" La momie à mi-mots": Un essai cinématographique.
Genèse d’un film.
II. 2. e. 4. Patrick Collette - Marie Desjardins - Florence Clélia (les trois anges)
J’ai voulu, dès la première écriture du scénario, qu’apparaissent trois anges.L’idée m’était venue en regardant les personnes qui courent dans le jardin du Luxembourg. Tous les matins et tout au long de la journée, on peut voir des gens faisant leur jogging dans les allées longeant les grilles qui entourent le jardin. Un jour, en les voyant courir ainsi, j’ai cru que toutes ces personnes étaient des anges tenus par des fils invisibles et qui tournaient ainsi dans le grand manège du jardin du Luxembourg. Il faudrait donc qu’apparaissent aussi quelques anges-joggers dans mon film.
Mais qui devait les incarner? C’est encore le hasard des rencontres qui a dicté mon choix. C’est en découvrant l’exposition de peinture et de sculpture d’un couple d’artistes canadiens, Patrick Colette et Marie Desjardins, à la galerie Bernanos du C. R. O. U. S. de Paris, que j’ai eu aussitôt l’idée de leur proposer, à tous deux, de jouer les anges. Ce qui m’en a donné l’idée étaient en fait les sculptures de Patrick. Je venais de comprendre que mes anges-joggers devaient être enceints! Or, Patrick avait moulé, en plâtre, de façon systématique, le ventre de sa femme Marie, à différents stades de sa grossesse. De mon côté, je tenais à ce que Carolyn momifiée adopte, juste avant de mourir, une position fœtale comme les momies que j’avais vues au Pérou. J’ai compris que les anges seraient un peu comme ceux de l’Annonciation, mais dans une version qui m’est personnelle: ils devraient courir enceints, comme pour annoncer la renaissance de Carolyn, qu’ils porteraient dans leur ventre. J’ai tout de suite demandé à Patrick de me prêter ses sculptures pour le film.
Je lui ai dit que j’aimerais que sa femme et lui soient les anges-joggers enceints. Qu’importe s’il était barbu pour jouer le rôle d’un ange enceint, dis-je à Patrick, qui se proposait de raser sa barbe pour le rôle! Il serait encadré par deux femmes: sa propre femme et une autre femme, Florence Clélia (qui voulait bien jouer le rôle d’un ange mais qui acceptait mal l’idée de porter le moulage d’un ventre avec ses ailes - j’ai dû lutter pour la convaincre).
Voilà que mon scénario était une fois de plus modifié, par la découverte de ces ventres moulés.
Patrick Colette m’a demandé l’autorisation d’être le photographe de plateau du film.
C’est à lui que je dois quelques-uns des souvenirs photographiques de la première partie du tournage. Il a également accepté de m’aider pour fabriquer certains éléments du costume des anges et a construit, sous ma direction, les paires d’ailes des anges.
Marie Desjardins, sa femme,
a également accepté l’idée de se joindre à la petite troupe du film.
Les Collette étaient sur le point de quitter Paris où ils avaient vécu, boursiers, et attendus leur premier enfant: ils étaient enchantés de terminer leur séjour en participant à ce film.