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"La momie à mi-mots": Un essai cinématographique. 

Genèse d’un film.

 

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II. 1. b. Le Groupe de Recherches et d’Essais Cinématographiques

Le G. R. E. C. m’a remis dès le 10 février une lettre qui m’a fait "le seul responsable artistique, technique, administratif et financier" du projet.

Le choix des interprètes de La momie à mi-mots ne dépendait donc que de moi-même. J’étais, bien sûr, extrêmement limité par mon budget: je ne pouvais payer aucun des participants si je n’obtenais pas d’autres concours financiers. Je risquais donc de devoir leur demander une participation bénévole.

Je remis aux membres du G. R. E. C. un devis dont le total n’excédait pas trente-cinq mille francs (montant maximum accordé alors par cet organisme): beaucoup des sommes afférentes aux diverses parties du devis avaient été calculées sur la base des tarifs préférentiels accordés au G. R. E. C. par certains organismes (comme les laboratoires).

Je prévoyais et estimais dans ce devis:

- les frais relatifs au tournage (la location de la caméra de prises de vues et de ses objectifs, l’achat de 6 boîtes de pellicule);

- les frais de laboratoire (le développement, le tirage de la copie de travail, le tirage de la copie 0 étalonnée, le montage du négatif, les prestations de service, les boîtes son/image);

- les frais de montage (la location de la salle de montage, l’amorce blanche voilée, un budget scotch);

- les frais relatifs au son (la pellicule perforée pour le repiquage et le mixage, la pellicule son pour l’enregistrement du son synchrone, l’amorce bleue, les frais de sonorisation: une heure et demie de repiquage, deux heures de mixage, les frais d’enregistrement de la musique, les indemnités de l’ingénieur du son et son matériel);

- les frais d’inscription au registre public de la cinématographie;

- les frais de l’assurance responsabilité civile;

- les frais de banc-titre;

- les indemnités de déplacement (de dix personnes pendant dix jours);

- les locations de décor, de costumes et le maquillage (la location de deux manèges, la location de poneys, l’achat de ballons, la location de bateaux);

- les frais de régie (quelques repas de l’équipe).

 

Il va de soi que pour 35 000 francs, cela pouvait paraître ambitieux et démesuré!

 

Après avoir vérifié, au mois d’avril, avec Tamara Dalmat certaines estimations de ce devis et après les avoir corrigées, je pus disposer de cette somme.

 

Je suis allé demander conseil et faire lire à Monsieur Torök (qui dirigeait à ce moment-là mon D. E. A. ) cette première version de La momie à mi-mots, pour le remercier de m’avoir appris les règles scénaristiques pendant mon année de maîtrise, et pour recueillir ses conseils.

Cette récente subvention confirmait mon savoir-faire. Monsieur Torök m’a dit, qu’à son avis, pour réaliser ce scénario il fallait un million de francs au minimum. Je lui assurai naïvement que j’allais essayer de le réaliser avec la somme que j’avais obtenue du G. R. E. C. (je dirai plus tard à quel point Monsieur Torök avait raison!).

François Barat, alors délégué général du G. R. E. C. , espérait comme moi que je pourrais réaliser le film dans de meilleures conditions financières si j’obtenais le concours d’autres organismes.

Sur le conseil de François Barat, je présentai à Arcanal, au concours Danse sur Image, un nouveau dossier avec un nouveau devis. Il était d’un montant de 310 200 francs: c’était le devis d’un tournage en vidéo "béta SP", qui tenait compte des indemnités repas de toute une équipe, de la location du décor principal, des costumes à créer, des salaires des danseurs pour le rôle principal et pour les rôles secondaires, des salaires du chef opérateur, de la chorégraphe, du metteur en scène et de l’assistant, et des indemnités du compositeur de la musique.

Je dois rendre ici hommage au G. R. E. C., sans qui rien n’aurait été possible. Cette petite subvention accordée par cet organisme a eu un effet moteur. Elle m’a considérablement encouragé à continuer à réaliser La momie à mi-mots. Aussi, vis-à-vis des membres de l’association Udnie, cette subvention attestait-elle du bon choix qu’ils avaient fait en plaçant leur confiance en moi dès que j’avais eu l’idée de ce film.

Je ne savais pas encore alors que j’allais, grâce à cette petite subvention et aux tarifs préférentiels que certains organismes accordent au G. R. E. C. , pouvoir commencer un véritable travail de "recherches et d’essais cinématographiques" à partir du scénario de La momie à mi-mots. Grâce à l’encouragement financier de cet organisme, je pouvais ainsi véritablement envisager la réalisation de mon film. Je tiens donc à renouveler ici mes remerciements au G. R. E. C. car c’est grâce à cette petite subvention et à ce travail préliminaire que je pus enfin commencer, sans le savoir encore, ce qui allait devenir ma thèse de doctorat 33. Je devais petit à petit comprendre que cet essai cinématographique était l’élément principal d’une recherche qui allait devenir ma thèse de doctorat. C’est ainsi que, conseillé par Jean Rouch et appuyé par mon professeur Claude Beylie, j’abandonnais le premier sujet de thèse que j’avais déposé (la Biographie filmée: un exemple concret: Flora Tristan) au profit d’un travail plus complet, alliant l’expérience de réalisation et la réflexion théorique engendrée par celle-ci, autour de La momie à mi-mots.

Fort de cette récente subvention et sachant que son montant n’était pas très élevé, j’ai pris le parti d’associer toutes les personnes que je jugerais utiles à mon film et qui voudraient bien y participer. C’est ainsi que pour chacune des personnes avec qui je dus me mettre en rapport, j’allais mettre au point la stratégie suivante:

- d’abord je me présentais en insistant sur ma jeunesse et mon statut d’étudiant en cinéma,

- j’évoquais la chance que j’avais d’avoir obtenu une petite subvention pour réaliser un court-métrage qui m’enthousiasmait.

- je présentais brièvement le sujet de mon film en insistant sur son message, de façon à partager cette merveilleuse histoire avec ces personnes et à les mettre, pour ainsi dire, dans le secret.

- je leur expliquais pourquoi j’avais besoin de leur aide (aide en autorisations, aide en nature, aide personnelle etc)

- enfin je leur parlais du triste état de mes finances pour réaliser le film et leur faisais comprendre que sans un geste de leur part ce film, dont le sujet les avait enchanté, ne verrait pas le jour (sans leur forcer la main pour autant! Chacun devait rester libre de participer ou non.)

C’est de cette façon que j’ai procédé pendant toute l’année de préparation au film. J’ai cherché, le plus souvent, à faire en sorte que mon interlocuteur (que je rencontrais ou à qui je parlais au téléphone) s’identifie à mon personnage principal (la future momie). C’est ainsi que je déployais mes talents de conteur pour que mon interlocuteur soit heureux au moment du dénouement du film. J’espérais que le message d’espoir, la résurrection et l’apparition des centaines d’enfants que Carolyn conduisait vers un monde meilleur, provoquent l’adhésion.

- enfin j’essayais de faire valoir les avantages que ces personnes trouveraient à voir leur organisme participer au film.

- qui plus est, je tenais à la disposition des entreprises que je voulais convaincre toutes les vidéos que j’avais réalisées pendant les années précédentes, pour montrer mon savoir-faire de jeune réalisateur.

Bien sûr, quand j’eus l’assurance de la participation de Carolyn Carlson, les choses furent un peu plus faciles!

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33 voir, plus loin, la subvention accordée par le Centre Régional des Oeuvres Universitaires et Sociales (C. R. O. U. S. ), puis celle du Centre National des Oeuvres Universitaires et Sociales (C. N. O. U. S. ).

 

 



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Révision : 11 avril 2003