.

*(Vous savez qu'ici il y avait un volcan ? I1 a explosé il y a deux mille ans. Et la mer est venu prendre sa place.)

 

FRANCOIS-RENE

 

Ah allora qui è come SANTORINI

*(Mais alors, ici, c'est comme à SAINTORIN.)

 

 

LE MEME VIEILLARD

 

Si.

*(Oui.)

 

Apercevant quelqu'un.

 

 

Scusate.

*(Excusez-moi . )

 

I1 s'en va rejoindre un ami, trinque avec lui.

 

FRANCOIS-RENE le regarde puis se retourne à la question que lui pose le VIEILLARD de tout à l'heure

 

LE VIEILLARD

 

Si trova bene qui ?

*(Vous vous trouvez bien ici ?)

 

 

 

FRANCOIS-RENE

 

Molto, pero' mi manca la spiaggia per essere del tutto felice.

*(Beaucoup, mais il me manque la plage pour être tout à fait heureux.)

 

Le VIEILLARD a écouté attentivement mais change à dessein de conversation.

 

LE VIEILLARD

 

Quest'isola è l'isola di ANTIKITHIRA. Lei lo sa quel che significa il nome ?

*(Cette Île est celle d'ANTICYTHERE. Savez-vous ce que signifie ce nom ?)

 

FRANCOIS-RENE

 

No, suppongo che vuol dire Antiquità... Anti...Si, prima...Prima di qualche cosa.

*(Non, je suppose que cela veut dire Antiquité ...Anti...Avant...0ui, avant Avant quelque chose.)

 

Le VIEILLARD, après avoir bu une rasade d'Ouzo.

 

LE VIEILLARD

 

Si, prima di KITHIRA. KITHIRA è un'isola a Sud del PELOPONESI.

*(Oui, avant CYTHERE. CYTHERE est une île au sud du PELOPONESE.)

 

FRANCOIS-RENE

 

KITHIRA...(à lui-même) mais bien sûr ! C'est CYTHERE. Venere...L'isola primadi Venere.

*(CYTHERE...Vénus...L'ile avant CYTHERE.)

 

 

LE VIEILLARD

 

Si, le navi si fermavano qui prima di andare verso la bellezza !

*(Oui, les bateaux faisaient escale ici avant d'aller vers la beauté !)

 

La musique s'est arrêtée.

 

Le VIEILLARD se tourne vers le troisième vieillard et dit en grec

 

 

LE VIEILLARD

 

Ελα διηγησου του την ιστορια

*(Vas-y, raconte-lui la légende.)

 

L'AUTRE (en grec)

 

Πιστευεις ?

*(Tu crois ?)

 

La musique reprend de plus belle.

 

 

LE VIEILLARD

 

Ναι, μπορω. Εγω θα παω για χορο

*(Oui, tu peux. Moi, je vais danser.)

 

L'AUTRE ouvre grand les yeux, il est comme inspiré.

 

L'AUTRE (dans un mauvais italien)

 

Mi ha chiesto di racontarLe la leggenda del tesoro dell'isola.

*(I1 m'a dit de vous raconter la légende de l'île.)

 

FRANCOIS-RENE

 

C'è un tesoro qui ? !

*(I1 y a un trésor ici ? !)

 

L'AUTRE

 

Mai trovato...C'era una volta, a SPARTA duemila e trecento anni fa, un re che aveva un figlio. Questo figlio non voleva diventare re. Un giorno decise di rubare il tesoro degli Sparziati. Scappo' in compagnia della donna che amava su di un veliero. Dopo molti giorni di navigazione, decisero di venire qui ad ANTIKITHIRA. Ma un giorno, dei soldati Sparziati rintraciarono i due fugiaschi, il re con molte barche e uomoni arrivarono nell'isola. La coppia di innamorati si nascose con il tesoro in una delle grotte. Dopo alcuni giorni d'infruttuose ricerche, il re decise di murare tutte le entrate delle grotte. Ed è cosi' che il tesoro non fu mai scoperto.

*(Jamais trouvé ...Il y avait une fois, il y a deux mille trois cents années de cela, un roi qui avait un fils. Ce fils ne voulait pas devenir roi; Un jour, il décida de voler le trésor des spartiates et s'enfuit. Il partit en voilier avec la femme qu'il aimait. Après plusieurs jours de navigation, ils décidèrent de venir vivre ici, à ANTICYTHERE. Mais un jour, des soldats spartiates les retrouvèrent. Le roi, avec beaucoup de bateaux et d'hommes, arrivèrent dans l'île. Le couple d'amoureux se cacha avec le trésor dans une des grottes. Après quelques jours d'infructueuses recherches, le roi décide de murer toutes les entrées des grottes. Et c'est ainsi que le trésor ne fut jamais découvert.)

 

FRANCOIS-RENE

 

Ma allora il tesoro esiste davvero ?

* Mais alors le trésor existe vraiment ?)

 

L'AUTRE (en riant)

 

Si, ma doue ?... Sta arrivando NIKOS. Vi lascio.

* (Oui, mais où ? NIKOS arrive. Je vous laisse.)

 

FRANCOIS-RENE

 

Arrivederci. (en se retournant, en anglais) Nice evening NIKOS! I am glad to see you here. *(Au revoir.(.)Bonne nuit, NIKOS. Je suis content de vous voir ici.)

 

 

NIKOS

 

Indeed, FRANCOIS-RENE, I am happy that people have adopted you ! How was the sea ? I've known that you used my flippers.

*(Moi aussi, FRANCOIS-RENE. Je suis heureux que les gens vous aient adopté. Comment était la mer ? J'ai su que vous avez utilisé mes palmes.)

 

FRANCOIS-RENE

 

Thanks a lot. It's wonderful to see the sea world.

* (Merci beaucoup. C'est si beau de voir la faune sous-marine.)

 

NIKOS

 

I've also a marine gun, if you want it...

*(J'ai également un fusil sous-marin, si vous voulez...)

 

FRANCOIS-RENE(sec)

 

Thank you, but I dont know how to use that kind of arms. Tell me; NIKOS, is there a beach in this Island ?

*(Merci, mais je ne sais pas utiliser ces sortes d'armes. Dites-moi, NIKOS, y-a-t'il une plage dans cette île ?)

 

NIKOS(géné)

 

To this question, they always answerred me Chat there is not...The only walk I do is from here to the cemetery...Yet six times...

*(A cette question, ils m'ont toujours répondu qu'il n'y en avait pas ...La seule promenade que je fais, c'est d'ici au cimetière ...Déjà six fois...)

 

 

Le ton de sa voix s'affaiblit peu à peu en même temps qu'un lent

 

FONDU AU NOIR

 

 

26 - EXT. - CHAPELLE - MATIN (VERS LA PLAGE)

 

 

FRANCOIS-RENE s'apprête à faire une excursion solitaire sur l'île. Une serviette à l'épaule, la anse de la gourde à la main, un livre dans la poche gauche de sa veste, une liasse de papier blanc roulé dans la droite et un petit sac sur le dos duquel sort une palme.

 

FRANCOIS-RENE ferme la porte de la chapelle et disparaît.

 

FONDU ENCHAINE

 

 

27 - EXT. - MER - MATIN (VERS LA PLAGE)

 

La mer.

 

FRANCOIS-RENE se retourne et regarde

 

les grottes de part et d'autre de la jetée et le village qui domine la rade.

 

 

FONDU ENCHAINE

 

 

28 - EXT. - MER - MATIN (VERS LA MER)

 

 

La rade a disparu.

 

FRANCOIS-RENE marche de droite à gauche sur les rochers

 

qui bordent la mer. Derrière lui, la découpe blanche

 

du contour de île.

 

 

FONDU ENCHAINE

 

 

 

29 - EXT. - ROCHERS - MATIN (VERS LA PLAGE)

 

 

FRANCOIS-RENE s'avance de gauche à droite, il est en haut d'une falaise vertigineuse, flanquée par les squelettes d'arbres morts; en bas, la mer si bleue "toujours recommencée".

 

FONDU ENCHAINE

 

 

 

30 - EXT. - ROCHERS – JOUR (VERS LA PLAGE)

 

 

FRANCOIS-RENE s'arrête pour regarder, son visage s'illumine. Au loin, une crique de sable fin.

 

 

FONDU ENCHAINE

 

 

31 - EXT. - PLAGE - JOUR

 

 

FRANCOIS-RENE s'avance dans la crique. I1 s'imprègne du paysage.

 

Perpendiculairement à la plage, à gauche et à droite, deux pans de rochers dans la mer. Dans les rochers, FRANCOIS-RENÉ s'étend sur la serviette, ouvre son livre et à mesure qu'il lit, s'endort.

 

On entend OFF : "La lune prêta son pâle flambeau à cette veillée funèbre. Elle se leva au milieu de la nuit comme une blanche vestale qui vient planer sur le cercueil d'une compagne. Bientôt, elle répandit dans les bois ce grand secret de mélancolie qu'elle aime à raconter aux vieux chênes et aux rivages antiques des mers."

 

 

La mer caresse le sable du rivage, plusieurs vagues S'étalent.

 

FRANCOIS-RENE se réveille. I1 regarde fixement devant lui

 

Une femme endormie, le visage tourné vers lui.

 

Elle est couchée nue, sur le dos, ses seins sont pointés vers le ciel, ses jambes sont écartées à la mer.

 

FRANCOIS-RENE détourne son regard et se retourne de l'autre côté. Au bout d'un court instant de réflexion, il se lève, comme si de rien n'était, et va se baigner; il emporte avec lui son masque noir.

 

 

32 - EXT. - MER - JOUR

 

 

FRANCOIS-RENE nage calmement en suivant la traînée du soleil.

 

I1 se retourne vers la plage.

 

Les jambes écartées, la femme nue, la ligne des rochers dans la mer et la grotte.

 

 

FONDU ENCHAINE

 

 

33 - EXT. - PLAGE - JOUR

 

FRANCOIS-RENE est étendu sur la plage; devant lui, un bloc de feuilles blanches. Il écrit.

 

Sur la feuille est écrit :

 

 

PLAN DE LA NOUVELLE :

 

UN ROI DESEPÉRÉ

UN FILS DE ROI

LE TRÉSOR DE SPARTE

UNE ESCLAVE

 

 

FUITE

 

VIE A ANTICYTHERE

ARRIVÉE DE L'ARMADA

MORT DU COUPLE

UN TRÉSOR PERDU

 

 

FRANCOIS-RENE écrit sur le bas de la feuille :

 

 

UN MONARQUE BIEN SEUL !

 

 

FONDU AU NOIR

 

 

34 - EXT. - CAFE - SOIR

 

 

FRANCOIS-RENE, une tasse à la main, est debout devant la porte du café; il regarde en direction de la jetée.

 

 

35 - EXT. - JETEE - SOIR

 

 

Près d'un gros bateau de pêche, un groupe d'hommes

 

essaie de sortir du bateau un gros taureau.

 

Le taureau débarque après maintes difficultés.

 

Un MARIN entasse des sacs de farine sur la jetée.

 

 

 

36 - EXT. - CHAPELLE - NUIT

 

 

Un jeune couple est assis en tailleur autour du feu qui crépite.

 

FRANCOIS-RENE sort de chez lui avec des boites de conserves dans les bras.

 

 

FRANCOIS-RENE

 

 

Here, that's all I have. Few tins... Fire is dying, ARISTIDIS, would you please put wood on it.

*(Voilà, c'est tout ce que je possède. Quelques boites ...Le feu est en train de mourir, ARISTIDIS, peux-tu y ajouter du bois.)

 

 

ARISTIDIS rajoute quelques bûches dans le feu.

 

Thank you.

* (Merci.)

 

MARINA

 

 

You know, we were the first living in that strange chapel.

*(Vous savez, nous avons été les premiers à vivre dans cette étrange chapelle.)

 

 

ARISTIDIS

 

MARINA, you forget to remember it was here that we made love for the first time.

*(MARINA, tu as oublié de rappeler que c'est ici que nous nous sommes aimés pour la première fois.)

 

 

MARINA

 

 

Yes, it was one year ago. We arrived from HERAKLION, in a fish boat like today, and we stayed for about one month...All those statues were looking at us ...(rires)

* (Oui, c'est il y a un an. Nous arrivions d'HERAKLION dans un bateau de pécheurs comme aujourd'hui et nous sommes restés un mois ..... Toutes ces statues qui nous regardaient...)

 

 

FRANCOIS-RENE

 

You are from CRETA ?

* (Vous êtes de CRETE ?)

 

ARISTIDIS

 

Yes.

*(Oui.)

 

 

FRANCOIS-RENE

 

You were today the only passengers on that boat ?

*(Etiez-vous les seuls passagers du bateau ? )

 

MARINA

 

No, in fact, I remember...there was the bull!(rires)

*(Non, je crois me souvenir que nous voyagions en compagnie d'un taureau !

 

ARISTIDIS

 

He's going to have a very nice stay here : twenty cows...(rzres)

*(I1 va passer un très bon séjour ici : vingt vaches...)

 

 

FRANCOIS-RENE

 

...How many days, here ?

* (Combien de temps restez-vous ici ?)

 

 

MARINA

 

We leave tomorrow with the boat. I work on monday...We came because we were home-sick! (rires)

*(Nous repartons demain avec le bateau. Je travaille lundi ...... Nous sommes venus car nous étions empreints de nostalgie.)

 

 

FRANCOIS-RENE

 

What is your job in HERAKLION ?

*(Que faites-vous à HERAKLION ?)

 

 

MARINA

 

I'm hostess in a touring agency. And you ?

*(Je suis hôtesse d'accueil dans une agence de voyage. Et vous ?)

 

 

FRANCOIS-RENE

 

I am a writer.

*(Je suis écrivain.)

 

 

ARISTIDIS

 

Are you writing a book ?

*(Etes-vous en train d'écrire un livre ?)

 

 

FRANCOIS-RENÉ

 

I came here with an idea but I met an old man who told me the ANTIKITHIRA legend and from that story, I hope to write a novel.

*(Je suis venu avec cette intention, mais j'ai rencontré un vieillard qui m'a raconté la légende d'ANTICYTHERE et de cette histoire, j'espère tirer un roman ou du moins une nouvelle.)

 

MARINA

 

You are right, this legend is so mysterious.

*(Vous avez raison, cette légende est si mystérieuse.)

 

ARISTIDIS

 

And to write you need solitude. Is it not heavy for you ?

*(Et quand vous écrivez, vous avez besoin de solitude. N'est-ce pas trop lourd à supporter ?)

 

FRANCOIS-RENE

 

No, there are so many things to discover, to look at, and people here are adopting me day after day. Look, MARINA, the bread you are eating was deposited the night before you came with discretion, here, near the fire.

*(Non, il y a tellement de choses à découvrir, à voir et les gens ici m'ont adopté petit à petit. Regarde, MARINA, le pain que vous êtes en train de manger m'a été déposé une nuit, incognito.)

 

 

MARINA

 

Look ! A wandering star !

*(Regardez ! Une étoile filante.)

 

 

ARISTIDIS FRANCOIS-RENE

 

Where ?

Yes, I see it !

*(Où ?)

*(Oui, je la vois ! )

 

MARINA

 

She crossed here.

* (Elle a traversé là.)

 

MARINA montre du doigt la voûte du ciel étoilé la GRANDE OURSE.

 

 

FRANCOIS-RENE

 

Do you think it is indiscreet to know what is your wish ?

* (Croyez-vous qu'il soit indiscret de savoir quel est le vœu que vous avez fait ?)

 

MARINA (faisant l'enfant)

 

A desire to a star is always secret.

*(Un voeu à une étoile est toujours secret.)

 

ARISTIDIS

 

For me also ?

*(Pour moi aussi ?)

 

MARINA

 

To you also.

* (Pour toi aussi.)

 

ARISTIDIS (faussement fâché)

 

OK, I am going to make a walk alone.

*(D'accord, je vais me promener seul.)

 

MARINA

 

Where ?

*(Où ?)

 

ARISTIDIS

 

Have a look at the sea.

*(Voir la mer.)

 

MARINA

 

You see it every day.

*(Mais tu la vois tous les jours.)

 

ARISTIDIS

 

In HERAKLION the sea doesn't smell like here.

*(A HERAKLION, la mer ne sent pas comme ici.)

 

 

MARINA

 

You should say : "I am going to smell the sea !"

* (Alors, tu aurais dû dire : "Je vais aller sentir la mer !"

 

 

ARISTIDIS s'éloigne.

 

FRANCOIS-RENE(plaisantant)

 

In French we have only a word "sentir". It means "to feel" and "to smell". When you breathe you feel and you smell in the same time. So what we need is to learn how to breathe.

*(En français nous n'avons qu"un seul mot :"sentir". Il veut dire "sentir" et "respirer". Quand tu respires, tu sens en même temps ...Ce qui veut dire que ce que nous avons à faire c'est d'apprendre à respirer.)

 

 

MARINA(taquine)

 

 

You intellectuals !...(rires) Are you drunk ?

*(Vous, les intellectuels l... Etes-vous ivre ?)

 

 

FRANCOIS-RENE

 

Not at all, because that Creta-wine is divine.

*(Pas du tout, parce que ce vin crétois est divin.)

 

MARINA

 

Are we going to frighten him ?

*(On va lui faire peur ?)

 

 

FRANCOIS-RENE

 

If you want, but before...

* (Si vous voulez, mais avant...)

 

FRANCOIS-RENE se lève .

 

...some block-head in the fire

*(...quelques bûches dans le feu.)

 

 

37 - EXT. - ROCHERS - NUIT

 

 

Un chien aboie au loin.

 

Les silhouettes de MARINA et de FRANCOIS-RENE, au premier plan, sont tournées vers la rade, éclairées par le croissant de lune.

 

Un chien aboie dans la rade; il nage dans la mer calme.

 

I1 suit dans la mer ARISTIDIS qui grimpe sur les rochers.

 

ARISTIDIS lui lance un caillou, le chien se tait et nage dans la direction du caillou.

 

Une fois qu'il a atteint l'endroit où le caillou semble avoir coulé, il revient en aboyant vers ARISTIDIS.

 

MARINA et FRANCOIS-RENE observent le manège sans mot dire.

 

Puis on entend SOTTO VOCE

 

 

MARINA

 

What a stupid dog !

*(Quel chien stupide !)

 

 

FRANCOIS-RENE

 

 

Not at all, MARINA, he likes swimming...But to swim, only to follow ARISTIDIS, that would be stupid. That dog is very intelligent : look at him, he is obliging ARISTIDIS to throw him pebbles because he wants to play.

*(Pas du tout, MARINA. Regardez comme il aime nager ...Mais nager uniquement en suivant ARISTIDIS, ce serait stupide. Ce chien est très intelligent, regardez-le qui oblige ARISTIDIS â lui envoyer des cailloux parce qu'il veut jouer.)

 

MARINA

 

Oh you ! You want always to be right ! Dont make noise !...Help me !

*(Oh ! Vous, vous voulez toujours avoir raison ! Ne faites pas de bruit !...aidez-moi.)

 

 

FRANCOIS-RENE

 

Put your foot here.

*(Posez vote pied là.)

 

 

FRANCOIS-RENE aide MARINA à descendre.

 

I1 la prend dans ses bras pour l'aider, puis la retient et l'embrasse. Surprise, MARINA le repousse, le regarde,

 

puis se laisse aller dans ses bras. Le couple devient flou.

 

Loin derrière eux, ARISTIDIS et le chien continuent leur promenade.

 

Seuls les visages réunis, puis les bouches de FRANCOIS-RENE et de MARINA demeurent visibles.

Après un long baiser

 

MARINA

 

Come on, we have to surprise ARISTIDIS.

*(Allons, nous devons surprendre ARISTIDIS . )

 

 

FONDU ENCHAINE

 

 

38 - EXT. - MER - NUIT

 

 

Au premier plan, le chien nage de droite à gauche en suivant ARISTIDIS qui marche sur les rochers du rivage. Celui-ci ramasse une pierre et la lance au chien. Derrière lui, les silhouettes de MARINA et de FRANCOIS-RENE le dépassent sans se faire voir.

 

FRANCOIS-RENE et MARINA se tapissent derrière un rocher.

 

Soudain surgissent deux visages hurlants.

 

ARISTIDIS ne trébuche même pas.

 

ARISTIDIS

 

I was sure that you would come.

*(J'étais sûr que vous viendriez.)

 

FRANCOIS-RENE

 

It's MARINA's idea.

*(C'est une idée de MARINA.)

 

 

ARISTIDIS (à MARINA)

 

Hello ! Idea !

* (Salut! Idée ! )

 

MARINA

 

I would have a bath. And you ?

*(J'ai envie de prendre un bain. Pas vous ?)

 

FRANCOIS-RENE

 

OK.

* (D'accord . )

 

Ils se déshabillent et tour à tour rejoignent le chien dans l'eau. Celui-ci aboie.

 

ARISTIDIS (entré le premier)

 

Be careful where you put your feet !

*(Faites attention où vous mettez les pieds.)

 

Le chien sort de l'eau et s'installe sur les rochers, comme un spectateur.

 

ARISTIDIS, MARINA, FRANCOIS-RENE nagent côte à côte. Ils se frôlent l'un l'autre. MARINA embrasse ARISTIDIS, celui-ci embrasse FRANCOIS-RENE qui, à son tour embrasse MARINA.

 

 

FONDU AU NOIR

 

 

39 - EXT. - PLAGE - JOUR

 

 

FRANCOIS-RENE sort de l'eau et se couche sur sa serviette. I1 relit ce qu'il a écrit.

 

Les lettres manuscrites deviennent peu à peu floues.

 

 

40 - EXT. - INT. - CABANE - NUIT

 

 

Un homme s'approche d'une cabane qui est au milieu d'un champ d'oliviers.

 

I1 entre précautionneusement dans la cabane.

 

Cinq personnes sont couchées par terre sur la paille étalée.

 

La lune éclaire leurs visages à travers les bambous tressés des murs.

 

L'HOMME s'avance, un poignard à la main. I1 est nu.

 

Dans un coin de la cabane, plusieurs jarres debout; l'HOMME s'approche de l'une d'entre elles, l'ouvre délicatement, la sent et s'en empare.

 

 

41 - EXT. - FORET - NUIT

 

 

L'HOMME mange le contenu de la jarre à pleine main et l'abandonne.

 

On entend OFF : " Va mon fils, c'est 1a Cryptie, tout spartiate doit l'accomplir. Tu voleras de nuit, tu dormiras le jour. Mais sache que pendant une année entière tu ne dois te faire voir de personne. Si par malheur cela devait t' arriver, tout SPARTE te punira. En attendant le jour de ton retour, je te bénis. Sache que toutes mes nuits te seront consacrées. Va mon fils ! Un jour, tu seras roi à ma place. "

 

 

42 - EXT. - PLAGE - JOUR

 

 

La phrase écrite : "UN JOUR, TU SERAS ROI À MA PLACE"

 

apparaît progressivement.

 

FRANCOIS-RENE s'asseoit sur sa serviette et regarde devant lui.

 

La mer, qui entre lentement et régulièrement dans la grotte, fait un bruit sourd à l'intérieur.

 

Les vagues sur la rive.

 

Et puis, sur la droite, l'INCONNUE, couchée le ventre sur le sable,

 

elle dort.

 

Des mouettes passent dans le ciel; elles sont rieuses.

 

FRANCOIS-RENE est songeur.

 

Le bruit d'un moteur au loin sur la mer : c'est le bateau qui emporte MARINA, ARISTIDIS et les enfants. Il disparaît progressivement.

 

FRANCOIS-RENE le suit du regard.

 

 

FONDU AU NOIR

 

 

43 - EXT. - JETEE - SOIR

 

 

FRANCOIS-RENE achète à un vieil homme deux poissons.

 

Le PECHEUR les lui prépare.

 

Un VIEILLARD ressemblant à un pope se tient debout sur la jetée en fumant une cigarette.

 

Au loin, dans l'ouverture de la rade, se détache une voile.

 

 

LE VIEILLARD (en grec, avec stupeur)

 

ενα πλοιο μπαινει στο λιμανι

*(Un bateau entre dans la rade.)

 

 

LE PECHEUR(en grec)

 

πανε να βρεις τον Νικο !

*(Va chercher NIKOS!)

 

 

 

Le VIEILLARD se dirige vers la ruelle.

 

FRANCOIS-BENE regarde le bateau qui se rapproche

 

c'est un tout petit voilier.

 

Peu à peu les habitants se rassemblent sur la jetée.

 

FRANCOIS-RENE se place un peu en retrait.

 

Le bateau est maintenant près d'accoster; deux personnes sont à bord : une FEMME à l'avant, qui est en train d'enfiler un tee-shirt sur son maillot de bain, un HOMME est à l'arrière, il tient la barre. I1 se lève et descend la grande voile.

 

La manœuvre a réussi, il pagaie à l'arrière,

 

NIKOS descend la ruelle, accompagné du VIEILLARD et se mêle aux badauds.

 

I1 aperçoit FRANCOIS-RENE, tous les deux se saluent.

 

Le voilier a maintenant accosté.

 

NIKOS relève l'identité des nouveaux arrivés.

 

Dans l'ouverture de la cabine apparaît une petite fille d'environ quatre ans. Elle porte un tee-shirt rose et un petit maillot de bain bleu ciel.

 

Dès que les HABITANTS de l'île l'ont aperçue, ils se dispersent.

 

NIKOS s'adresse aux nouveaux venus en anglais

 

 

NIKOS

 

 

You know you have another fellow here. There he is...FRANCOIS-RENE, would you please corne here !

*(Savez-vous que vous avez un compatriote ici. C'est lui ...FRANCOIS-RENE, venez s'il vous plait.)

 

 

 

FRANCOIS-RENE marche vers eux.

 

 

FRANCOIS-RENE

 

What is it ?

* (Plaît-il ? )

 

 

NIKOS

 

May I introduce you one of your countrymen?

*(Puis-je vous présenter un de vos compatriotes ?)

 

FRANCOIS-RENE

 

Bonjour !

 

 

L'HOMME ET LA FEMME (du bateau)

 

Bonjour !

 

NIKOS

 

Will you stay along ?

*(Resterez-vous longtemps ?)

 

 

L'HOMME

 

Only for a night. We don't like to sail by night...

*(Seulement pour la nuit. Nous n'aimons pas naviguer de nuit.)

 

 

 

FRANCOIS-RENE

 

Je crois comprendre, c'est à cause de votre fille ?

 

 

LA JEUNE FEMME

 

 

Oui, c'est cela ...C'est surprenant de rencontrer un français, ici.

 

 

FRANCOIS-RENE

 

 

Oui, je ne vous le fait pas dire. Vraiment, ils sont partout ! (en riant) : ils me persécutent ! Allez-vous dormir à terre ?

 

 

LA JEUNE FEMME

 

 

Non, nous avons aménagé notre petite cabine. On dort dedans toutes les nuits; c'est plus économique à la longue...

 

 

NIKOS

 

 

Are you travelling for a long time ?

*(Voyagez-vous depuis longtemps ?)

 

 

L'HOMME

 

 

Since two months, we made all ITALY, CORFU and after, isle by isle, till today.

*(Depuis deux mois, nous avons fait l'ITALIE, CORFOU et ensuite !le par !le jusqu'à aujourd'hui.)

 

FRANCOIS-RENE

 

Bien, au revoir et bonne fin de voyage !

 

 

LA JEUNE FEMME

ET L' HOMME

 

 

Merci et au revoir !

 

 

NIKOS reste avec les nouveaux venus tandis que FRANCOIS-RENE remonte la ruelle.

 

 

FONDU AU NOIR

 

 

 

44 - INT. - CHAPELLE - NUIT

 

 

Quelques bougies éclairent une large pièce.

 

Disposées le long d'un mur, plusieurs statues parées de riches vêtements regardent fixement devant elles.

 

FRANCOIS-BENE est assis de dos devant l'autel de la chapelle qui lui tient lieu de table.

 

Il écrit.

 

Sur la feuille, la plume trace : ETOILES HISTORIES,

 

 

FONDU ENCHAINE

 

 

 

45 - EXT. - INT. - CABANE – NUIT

 

 

Un ciel étoilé.

 

Une cabane éclairée par des lampes à huile.

 

Un HOMME s'approche d'une des fenêtres (on le reconnaît c'est le SPARTIATE voleur.)

 

L'HOMME l'observe.

 

Dans la pièce, une jeune fille est assise de côté. Elle tisse une large ceinture dont l'extrémité supérieure est fixée à une poutre du plafond. La jeune fille est habillée d'une aube. Elle est appliquée à son ouvrage en comptant trois par trois les fils colorés du métier à tisser.

 

Le SPARTIATE regarde la pièce, il semble chercher quelque chose, il a trouvé

 

c'est la cuisine. Un foyer dans le coin gauche de la salle: un trou dans le toit en chacune permet à la fumée de s'échapper.

 

Le SPARTIATE regarde à nouveau la jeune fille, puis pose les yeux sur la dague. I1 va peut-être tuer...

 

La jeune fille se retourne alors, comme si elle avait senti un danger et croise le regard du SPARTIATE qui entre dans la cabane par la fenêtre.

 

Elle se lève alors, effrayée, et dénoue rapidement la sangle du métier à tisser attachée autour de ses reins.

 

 

LE SPARTIATE (en grec ancien)

 

 

Il va falloir que je te tue ! Personne n'a le droit de me voir pendant la Cryptie ! Tel est l'enseignement que je reçus.

 

 

 

LA JEUNE FILLE (en grec ancien, avec dérision)

 

 

Prends, prends ce qu'il te faut ! Contre vos lois sacrées je ne saurais m'ériger !

 

 

 

LE SPARTIATE

 

 

Tu n'es pas spartiate et tu n'as pas peur de la mort ?

 

 

LA JEUNE FILLE

 

 

J'ai été prise comme esclave, je suis Delphes. Je te prépare à manger, tu me tueras après. Cela revient au même !

 

 

LE SPARTIATE

 

 

Fais vite ! Mais ne t'avise pas de fuir !

 

La JEUNE FILLE se lève, verse le contenu d'une jarre dans un bol en terre,

 

ouvre une autre jarre et avec une louche assaisonne d'huile les mets, et tend le bol au jeune homme.

 

 

LA JEUNE FILLE

 

Qui es tu ?

 

LE SPARTIATE

 

Mon nom est NEOPTOLEME. Mon père est roi à SPARTE. Ton nom ?

 

LA JEUNE FILLE

 

ISMENE... Je sais au moins que ce sont des mains royales qui m'ôteront la vie. (cynique) Belle consolation !

 

NEOPTOLEME

 

Tu as été gentille avec moi et je ne veux point te tuer, mais comment faire, comment puis-je être sûr que tu n'ailles pas raconter cela à SPARTE. Ce serait ma mort.

 

ISMENE

 

Reste alors ici avec moi, peut-être un jour auras-tu confiance en moi.

 

 

FONDU AU NOIR

 

 

46 - EXT. - JETEE - NUIT

 

Un vent terrible souffle.

 

La mer est déchaînée,

 

la coque du petit voilier butte contre la jetée au risque de se briser. L'HOMME sort de la cabine, détache les amarres, remonte l'ancre, prend la rame à pleine main et pagaie.

 

Petit à petit, le bateau s'éloigne en tanguant dangereusement sur la mer.

 

 

47 - INT. - CHAPELLE - NUIT

 

 

Le sifflement du vent. Les statues ont de terribles regards.

 

FRANCOIS-RENE , assis, continue à écrire, une cigarette fumante à la main.

 

SURIMPRESSION

 

 

 

48 - INT. - CABANE - NUIT

 

 

ISMENE et NEOPTOLEME sont étendus nus sur une natte.

 

NEOPTOLEME dort, le visage posé sur le dos de sa compagne, la main reposant sur la poitrine d'ISMENE.

 

Les yeux ouverts, elle songe, le visage éclairé par les rayons de 1a lune.

 

FONDU ENCHAINE

 

 

49 - INT. - CHAPELLE - NUIT

 

Sur le haut d'une feuille blanche, la plume de FRANCOIS-BENE s'agite :

 

"VAIS-JE PROFITER DE SON SOMMEIL

POUR LE DÉNONCER A SON PÈRE

POURRAIS ETRE AFFRANCHIE, ET

CE SERAIT UNE BELLE VENGEANCE..."

 

Sur les derniers mots apparaît

 

 

SURIMPRESSION

 

 

50 - EXT. - JETEE - NUIT

 

 

Sur le chemin qui descend à la jetée, trois silhouettes marchent : on reconnait NIKOS, une lampe tempête à la main.

 

Devant eux, sur la mer en tourmente, le voilier à une vingtaine de mètres.

 

L'HOMME du bateau lance l'ancre à la mer et parvient, non sans mal, à rejoindre la cabine.

 

 

NIKOS (en grec)

 

Τους καημενους !.. και να σκεφτει κανεις

οτι θα διαρκεσει πολλες μερες

* (Les pauvres !...et dire que ça va durer plusieurs jours.)

 

 

 

UN HOMME

 

ας ελπισουμε οτι δεν θα χειροτερεψει

*(Espérons que ça n'empire pas.)

 

 

SURIMPRESSION

 

 

51 - INT. - CABANE - NUIT

 

 

ISMENE se retourne vers NEOPTOLEME et caresse amoureusement son.visage en murmurant :

 

 

 

ISMENE (en grec ancien)

 

Je ne puis me venger sur toi, tu es tellement bon et beau, jeune prince. Les Dieux ont croisé nos destinées, je serai ta servante ...NEOPTOLEME, je suis à toi.

 

 

La JEUNE FILLE prend dans sa main la main du jeune SPARTIATE et s'endort, visage contre visage.

 

 

FONDU AU NOIR

 

 

52 - INT. - CHAPELLE - NUIT

 

 

Dans la pénombre, un crissement de bois.

 

FRANCOIS-RENE se lève en se dégageant de son sac de couchage et se dirige vers le bruit.

 

Une des statues est bancale.

 

FRANCOIS-RENE déplace la statue pour essayer de lui rendre l'équilibre.

 

En la dégageant, FRANCOIS-RENE découvre une brèche dans le mur derrière la statue et par laquelle il sent venir du vent.

 

 

FONDU AU NOIR

 

 

 

53 - EXT. - CHAPELLE – NUIT

 

 

FRANCOIS-RENE regarde debout devant lui. Autour de lui, les éléments déchainés, des éclairs illuminent la rade.

 

 

FONDU AU NOIR

 

 

54 - EXT. - CHAPELLE - JOUR

 

 

NIKOS, habillé d'un ciré foncé frappe plusieurs coups sur la porte de la chapelle. FRANCOIS-RENE apparait au bout de quelques instants.

 

 

FRANCOIS-RENE

Quick ! Come in.

*(Vite, entrez !)

 

NIKOS entre précipitamment, la porte se referme.

 

 

55 - INT. - CHAPELLE - JOUR

 

 

La porte se referme. Le visage des statues en enfilade sont de profil. Près de la porte, FRANCOIS-RENE et NIKOS debout.

 

NIKOS

 

 

Nobody wants to go with me. I need you to bring back the sailer's family...But be careful, it's dangerous.

*(Personne ne veut m'accompagner, j'ai besoin de vous pour ramener la famille des marins... Mais faites attention, c'est dangereux.)

 

FRANCOIS-RENÉ

 

I am coming, wait for a moment !

*(Je viens, un instant !)

 

 

FRANCOIS-RENE se change.

 

 

FERMETURE

 

 

56 - EXT. - JETEE - JOUR

 

 

La mer a recouvert la jetée.

 

Plusieurs personnes transportent une embarcation.

 

Au loin, le voilier qui disparaît et réapparaît au gré des vagues.

 

Les HOMMES réussissent à mettre le bateau à la mer.

 

NIKOS et FRANCOIS-RENÉ montent dedans.

 

De nombreux VILLAGEOIS sont là et regardent.

 

Chacun des visages est anxieux.

 

NIKOS rame de toutes ses forces.

 

FRANCOIS-BENE tient le gouvernail.

 

Mais la mer est de plus en plus furieuse et l'embarcation est fouettée de toute part par les vagues.

 

NIKOS rame malgré le temps.

 

 

NIKOS

 

Shit ! The oar...

*(Merde ! La rame…)

 

 

Une des deux rames est cassée.

 

Alors NIKOS s'approche de FRANCOIS-RENE, tant bien que mal en prenant prise aux planches servant de siège â l'embarcation.

 

 

NIKOS

 

We must go back !

*(On doit rentrer !)

 

 

NIKOS prend le gouvernail.

 

Le bateau revient vers la jetée...

 

Les VILLAGEOIS aident les "héros" à sortir de l'embarcation, puis à transporter le bateau.

 

Et le voilier reste seul au milieu de la rade, joué par les flots.

 

Inaccessible.

 

 

FONDU AU NOIR

 

 

57 - EXT. - MER - NUIT

 

 

Le voilier dans la tempête se surimpressionne au manuscrit que FRANCOIS-RENÉ écrit dans la chapelle.

 

 

58 - INT. - CHAPELLE - NUIT

 

 

A droite d'une feuille de papier blanc posée sur l'autel, un cendrier plein de mégots.

 

La main de FRANCOIS-RENÉ s'agite en laissant à l'extrémité de la plume s'écouler un long fil d'encre

 

On entend en même temps OFF ce qu'il y a d'écrit

 

sur la feuille.

 

-J'AI PRÉPARÉ NOTRE FUITE, UN BATEAU NOUS ATTEND A GYTHION.

 

voix d'ISMENE : - IL FAUT FAIRE VITE : A L'HEURE QU’IL EST, TOUT SPARTE RE-

voix de NEOPTOLEME : CHERCHE LE VOLEUR.

 

Sur ces quelques lignes manuscrites, la mer calme apparaît en

 

 

SURIMPRESSION.

 

 

59 - EXT. - MER - JOUR

 

 

Un petit bateau de pécheur à voile couleur lie-de-vin,

 

vogue sous un ciel clair.

 

A son bord : NEOPTOLEME, qui dirige le bateau, et ISMENE qui se tient à l'avant, comme une figure de proue.

 

Au centre du bateau une vaisselle en or et une caisse de monnaies.

 

NEOPTOLEME a le sourire aux lèvres, quelques mouettes traversent le ciel...

 

SURIMPRESSION

 

 

 

60 - EXT. - MER - NUIT

 

 

Des éclairs semblent se jouer du voilier du couple français.

 

Le feu de Saint-Anselme tombe sur le mât, il éclaire tout le voilier et la mer autour.

 

 

SURIMPRESSION

 

 

61 - INT. - CHAPELLE - NUIT

 

 

La silhouette de FRANCOIS-RENE, penchée. I1 écrit fébrilement.

 

Les saints semblent veiller sur lui.

 

Des éclairs illuminent la chaire triste des murs et du plafond sur lequel apparaissent les ombres projetées des statues.

 

 

 

62 - EXT. - PLAGE- JOUR

 

 

NEOPTOLEME descend du bateau en sautant dans le sable.

 

On reconnaît la plage de FRANCOIS-RENE.

 

I1 débarque le trésor volé aux SPARTIATES et déverse les monnaies d'or sur le sable pendant qu'ISMENE danse de joie en riant.

 

 

SURIMPRESSION

 

 

63 - EXT. - JETEE - NUIT

 

 

La mer supporte le voilier des français.

 

 

64 - INT. - CABINE DU VOILIER - NUIT

 

 

Le fourneau à gaz portatif glisse et tombe de l'étagère.

 

Un cri de femme retentit.

 

 

65 - EXT. - MER - NUIT

 

 

Une vague frappe la coque et le bruit qu'elle provoque couvre le cri.

 

 

66 - EXT. - ILE - JOUR

 

 

ISMENE et NEOPTOLEME cueillent une grappe de raisin sur la vigne et le dégustent joyeusement.

 

 

FONDU ENCHAINE

 

 

 

67 - EXT. - FONTAINE - JOUR

 

 

NEOPTOLEME remplit la cruche en or au jet de la fontaine.

 

ISMENE , assise sur une berge, tend la timbale

 

NEOPTOLEME y verse de l'eau.

 

 

68 - INT. - GROTTE - JOUR

 

 

NEOPTOLEME transporte le trésor.

 

ISMENE tient derrière lui une torche allumée; de part et d'autre, des stalagmites et stalactites.

 

I1 s'enfonce profondément dans la galerie.

 

 

FONDU ENCHAINE

 

 

 

69 - INT. - CHAPELLE - NUIT

 

 

Dans le bruit de la tempête, FRANCOIS-BENE pose un point â la suite d'une phrase inscrite en haut d'une feuille de papier.

 

I1 est écrit : LES JOURS PASSENT,..

 

 

FONDU ENCHAINE

 

 

70 - EXT. - ILE - JOUR

 

 

ISMENE, heureuse, marche au sommet d'une colline. ELLE regarde vers le bas, semble terrifiée et se projette sur le sol aussitôt.

 

Au loin, plusieurs dizaines d'hommes en armes gravissent les rochers.

 

ISMENE rampe avant de se mettre â courir.

 

FONDU ENCHAINE

 

 

71 - EXT. - FORET - JOUR

 

 

ISMENE traverse en courant une forêt verte.

 

 

FONDU ENCHAINE

 

 

72 - EXT. - GROTTES - JOUR

 

 

ELLE parvient en vue des grottes et pénètre dans l'une d'elles.

 

 

 

73 - INT. - GROTTES - JOUR

 

 

La voix d'ISMENE est essoufflée et le son rebondit en échos sur les parois.

 

ISMENE

 

Les soldats ...ton père... Ils sont là.

 

 

Un feu crépite au loin, illumine la grotte.

 

NEOPTOLEME

 

Par ici. Prends du feu !...Ils n'auront jamais leur trésor. Je les hais.

 

 

Au fur et à mesure que NEOPTOLEME et ISMENE descendent la galerie, la lumière balaie ses contours.

 

FONDU AU NOIR

 

 

74 - EXT. - ILE - JOUR

 

Des soldats sortent des entrées des grottes et se dirigent vers un groupe d'hommes parmi lesquels l'un d'entre eux sacrifie un lapin aux dieux : c'est l'ORACLE.

 

L'ORACLE (en grec ancien)

 

Mon roi, une semaine est passée et nos soldats ont cherché partout, les DIEUX nous commandent de quitter l'île et de rentrer à LACEDEMONE. POSEIDON va se mettre en colère et nous serons bloqués ici pendant six mois.

 

LE ROI (dont on reconnaît la voix)

 

Bien, les DIEUX nous conseillent de renoncer à notre vengeance. Soit. Mais avant de partir, murez-moi toutes les entrées et que cette île soit le tombeau de ces voleurs impies. (à l'ORACLE, changeant de ton) Nous rentrons à SPARTE. NEOPTOLEME, votre futur roi, mon fils, doit rentrer de la Cryptie.

 

 

Les soldats s'affairent.

 

Utilisant le manche de leurs lances comme un pied de biche, ils font rouler des pierres devant l'entrée des grottes.

 

 

75 - INT. - CHAPELLE - MATIN

 

 

FRANCOIS-RENE se lève de son siège et s'étire. I1 est visiblement satisfait de lui-même.

 

I1 se dirige vers la porte d'entrée de la chapelle qu'il ouvre.

 

 

76 - EXT. - CHAPELLE – MATIN

 

FRANCOIS-RENÉ sort de la chapelle et fait quelques pas en direction de la rade.

 

I1 respire fortement l'air.

 

Le temps est beau.

 

FRANCOIS-BENE s'arrête et regarde devant lui. I1 s'est mis en position de Tai Chi.

 

 

77 - EXT. - MER - MATIN

 

 

La partie arrière du voilier sur laquelle un HOMME (l'HOMME du couple de français) hisse l'ancre.

 

Derrière lui, la jetée sur laquelle NIKOS et

 

plusieurs HABITANTS attendent...

 

 

78 - EXT. - JETEE - MATIN

 

 

La coque du voilier touche la jetée.

 

L'HOMME largue une amarre et NIKOS l'attache à un anneau de métal rouillé.

 

Le visage de l'HOMME dénote une profonde tristesse.

 

I1 entre dans la cabine, sans mot dire.

 

Les HABITANTS observent silencieusement(comme s'ils se doutaient qu'un malheur...)

 

L'HOMME sort de la cabine, portant dans ses bras le corps de sa petite FILLE.

 

Sa FEMME le suit.

 

Les VIEILLARDS s'écartent respectueusement lorsque les malheureux descendent du voilier.

 

Tout est triste, au rythme de la mer - monotone sur les rochers.

 

Une des FEMMES présente dans l'assistance se met à hurler, la lamentation se transforme en pleurs.

 

La petite est déposée sur une couverture, sur la jetée. Sa MERE veille à ses côtés.

 

Une des FEMMES quitte la jetée et remonte vers le village.

 

NIKOS la regarde s'éloigner; il est debout prés du

 

PERE et son âme partage sa peine. .-

 

FONDU AU NOIR

 

 

79 - EXT. - CHAPELLE - MATIN

 

 

FRANCOIS-RENE fait ses mouvements de TAI CHI CHUAN, sur le chemin qui monte à la chapelle, plusieurs femmes, plusieurs hommes, s'avancent.

 

Imperturbable, FRANCOIS-RENE continue les mouvements.

 

 

UN HOMME (en italien)

 

Buon giorno.

*(Bonjour.)

 

FRANCOIS-RENE(s'arrétant)

 

Buon giorno.

*(Bonjour. )

 

 

L'HOMME

 

Possiamo entrare nella cappella ?

*(On peut entrer ?)

 

FRANCOIS-RENE

 

Come no ? ! E' casa vostra !

*(Bien sûr ! C'est chez vous !)

 

L'HOMME (s'adressant en grec au groupe)

 

Μπεστε μπεστε, γρηγορα

*(Entrez, entrez ! Faites vite !)

 

 

Pendant que les hommes entrent dans la chapelle, les uns après les autres; l'HOMME accompagne FRANCOIS-RENE vers la porte d'entrée tout en parlant "SOTTO VOCE" du deuil qui a touché le couple de français.

 

Les HOMMES sortent une â une les statues des Saints habillés de vêtements rehaussés de fils d'or.

 

Ils les disposent devant la chapelle.

 

Deux vieil HOMMES arrivent en portant le berceau en bois.

 

Sur le chemin, des gémissements : des pleureuses... suivies d'un funeste cortège.

 

FRANCOIS-BENE regarde de ses yeux brillants, aucune émotion sur son visage...

 

Le PERS avance, sa petite dans ses bras. NIKOS lui indique le berceau. Ils placent l'enfant à l'intérieur.

 

Après que la MERS ait embrassé son enfant, un HOMME pose une planche de bois et la cloue comme couvercle sur le berceau-bière.

 

Portée par deux HOMMES, la. bière s'ébranle. FRANCOISRENE se joint â la procession gui prend le chemin de la FONTAINE.

 

 

80 - EXT. - FONTAINE - JOUR

 

 

La procession traverse à gué la rivière : la bière

 

marche en tête, suivie des parents de la défunte.

 

 

FONDU ENCHAINE

 

 

81 - EXT. - COL - JOUR

 

 

Des vaches sur le flanc de la colline assistent à l'avancée du cortège qui, en ombre chinoise, se détache du ciel lumineux et disparaît peu à peu derrière le col.

 

 

FONDU AU NOIR

 

 

82 - EXT. - CIMETIERE - JOUR

 

La fosse a été creusée à l'emplacement oÙ FRANCOISRENE s'était endormi(sous l'eucalyptus).

 

NIKOS termine la sépulture en comblant le trou.

 

Les HABITANTS de file assistent, certains même donnent un coup de main à NIKOS qui se repose un instant avant de reprendre le travail.

 

Les statues des Saints sont disposées en enfilade de part et d'autre de la grille d'entrée.

 

FRANCOIS-RENÉ observe tous les VILLAGEOIS rassemblés pour l'occasion et semble chercher quelqu'un parmi eux.

 

 

Le couple de français se dirige vers la sortie du cimetière.

 

Seuls demeurent groupés autour de la tombe des vieilles femmes en lamentations (stridentes).

 

 

Au dessus de la terre fraîchement remuée, l’Eucalyptus reste muet.

 

FRANCOIS-RENE sort à son tour.

 

NIKOS s'est approché du PERS de la défunte

 

 

NIKOS

 

You have to come to my office. We have some formalities to do about the death of your daughter.

*(Vous devez venir avec moi. Nous devons accomplir des formalités qui concernent la mort de votre fille.)

 

LE PERE

 

Yes, before going home...

*(Oui, avant de rentrer...)

 

FONDU AU NOIR

 

 

83 - EXT. - JETEE - SOIR

 

 

Sur la jetée, plusieurs dizaines d'HABITANTS attendent...

 

NIKOS, FRANCOIS-RENE et le COUPLE descendent le chemin du village.

 

Les insulaires s'écartent respectueusement et

 

reforment le cercle dés leur passage.,

 

La JEUNE FEMME monte dans le bateau, suivie par son mari.

 

Trois PERSONNES s'avancent et tendent à la JEUNE FEMME, tour à tour, un gros pain de campagne, une bouteille ventrue d'huile, une bouteille de vin et des boites de conserve. Le MARI monte la grande voile, et lève l'ancre. NIKOS défait l'amarre, le voilier s'ébranle, dérive un petit moment,

 

l'HOMME, d'un coup de barre, le place dans le vent et gonfle la voile.

 

La JEUNE FEMME, debout à l'avant, salue d'un geste gracieux et triste les HABITANTS de file tombeau de sa fille unique

 

On entend OFF les pleurs et les lamentations des femmes au cimetière qui accompagnent la voile sur la mer. FRANCOIS-RENE remonte le chemin.

 

FONDU AU NOIR

 

 

84 - EXT. - ROCHER - JOUR

 

 

En bermudas, FRANCOIS-RENE marche sur les rochers.

 

I1 porte un petit sac à dos.

 

Au loin, devant lui, la plage que nous connaissons,

 

sur celle-ci, la même FEMME que les fois précédentes, est couchée nue.

 

FRANCOIS-RENE s'arrête dès qu'il l'aperçoit, ses yeux lancent des flammes de colère.

 

I1 s'avance et sa démarche trahit ses sentiments.

 

 

85 - EXT. - PLAGE - JOUR

 

 

La FEMME se lève, fait quelques pas vers la mer devant laquelle elle respire profondément, puis se met à chanter l'air de BRUNNEHILDE quand SIEGFRIED la réveille sur le rocher où la WALKYRIE est devenue mortelle...

 

 

86 - EXT. - MER - JOUR

 

Merveilleuse, elle chante.

 

FRANCOIS-RENE, derrière elle, est assis à la lisière du sable et des rochers. I1 l'écoute, attentif.

 

 

 

87 - EXT. - PLAGE - JOUR

 

L'expression de FRANCOIS-RENE change peu â peu il devient amoureux.

 

Alors il se lève et s'avance vers la FEMME.

 

I1 est nu, et s'approche sans faire de bruit, l'embrasse dans le cou... sur la poitrine .... près de la bouche ...mais l'INCONNUE continue de chanter comme si FRANCOIS-RENE n'existait pas.

 

Doucement, il couche la jeune fille sur le sable et peu à peu lui fait l'amour.

 

Elle s'abandonne à lui en chantant.

 

L'INCONNUE a DISPARU, FRANCOIS-RENE fait l'amour au sable de la plage

 

On entend en VOIX OFF l'air de WAGNER.

 

REAPPARITION de l'INCONNUE; FRANCOIS-RENE lui mord violemment la bouche.

 

Elle cesse un moment de chanter, une triste mélodie (un lieder de SCHUBERT) succède à WAGNER en guise de réponse.

 

FRANCOIS-RENE essaie de parler, mais aucun son ne sort de sa bouche. Il regarde avec dépit la JEUNE FEMME qui, sous son corps, chante, si belle.

 

DISPARITION de l'INCONNUE; en fait, FRANCOIS-RENE est seul.

 

I1 continue son acte d'amour à la plage, une triste mélodie résonne dans sa tête.

 

 

FRANCOIS-RENE(criant presque)

 

Tais-toi ! Mais tais-toi donc !

 

 

REAPPARITION de l'INCONNUE qui continue son chant.

 

FRANCOIS-RENÉ avise un gros galet près de la tête de la JEUNE FILLE, s'en empare

 

et assène plusieurs coups sur le visage de l'INCONNUE pendant que le bruit des vagues roulant sur le sable répond en écho au son ampliflié du caillou qui frappe le crâne de la JEUNE FILLE.

 

Le sang gicle,

 

les coups redoublent.

 

DISPARITION de la JEUNE INCONNUE : FRANCOIS-RENE est seul sur la plage, il tape furieusement le sable,

 

son visage est couvert de sang.

 

REAPPARITION de la JEUNE INCONNUE : elle est morte,

 

FRANCOIS-RENE continue son acte d'amour.

 

Cri de jouissance. I1 est seul sur la plage,

 

se lève et se dirige vers son sac à dos resté en arrière, à la limite des rochers et du sable de la plage,

 

tire du sac une sangle en plastique noir ainsi que

 

les palmes,

 

revient vers l'INCONNUE qui est réapparue.

 

I1 attache l'extrémité de la sangle au pied de sa victime.

 

Tire son corps vers la rive,

 

chausse ses palmes,

 

entre dans la mer,

 

nage en tirant derrière lui le corps de la cantatrice qui flotte sur l'eau.

 

 

FONDU ENCHAINE

 

 

88 - INT. - GROTTE SOUS-MARINE - JOUR

 

FRANCOIS-RENÉ nage dans la grotte et se dirige vers les bords.

 

La victime flotte au milieu.

 

FRANCOIS-RENE avise un gros caillou posé sur un rocher,

 

se hissant jusqu'à lui, il entoure de sa sangle le gros caillou et l'arrime fortement.

 

Le corps de la cantatrice s'est approché du rocher.

 

FRANCOIS-RENE POUSSE LE CAILLOU DANS L'EAU.

 

Le corps disparaît lentement.

 

 

89 - INT. - MER - JOUR

 

 

LE CORPS COULE LENTEMENT,

 

il rejoint, tiré par le poids de la pierre, DEUX SQUELETTES ENLACES...

 

Autour d'eux : une vaisselle d'or et des monnaies antiques.

 

Les longs cheveux de l'INCONNUE sont comme une sorte d'algue blonde qui se meut lentement, au rythme de l'eau pénétrant par l'ouverture de la grotte;

 

en haut, les pieds palmés de FRANCOIS-RENE s'agitent à la surface de l'eau, ils rejoignent la lumière de la mer en sortant de l'obscurité de la grotte.

 

FONDU AU NOIR

 

 

90 - EXT. - PLAGE - JOUR

 

 

FRANCOIS-RENE sort de l'eau, les palmes à la main.

 

Il avance vers le lieu de son crime; le sable est agité, il n'y a plus une seume trace de sang.

 

I1 sort de son sac à dos une serviette de plage qu'il étend sur le sable.

 

I1 se couche dessus.

 

I1 se met à siffler la mélodie qu'il jouait sur

 

la guitare dans le rêve qu'il avait fait lorsqu'il dormait sur le bateau qui devait le conduire à ANTICYTHERE.

 

Les titres du déroulant s'inscrivent sur l'image.

 

EN VOIX OFF : la musique de la guitare qui accompagne les sifflements heureux de FRANCOIS-BENE .

 

F I N

 

FONDU AU NOIR

 

Paris le 10 février 1986.

Laury Granier et Michèle Finck