" La momie à mi-mots": Un essai cinématographique.
Genèse d’un film.
IV. 1. k. Les tournages de l’envol des cerfs-volants à Bagatelle - mars 1992
Au cours du tournage de la Renommée montée sur Pégase, nous avions essayé de faire s’envoler les cerfs-volants, mais sans grand succès, car ce jour-là le Champ de Mars était privé de vent.
Pierre Fabre, le concepteur des cerfs-volants, devait rentrer de Thaïlande, où il était parti faire un "combat de cerfs-volants". J’attendais son retour avec impatience, car il m’avait proposé de faire voler lui-même ces deux "monstres" à Bagatelle, où il connaissait une esplanade, lieu de prédilection des cerfs-volistes, qui s’y réunissent d’habitude.
À son retour, munis de la caméra Bolex d’Udnie et des cerfs-volants démontés et attachés au toit de la Fiat 500, nous partîmes, après avoir vérifié que la météo était favorable, tenter de les faire voler.
Nous devions être au moins trois par cerfs-volants, sans compter le caméraman. Notre première tentative s’avéra infructueuse en raison de l’insuffisance du vent. L’un des cerfs-volants se souleva néanmoins et s’écrasa dans l’herbe. Il finit ainsi son bref envol, cassé.
La semaine suivante, il était réparé. J’avais remplacé ses longues baguettes brisées. Nous pûmes donc nous réunir dans le champ situé devant la jolie demeure de Bagatelle, Parva sed apta.
Le vol eut lieu cette fois, et nous en fûmes tous très heureux et rassurés.
Les deux cerfs-volants partirent dans le ciel. Je les filmai.
Mais soudain l’un d’eux quitta sa trajectoire de décollage: je le suivais dans le viseur de la caméra lorsqu’il s’écrasa au sommet d’un arbre. Nous nous rendîmes en courant vers le lieu de la chute.
Les petites filles qui jouaient déjà dans la séquence du Champ de Mars, m’avaient précédé.
Elles essayaient de dégager le cerf-volant, dont tous les fils pendaient comme des cheveux d’ange entre les branches de l’arbre dénudées.
Olivier Michelet y monta, pour dégager, un à un, tous les fils, et nous pûmes récupérer le cerf-volant intact.
J’avais filmé la scène en entier, toujours à l’écoute de l’imprévu: peut-être trouverais-je le moyen d’inclure cette séquence surprise dans le montage du film?
Nous fîmes redécoller le cerf-volant rebelle et il rejoignit son frère dans le ciel. C’était magnifique de les voir se déployer si haut, au-dessus de nos têtes, qui volaient, volaient.
Pierre Fabre était content car c’était la première fois qu’il vérifiait, de visu, qu’il ne s’était pas trompé dans la construction des cerfs-volants, qu’il avait conçus sur un modèle japonais.
Ils fonctionnaient à merveille. Jean Rouch était venu assister à l’envol et semblait enchanté de les voir tournoyer et se rejoindre, au gré du vent.
J’espérais que cette scène était une métaphore prometteuse de l’envol de mon film.