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" La momie à mi-mots": Un essai cinématographique. 

Genèse d’un film.

 

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II. 4. c. Le Champ de Mars, la tour Eiffel

En accord avec la nouvelle écriture du scénario, il me fallut chercher un jardin (raccord au Luxembourg). C’est ainsi, pour mon grand plaisir, que je partis à la redécouverte des jardins parisiens: du parc Montsouris au parc Monceau, en passant par le jardin des Plantes, le jardin des Tuileries et le parc des Buttes-Chaumont... Après de nombreux repérages, prises de vues ou photos des parcs d’attractions pour enfants, je finis par me décider pour le Champs de Mars. 

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Je cherchais à remplacer avantageusement le bac à sable du jardin du Luxembourg, situé au milieu du parc d’attractions et des agrès pour enfants, que j’avais choisi pour la mort de mon héroïne. Je trouvai au Champ de Mars un petit square idéal, pourvu d’un bac à sable, nommé "mer de sable". 

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Qui plus est, il se trouvait justement près d’un grand bateau "le Liberté", construction en bois de couleurs pour enfants. 

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Le nom du bateau, au milieu de "la mer de sable", renvoyait bien (quoique de façon naïve et enfantine, ce qui me plaisait) à la problématique de la liberté, déjà évoquée dans l’une des séquences autorisée au Luxembourg, autour de la statue de la Liberté, qui a servi de maquette à celle que la France a offert aux États Unis d’Amérique.

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Ma décision se confirma quand je compris que je pouvais tirer parti de la structure d’un vieux manège en métal, qui se trouvait situé dans l’axe même de la tour Eiffel et qui semblait vêtir ce monument d’une sorte de robe à baleines. Pour réaliser ce plan, il me fallut négocier l’autorisation, très difficilement, avec le coriace propriétaire du manège, Victor Delvaux, qui voulait tirer le plus de parti possible de son bien (j’ai dû le poursuivre, chez lui, dans des cafés et autres lieux de rendez-vous, de façon incessante et interminablement). Je n’ai finalement obtenu qu’un accord oral et j’espère, connaissant le personnage, qu’il ne me fera jamais de difficultés.

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Je compris aussi que la tour Eiffel entrait ainsi dans mon scénario, grâce à cette séquence au Champ de Mars et à ce manège. La tour Eiffel, dans le scénario une nouvelle fois modifié, devait intervenir également comme toile de fond et comme préfiguration de l’élévation et de la résurrection de Carolyn.

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De nouvelles séquences naissaient ainsi de ces réflexions: dans le plan d’eau situé sous la tour, j’aperçus la tour Eiffel se réfléchissant dans l’eau. J’eus ainsi l’idée d’une séquence, où la tour Eiffel apparaîtrait à l’envers, dans son reflet. Cette séquence, faisant suite à celle de la statue de la Liberté déformée, devenait le prélude à la traversée de l’Achéron par Carolyn, dans la barque conduite par Roland Godard, le pianiste bastringue, que j’associais à l’image du Charon de la Divine Comédie de Dante. En effet l’idée du nocher me vînt là, mais je savais qu’il faudrait pour la réaliser une barque capable de le transporter avec son chargement. Exalté par ma trouvaille, je revoyais les gravures 118 de Gustave Doré pour illustrer le texte de Dante. Je relisais le chant troisième de l’Enfer, en particulier les paroles de Charon:

" ‘C’est par moi que l’on va dans la cité plaintive:

         C’est par moi qu’aux tourments éternels on arrive:

       C’est par moi qu’on arrive à l’infernal séjour (...)

              Laissez toute espérance en entrant dans l’Enfer!’ "119

Je compris alors que la liste des demandes d’autorisation allait s’allonger. Il me faudrait obtenir un nouvel accord pour le Champ de Mars, mais aussi le droit de placer une caméra sur la tour Eiffel, en direction de ce plan d’eau réfléchissant. La déformation de la tour Eiffel ne pourrait être possible que si j’obtenais l’autorisation d’arrêter la cascade qui se jette dans ce plan d’eau. Ce même jour, j’eus l’idée d’une image qui approfondirait le sens de mon film: l’image du masque du visage de la statue de la liberté, sombrant dans le reflet de la tour Eiffel inversée. J’avais découvert ce masque dans le magasin, où je m’étais enquis du moyen de gonfler des centaines de ballons multicolores avec de l’hélium, pour les enfants apparaissant à la fin du film.

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C’est ainsi que j’adressai une demande d’autorisation de tournage à la délégation aux Espaces Verts de la Mairie de Paris, direction des Parcs et Jardins (dont dépend le Champ de Mars), pour obtenir, contre un remerciement au générique de mon film, le droit de tourner quelques jours sur cette esplanade, aux divers endroits que j’avais choisis.

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Ces autorisations, bien que demandant de nombreuses démarches (surtout pour obtenir la gratuité), furent parmi les plus simples à obtenir, grâce aux concours de bienveillantes administratrices.

Pour la tour Eiffel, l’administration de la société qui gère la tour m’autorisa à effectuer un repérage au premier étage pour voir si le plan prévu était faisable.

Je compris que, pour le réaliser, il faudrait l’aide de talkies-walkies, sans quoi le cadreur installé au premier étage de la tour ne pourrait pas suivre mes instructions. Je m’aperçus aussi qu’un grand vent soufflait là-haut et risquerait de faire trembler la caméra qui, en raison du plan choisi, ne pouvait pas être mise sur pied et dont la focale devait être longue pour rapprocher et cadrer strictement le plan d’eau, de façon à donner l’illusion d’une rivière, voire d’un fleuve.

Les responsables acceptèrent eux aussi de soutenir le projet de résurrection de la momie et voulurent bien, contre un remerciement au générique du film, me donner l’autorisation de tourner du haut du premier étage. Je découvrais que l’autorisation de pénétrer dans l’enceinte entourant le plan d’eau dépendait de la même administration. Elle me fut octroyée. Par contre, pour stopper la cascade, il me fallut m’adresser aux gardiens et aux jardiniers du Champ de Mars qui acceptèrent de vérifier avec moi si le reflet de la tour Eiffel était bien visible, une fois la cascade interrompue. Ils me promirent de me prêter leur aide le jour du tournage.

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Je ne savais pas alors que nous aurions besoin, un an plus tard, d’une nouvelle autorisation de tournage, du haut du premier étage de la tour Eiffel, mais cette fois-ci dans une autre direction: celle du manège situé au bout du pont d’Iéna, sous la tour Eiffel.

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En effet ce fut pour un tournage de nuit que je sentis la nécessité de filmer, à la fois de la terrasse du premier étage et de la cabine de l’ascenseur de la Tour, ce manège éclairé, transportant sur les chevaux de bois un groupe de sonneurs de trompes. J’obtins heureusement cette autorisation. Je tiens à préciser que, comme le tournage avait dépassé l’horaire nocturne de fermeture de la tour Eiffel, le personnel accepta d’attendre que nous ayons terminé nos plans.

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118 Dante, La Divine Comédie, illustrations de Gustave Doré, traduite par Louis Ratisbonne, Diffusion J. Lazarus, 1988, illustrations p. 22 et p. 27.

119 ibid, p. 23.

 



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Révision : 11 avril 2003