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" La momie à mi-mots": Un essai cinématographique. 

Genèse d’un film.

 

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II. 2. e. 8. Jean Boyer-Ressès - le maître des mouettes

C’est en me promenant au jardin du Luxembourg, lieu de perpétuelle inspiration pour moi, que j’ai été enchanté de voir un vieil homme qui, tous les jours, venait donner à manger aux oiseaux. Les mouettes, avant son arrivée, se juchaient tout autour du lieu où il devait venir, comme si elles l’attendaient. Je l’ai, comme elles, attendu. Dès qu’il faisait son apparition, elles se livraient à un rituel de bienvenue: elles tournoyaient un moment autour de lui, par groupe de cinquante au moins puis se perchaient sur sa tête, sur ses épaules, sur ses mains, au point qu’il semblait presque disparaître sous un nuage de plumes blanches en vol.

J’ai attendu longtemps avant d’oser lui adresser la parole, tant la lumière qui émanait de cette scène m’imposait la discrétion. Un jour, je n’ai pu résister au plaisir de venir avec la caméra vidéo d’Udnie et de filmer l’osmose de cet homme et de ces oiseaux. Ce jour-là, j’ai filmé jusqu’à épuisement de ses morceaux de pain et de mes batteries. Grâce à la vidéo, j’ai pu entrer en conversation avec Jean Boyer Ressès: je lui montrai dans le viseur une partie de ce que je venais de filmer. J’ai vu qu’il était ému de se voir. Je lui ai dit qu’il pouvait se voir en couleur s’il le désirait. C’est ainsi qu’il est venu à Udnie voir ce que je venais de vidéographier et que nous avons fait plus ample connaissance. Il m’a raconté qu’il était un ancien amiral de la marine française, qu’il avait été marié à une femme peintre, qui venait de disparaître, et qu’il continuait à lui parler, tous les jours, par l’intermédiaire des mouettes. J’avais en effet remarqué que Jean semblait murmurer continuellement des mots inaudibles aux mouettes. L’impression que j’avais, que cette scène était nimbée d’une grande lumière spirituelle, se trouvait confirmée.

Je lui parlais de mon film en cours et de mon désir, s’il le voulait bien, de retourner le filmer mais, cette fois-ci, avec une pellicule pour le cinéma.

Bien sûr, il fallait réfléchir aux moyens d’intégrer ce personnage aux oiseaux. Je l’ai peu à peu vu comme un personnage faisant la transition entre la scène de présentation rapide du jardin et de ses petits métiers, et la scène du souvenir de Carolyn enfant, sous la statue de L’Ecriture (située exactement en face du lieu choisi par Jean pour nourrir les mouettes). J’ai compris que Michèle Finck, qui devait apparaître dans la scène du souvenir, devait être déjà présente dans la scène des oiseaux. Elle apparaîtrait ainsi comme une sorte de fée des oiseaux. Avant de tourner cette séquence, j’ai vu Jean à de nombreuses reprises. Nous tenions à ce que je devienne moi aussi l’ami des mouettes, si bien que, peu à peu, elles se posèrent aussi sur ma tête et mes épaules, certaines même sur l’objectif de la caméra vidéo. C’est ainsi que le jour du tournage pour La momie à mi-mots, j’ai filmé en étant totalement accepté par les mouettes. J’ai pu utiliser une focale qui m’a permis d’être proche d’elles, aussi proche que Jean Boyer lui-même. Malheureusement le costume et le grand chapeau orange, aux longs filaments brillants, que j’avais choisis pour Michèle les effraya. Nous verrons comment j’ai résolu cette difficulté au montage.

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Révision : 11 avril 2003