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" La momie à mi-mots": Un essai cinématographique. 

Genèse d’un film.

 

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II. 4. b. Le Jardin du Luxembourg, mes rapports avec le Sénat

Aussitôt j’adressai à l’administration du Sénat, dont dépend le jardin du Luxembourg, une demande d’autorisation de tournage pour les journées que je prévoyais dans ce jardin.

J’eus une première réponse qui n’augurait rien de bon. On me disait que le Sénat limitait les autorisations de tournage à peu de jours dans le jardin, que l’équipe devait être extrêmement réduite (au plus trois personnes) et qu’il me faudrait payer des sommes importantes pour chacune des personnes amenées et pour chaque journée de tournage.

Attristé par cette nouvelle désespérante, tant mon budget de film était réduit, j’eus recours à Jean Rouch, qui demanda à Tamara Dalmat (du G. R. E. C. ) d’écrire, en son nom à lui, une lettre au président du Sénat (alors Alain Poher) pour faciliter mes démarches. Jean Rouch, alors président de la Cinémathèque française, demandait que l’on me vienne en aide d’une façon conséquente et présentait l’institution du Groupe de Recherches et d’Essais Cinématographiques, qui m’encourageait à réaliser La momie à mi-mots. Cette lettre, retransmise par le secrétariat d’Alain Poher au service de la Questure, dont dépendent les autorisations de tournage, eut pour effet ma convocation presque immédiate.

Monsieur Richard, responsable à la Questure du Sénat, me demanda une nouvelle lettre manuscrite de Jean Rouch, qui devait lui être adressée en nom propre. Il me demanda, en outre, de m’expliquer sur mon projet, sur mes intentions de tournage et sur les plans que j’avais prévus dans le jardin. À mon grand désespoir, on me fit savoir qu’un certain nombre d’entre eux étaient irrecevables par la Questure. Je prévoyais, en effet, dans ma première version du scénario, de tourner la fin de mon film, autour du bassin octogonal du Luxembourg pris dans les glaces de l’hiver; celui-ci devait se dégeler pendant la résurrection de Carolyn et enfin apparaître entièrement vue de haut: j’ai dû y renoncer totalement! Il était donc impossible d’utiliser la partie centrale du Luxembourg pour mon film, car cette partie devait rester libre de toute entrave extérieure "pour le bon déroulement de la vie dans un jardin public", m’a-t-on dit! Si je voulais pouvoir tourner au moins quelques scènes prévues dans le jardin, je devais alors modifier mon scénario dans le sens des permissions accordées par la Questure et leur adresser d’autres propositions.

Je compris alors que la fin de mon film devait avoir lieu autour de la Fontaine Carpeaux, car comme pour le bassin situé devant le palais du Luxembourg, sa position géographique me permettait de placer une caméra au sommet d’un immeuble non loin et de réaliser "la plongée", que je prévoyais après la résurrection de Carolyn. D’autre part, cette fontaine donnait un sens nouveau à mon film: sa dimension universelle servait la toile de fond à une résurrection qui, de ce fait, prendrait un autre caractère, plus intense, me semble-t-il. Pour remplacer le bassin du Luxembourg pris dans les glaces, et soudain se dégelant, j’imaginai le stratagème suivant: la fontaine Carpeau serait sans jets d’eau et asséchée avant la résurrection; l’eau jaillirait magiquement de toutes parts, comme une source de vie, après la résurrection (je parlerai plus tard des problèmes d’autorisations que cette nouvelle idée a engendrés).

Je dois ici donc remercier les impedimenta de la Questure du Sénat. Ils m’ont obligé à retravailler mon scénario, afin de contourner l’apparent obstacle qui empêchait le tournage que j’envisageais au Luxembourg. Ainsi réécrit, dans le sens du possible permis par la Questure, le scénario remporta l’adhésion du Sénat. Il y eut de nouvelles convocations, de nouvelles modifications du scénario qui m’ont contraint à trouver, pour certaines séquences, un nouveau lieu imprévu (le champ de Mars).

Après de nombreuses lettres échangées et des détails pratiques mis au clair, un coup de sonnette retentit dans les bureaux de l’association Udnie (qui dès le début du projet m’avait soutenu): un gigantesque motard, botté, sanglé et casqué aux couleurs de la nation française, de ces motards accompagnant les défilés présidentiels, m’apportait, à ma grande surprise mêlée d’effroi, l’autorisation pour deux journées de tournage, avec une équipe très réduite de trois personnes (y compris les acteurs, cadreur et metteur en scène). Cela ne faisait déjà plus de doute pour moi: il faudrait pour ces journées que je sois également caméraman!

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Révision : 11 avril 2003