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" La momie à mi-mots": Un essai cinématographique. 

Genèse d’un film.

 

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III. 3. c. La projection du bout à bout de deux heures vingt à Carolyn Carlson et Jean Rouch - 22 avril 1991

C’est dans la petite salle privée, du Comité du Film Ethnographique, que j’ai projeté le premier bout à bout de La momie à mi-mots. Ironie du sort, l’entrée de cette salle se situe dans le Musée de l’Homme, juste à côté de vitrines où sont exposées des momies!

Cette version de deux heures vingt minutes, fort curieuse et recelant des bizarreries dont j’étais conscient, comportait en outre certaines longueurs et des répétitions interminables, dont j’ai encore plus pris conscience grâce à la projection muette du film sur grand écran.

Pour Carolyn et Jean, nul doute, il y avait là matière à un film. Celui-ci devrait être forcément remonté, retravaillé et réduit. Carolyn, toujours exigeante, ne se fit pas faute de souligner les longueurs, la place trop importante que j’avais donnée au danseur de yo-yos, les maquillages qui faisaient défaut (je lui en avais pourtant proposé et elle s’y était opposé).

Carolyn regarda le pré-montage avec l’œil d’un réalisateur, avide qu’elle était d’imaginer son propre film, à partir de mes images. Elle répétait: "I would like to make my own film". J’étais bien, pour ma part, décidé à ne pas l’écouter sur ce point et à faire mon propre film. Elle sut aussi se montrer encourageante : "I’m sure you’ll make it".

Je m’ennuyais souvent, car je n’avais pas encore fait le choix définitif entre plusieurs prises de vues du même plan.

Pendant la projection, je pris conscience qu’il s’agissait en fait d’une toute première version d’un bout à bout incomplet. Certes, les séquences étaient montées dans l’ordre de l’histoire, mais il manquait les séquences que je n’avais pas encore pu tourner: j’avais mis de l’amorce blanche, aux endroits où je savais qu’il devait y avoir d’autres scènes, notamment la scène autour de "la statue de l’Ecriture" ou celle (ratée) des mages apportant des présents, au moment de la résurrection.

J’avais également mis des blancs pour tous les plans de coupe concernant les déformations de la statue de la liberté et celles de la tour Eiffel, que je devais encore tourner.

Jean Rouch me fit plusieurs remarques intéressantes. Il m’a dit quelles étaient les scènes qu’il aimait le plus: le début (la scène des grilles), les plans de Carolyn pris du premier étage de la tour Eiffel. Il me montra aussi mes erreurs: j’avais trop panaché, selon lui, les différentes prises de vues au détriment du souffle de l’ensemble; je n’avais pas encore fait mon choix, pour les plans du danseur de yo-yos.

Je sentais surtout qu’il manquait du rythme, que les plans étaient trop longs: en bref, il s’agissait d’un brouillon.

Pendant la projection, je pris conscience de ce fait majeur: il valait mieux insister oralement auprès de Carolyn et Jean sur le fait que je voyais bien moi-même qu’il s’agissait d’un film en devenir.

Grâce à la projection muette, je sentais très bien à quel endroit mon petit public décrochait, et je prenais note dans ma tête des moments ennuyeux, qu’il me faudrait revoir.

Encouragé par Carolyn et Jean, je sortis de cette projection heureux de pouvoir me remettre au travail, et surtout plus que jamais déterminé à tourner les séquences qui me manquaient.

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Révision : 11 avril 2003