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" La momie à mi-mots": Un essai cinématographique. 

Genèse d’un film.

 

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IV. 1. b. Les séquences imprévues, surprises - Le tournage vidéo d’Essen, le montage de plusieurs vidéos, la décision d’un kinéscopage

J’ai déjà dit que, grâce au tournage des plans d’inserts, des plans surprises m’avaient été offerts. Mais ce sont aussi de véritables séquences surprises qui se sont, pour ainsi dire, imposées à moi.

Quelques mois après la projection du bout à bout à Carolyn, j’appris qu’elle partait monter une chorégraphie, avec les élèves de la Folkwanghochschuhle d’Essen en Allemagne. Je lui ai dit aussitôt que j’étais prêt à venir filmer sa chorégraphie en vidéo à Essen comme je lui avais promis de le faire dès qu’elle le souhaiterait, en échange de sa participation à La momie à mi-mots. Elle accepta aussitôt, enthousiaste.

J’appelais Reinhart Kreckel, l’organisateur du Festival d’Essen, Films for arts qui avait choisi, l’année précédente, d’ouvrir son festival en projetant quatre de mes clips. Il accepta de me loger les quelques jours que duraient les représentations de la chorégraphie de Carolyn. J’empruntai à Udnie une caméra vidéo 8, et je partis tourner Going home, qui était le titre de la nouvelle chorégraphie de Carolyn. Elle avait choisi ce titre car elle allait quitter Paris et s’installer pour longtemps à Helsinski. Comme Carolyn est une américaine d’origine finlandaise, elle avait composé sa chorégraphie sur le thème du retour aux sources.

Nous fûmes heureux de nous retrouver dans la prestigieuse école de danse d’Essen et, pendant les trois soirs que duraient les représentations de sa chorégraphie, je la filmais en choisissant trois axes différents. Je m’étais engagé auprès du responsable de l’école à livrer une copie de ces rushs, en échange de son autorisation de filmer le spectacle.

C’est à Strasbourg que j’eus la chance de rencontrer Philippe Pettinoti et Bertrand Fritch, membre de l’A. P. A. . Cette Association de Prospectives Audiovisuelles s’était spécialisée récemment en films de commande sur la danse. Ils possédaient un banc de montage Béta SP et lorsqu’ils virent les rushs de ce que je venais de tourner à Essen, ils me proposèrent de m’aider à monter cette vidéo.

Alors commença le dur travail des montages de nuit. En effet, pour que cela coûte le moins possible à l’A. P. A. , je ne pouvais venir monter que de nuit et pendant les week-end. Mon assistante Michèle Finck, qui était maître de conférence à l’université de Strasbourg, trouva où me loger. Bertrand, bon technicien qui avait l’habitude de cette régie vidéo, proposa de m’assister pour le montage de ce travail.

Mais nous ne savions pas que nous allions au-devant de grandes difficultés.

En effet, j’avais filmé de trois axes différents trois représentations, très différentes, de Going Home. Carolyn avait bien évidemment, fidèle à elle-même, retravaillé et beaucoup modifié son travail d’un soir sur l’autre, pour le parfaire. Il n’y avait donc que très peu de moments où les trois prises de vues, des trois soirées différentes, pouvaient être raccordées.

Nous dûmes donc nous ingénier à trouver les moments où nous pouvions passer de ce qu’avait filmé la caméra un soir à ce qu’elle avait filmé les autres soirs, dans d’autres espaces-temps. En fait, il s’agissait de donner au montage l’impression que le spectacle avait été filmé le même soir par trois caméras différentes et monté directement en régie: une sorte de direct, mais en fait monté en différé.

Nous travaillâmes de nombreuses nuits sur ce montage. Nous obtînmes comme résultat une captation assez originale de Going home. J’eus alors l’idée de remonter l’ensemble des tableaux, mais avec des effets vidéo différents pour chacun des tableaux.

La captation ne rendait compte que du spectacle. Je souhaitais, quant à moi, ne pas me limiter seulement à une bonne captation, mais donner une interprétation personnelle de la chorégraphie: en bref, faire une création vidéo à partir du spectacle.

Bertrand cherchait des effets spéciaux sur son banc de montage. Lorsque j’en trouvais un, qui semblait convenir à l’idée que je me faisais d’un des tableaux, je lui demandais de l’essayer sur la séquence.

Nous procédâmes ainsi pour tout le montage de Going home. Une fois achevés ces travaux, je demandai à l’assistant du directeur de l’école de danse d’Essen qu’il m’envoie une bande en son numérique de la musique de la chorégraphie. Nous mixâmes ainsi la captation et la recréation.

Il avait fallu longtemps pour arriver à ce résultat. Le travail terminé, je pris rendez-vous avec Carolyn pour le lui montrer.

À Paris, chez elle, je passai sur son magnétoscope, l’une après l’autre, les deux versions de sa chorégraphie. Elle fut heureuse du premier travail et je craignis qu’elle n’aime pas l’autre version, plus originale, que j’avais faite.

Ce fut tout le contraire qui se produisit: elle ne jura que par cette création vidéo. Elle voulut même l’intégrer à sa chorégraphie, car elle comptait la reprendre à Paris, au Théâtre de la Ville, avant de partir pour la Finlande. C’est elle qui me donna l’idée de la faire transférer en film, pour pouvoir la projeter sur grand écran lors de la représentation. Elle trouvait particulièrement extraordinaire ce que j’avais fait de deux des tableaux: celui où des danseurs pareils à des flammes ou à des anges, circulent en courant sur la scène, en laissant derrière eux de longues traînées d’étoiles scintillantes et celui où un homme passe de pouf en pouf, avec des étoiles qui sortent de son corps.

Ces deux séquences retravaillées avec des effets spéciaux, (des échos électroniques), donnaient une parfaite sensation de songe et d’irréalité à ces scènes: exactement ce qu’elle avait essayé de faire sur scène, mais heureusement traduit pour la vidéo et le petit écran. Les personnages étaient devenus des torches humaines. Carolyn me dit que c’était ainsi qu’elle aimait les films sur la danse. Elle préférait ce que j’avais fait de Going home à la captation pure et simple de sa chorégraphie: il y avait du nouveau.

C’est alors que je lui demandai la permission d’utiliser une partie de ce travail pour La momie à mi-mots, si je parvenais à trouver les moyens financiers pour faire établir un transfert cinéma.

C’est par l’intermédiaire d’une société spécialiste en kinéscopage, Kinécolor, que je pus faire transférer ce qui allait devenir les visions de l’au-delà de Carolyn momifiée dans La momie à mi-mots. Je profitais aussi de l’occasion pour kinescoper les deux petits clips que j’avais tournés à l’Opéra de Lille, afin de les inclure eux aussi dans le film, comme une vision délirante de Carolyn agonisante.

C’est ainsi que deux des six tableaux furent inclus, in extenso, dans le montage de La momie à mi-mots.

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Révision : 11 avril 2003