Les fiches du cinéma 1998 n°1486
Réalisé par le peintre Laury Aime, La Momie à mi-mots est un film inclassable sans la moindre ligne de dialogues et mettant en scène la célèbre danseuse-chorégraphe, Carolyn Carlson (toujours fascinante, même si on l’a déjà vue plus inspirée et magique que dans ces décors naturels de squares parisiens). Initialement film expérimental de sept heures composé de nombreux longs plans-séquences, il a été réduit à deux heures pour ne sortir finalement en salle que dans une version de 42 minutes (ce qui lui vaut une avalanche de plans saccadés souvent déconcertants et reposant sur un montage très maîtrisé). Le réalisateur, par son travail totalement esthétique et formel, crée son propre langage cinématographique à grand renfort de recherches visuelles et plastiques et s’adresse à nos seuls sens. Les symboles sont assurément légion, mais le spectateur peut surtout se laisser aller au charme de cette poésie audacieuse.
Découpé en dix chapitres signalés par des panneaux (" Entraînement de Carolyn Carlson ", " Souvenirs d’enfance ", " Il était une fois dans un jardin ", " Mort et momification ", " Funérailles "...), le récit pas toujours particulièrement clair (entre rêve, folie et dérisoire), n’est jamais indigeste. On retrouve à l’image quelques personnalités venues cautionner le travail de Granier : Jean Rouch ou Philippe Léotard, utilisés comme simples figurants de luxe ! Bien sûr, la fable de la résurrection est un peu démonstrative, et on peut y rester insensible. Mais la démarche est intéressante et mérite une attention bienveillante, même s’il n’y a qu’à consulter distraitement le générique pour constater une légère mégalomanie du réalisateur !
J. C. B.