" La momie à mi-mots": Un essai cinématographique.
Genèse d’un film.
III. Troisième partie: du premier tournage à la projection du "bout à bout"
Méthode
Comment raconter le tournage? Encore une fois, je prends le parti de le raconter comme une histoire, en suivant sa chronologie et en espérant que les petits détails seront eux aussi porteurs du sens. J’essaierai surtout de rendre compte de toutes les casquettes avec lesquelles j’ai dû jongler pendant le tournage, mais aussi de ce que l’on pourrait appeler la lutte entre l’esprit et la matière. En effet, l’esprit, s’il est libre et conçoit rapidement, est sans cesse aux prises avec la matière: avec le matériel technique si lourd à rassembler, avec les caméras à mettre en place, avec le climat et avec les lieux. À travers les détails du récit, c’est donc aussi le poids de la matière que j’évoquerai, au risque de paraître parfois un peu long. C’est également cette lutte entre l’esprit et la matière puis leur réconciliation finale à l’image qui constituent, selon moi, la beauté du tournage.
J’aurais pu m’en tenir aux tournages des séquences avec Carolyn, ou du moins, des séquences principales, mais cela n’aurait pas reflété l’expérience dans son ensemble. Qui plus est, c’est souvent dans les petites scènes que j’ai pu perfectionner mon approche du cinéma.
J’essaierai, lorsque cela est possible, d’allier la description à l’analyse, pour montrer comment l’histoire du tournage coïncide aussi avec la maturation progressive d’un regard, avec l’apprentissage du cinéma.
L’originalité de cette expérience repose enfin sur deux axes qui se complètent: les tournages prévus et les tournages surprises. J’aurai donc également l’occasion d’approfondir ici la réflexion sur le prévu et l’imprévu, déjà esquissée dans les parties précédentes. On verra aussi que c’est cette oscillation funambulesque entre ces deux pôles qui m’a fait courir les risques les plus sérieux.