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" La momie à mi-mots": Un essai cinématographique. 

Genèse d’un film.

 

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II. 2. b. 4. Anne-Laure Meury, Ma El Aïnime Nema et Dorian - La mère des fillettes, le mage homme bleu du désert, l’enfant métis

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Comme il a été déjà question à plusieurs reprises d’Anne-Laure Meury, je ne rendrai compte ici que de la principale soirée où nous avons travaillé sur son rôle et où je devais rencontrer son fils Dorian, pressenti pour le rôle de l’enfant métis à la fin du film.

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C’est Ma El, son compagnon de vie, originaire de Mauritanie qui nous a ouvert la porte (à Michèle et moi). Il était habillé en homme bleu du désert. Nous avons fait la connaissance de leur fils, le petit Dorian, enfant métis que j’ai trouvé tout de suite parfait pour le rôle. Le salon dans lequel il jouait était une grande oasis: une énorme photo de palmiers et de dunes recouvrait l’un des murs. C’est face à ce décor que le thé nous a été servi.

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Anne-Laure, voyant mon admiration pour la couleur du vêtement de Ma El, nous a montré d’autres vêtements traditionnels de Mauritanie, qu’il avait l’habitude de porter. Elle nous a invités à revêtir, nous aussi, ces costumes. Ainsi habillés tous les quatre en caravaniers devant cette photo, nous avons commencé à réfléchir au rôle d’Anne-Laure dans le film, comme au cours d’une veillée contée dans Les Milles et Unes Nuits: le film que je voulais merveilleux engendrait une merveilleuse scène que nous aurions pu filmer. Mon pressentiment d’un lien entre le conte et La momie à mi-mots trouvait ici une confirmation.

Nous étions venu travailler avec Anne-Laure. L’apparition de Ma El, les vêtements, le décor saharien ont déclenché en moi l’envie d’associer également Ma El au film. 

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Cette idée l’a enchanté. Il fallait trouver la meilleure façon de l’y introduire. J’ai pu donc me livrer à mon plaisir favori: la modification de mon scénario grâce à une nouvelle rencontre. Dans l’enthousiasme, j’ai imaginé alors Ma El incarnant son propre personnage d’homme bleu du désert et devenant l’un des mages importants du film. Le décor du grand bac à sable, que j’avais auparavant choisi pour la scène de la momification de Carolyn, me confirmait dans l’idée de cette association. Le bac à sable devenait alors ce désert, où Carolyn venait échouer au terme de son errance. L’apparition de l’homme bleu devait souligner le caractère désertique du bac à sable de la mort et la dimension onirique de la scène.

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Le rôle d’Anne-Laure (la mère des fillettes) se précisa lui aussi. Mon idée était qu’elle entraîne les trois petites filles dans une marelle, qui devait prendre l’allure d’une danse. Comme prévu dans le scénario, les cases de la marelle devaient être constituées par les cartes éparses, disposées sur le sol par Jean Rouch. Ces cartes étaient les douze morceaux de la carte du globe terrestre. Anne-Laure devait aider ses filles à reconstituer la carte du monde, à partir des différents morceaux du puzzle - marelle, mis au hasard sur le sol.

J’ai insisté sur l’importance de la marelle de la mère: j’ai compris alors qu’Anne-Laure devait sauter pieds nus, à cloche-pied, sur les cartes. Par la nudité de ses pieds, elle initiait ses filles à un rapport étroit et simple à la terre mère, au monde, sans le masque isolant que pouvaient être les chaussures.

Anne-Laure devait revenir aussi à la fin du film apporter en présent, à Carolyn ressuscitée, le caillou d’or ayant servi à la marelle.

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Nous avons parlé également de son costume: j’ai pensé à une robe afghane de velours bordeaux sertie de fils d’or que j’avais vue. Anne-Laure était d’accord pour l’essayer.

Dans la chambre d’Anne-Laure, où nous avons cherché une paire de chaussure qu’elle devrait déchausser au moment de la marelle, j’ai vu l’affiche du très beau portrait de la femme au turban bleu de Vermeer. C’est lui qui m’a donné l’idée du turban qu’Anne-Laure devrait porter, enveloppé autour de la tête et par lequel j’espérais créer un rapport de couleur et une transition possible avec le bleu de la djellaba de Ma El, lui aussi enturbanné en homme du désert (turban noir autour de ses yeux et de sa tête). Au cours de cette soirée, nous avons choisi aussi les vêtements que devait porter Dorian (rôle de l’enfant métis) et j’expliquais à ses parents ce que j’attendais de lui: c’est lui qui recevrait, des mains de Carolyn, la baguette magique grâce à laquelle la vie pourrait être rendue au monde entier. Il était le point d’aboutissement de l’ensemble du film, peut-être la solution d’une nouvelle marche de l’humanité: c’était à lui, le plus petit, le métis, qu’incombait la mission de ce que Rimbaud appelle "changer la vie". Je l’imaginais un peu comme un "kid", marchant de dos, tel Charlot, et ouvrant le film sur l’avenir. Cette idée rencontra une forte adhésion de la part des parents de Dorian, qui étaient heureux de le voir choisi pour symboliser un avenir meilleur, sans nationalisme et sans racisme.

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Cette rencontre avec Anne-Laure et Ma El m’a confirmé dans ce qui devenait peu à peu ma "méthode" de travail: l’alliance entre le respect du scénario et l’ouverture à ce que certains appellent le hasard, d’autres le hasard objectif, la nécessité, et que je préférerai appeler la révélation ou le destin. Cette rencontre modifiait à nouveau le scénario que je réécrivis. La momie à mi-mots m’apparaissait comme une oeuvre ouverte, en perpétuel devenir.

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J’étais moi-même curieux d’en connaître la suite qui me surprenait sans cesse. La poétique de la surprise s’imposait comme une des clés de mon approche du cinéma. Cela m’a été confirmé par mon travail sur l’improvisation à certains moments du tournage, comme nous le verrons plus tard. 

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Révision : 11 avril 2003